Appui à Simon-Pierre Savard-Tremblay ("À la mémoire d'un homme libre", 11 janv.)

Hommage à nos héros romantiques

Notre territoire-patrie, quoi qu'il advienne, peuplez-le de Québécois!

Tribune libre

Appui à Simon-Pierre Savard-Tremblay (["À la mémoire d'un homme libre"->25029], 11 janv.)
Référons-nous à la notion de romantisme, selon Wikipédia : une volonté d'explorer toutes les possibilités de l'art afin d'exprimer les extases et les tourments du cœur et de l'âme : il est ainsi une réaction du sentiment contre la raison, exaltant le mystère et le fantastique et cherchant l'évasion et le ravissement dans le rêve, le morbide et le sublime, l'exotisme et le passé.
L’appliquer à Falardeau? Il comble nos carences en histoire par ses films. Il éveille notre conscience de colonisés. Il fait tout ce qu’il peut comme artiste pour toucher nos sens. Sur les Plaines d’Abraham, il a appelé jusqu’à son propre martyre… mais l’ennemi a reculé. Je l’ai personnellement entendu dire ailleurs: «Les polices pourront me frapper, je suis vieux, ça leur prendra pas bein bein des coups pour me tuer. » Y aurait-il eu mort plus romantique pour un résistant québécois que de finir sous les matraques fédérastes des Plaines d’Abraham? Mais il n’aura pas suffi de proférer des menaces de tirer des roches, de la marde… On ne l’y a pas immolé. Alors il a caché le tourment de son âme sous une autre bravade : « Nous avons fait reculer l’ennemi! » C’était une réaction romantique du sentiment contre la raison. Car en fait, plus que la multiplication des résistants, c’est le clonage à l’infini des assimilateurs qu’il faut affronter, lorsqu’il y en a un d’humilié!
Falardeau, c’est la passion du Chevalier de Lorimier. Les Patriotes aux nerfs émoussés en 1837 ont refusé d’écouter leur chef politique Louis-Joseph Papineau, plus mené, lui, par la raison. De son exil aux États-Unis, ce dernier confia à l’ambassadeur de France, M. Pontois, en parlant des rebelles : « C’est une population réduite au désespoir, qui se précipite aveuglément au-devant du danger, sans concert, sans organisation, sans secours étranger, et qui se dévoue à la mort. » Novembre 1838, « Signé Papineau, la correspondance d’un exilé. » Y. Lamonde, p.180
Si l’expérience passée peut nous servir, nous devrions peut-être rendre hommage avec reconnaissance à nos héros romantiques, Falardeau tout comme Bourgault, Honoré Mercier, Henri Bourassa, les Patriotes ou Dollard, mais sans nécessairement les prendre comme modèles rationnels pour l’ultime lutte que nous livrons maintenant.
Les stratèges qu’il nous faut actuellement pour que notre minorité française d’Amérique déjoue les ruses assimilationnistes que nous assène l’ennemi multiculturel actuellement devront vaincre leurs émotions pour planifier une Résistance sur tous les fronts. Pendant que nous faisions reculer le plan pour « Fêter » la défaite des Plaines; pendant que nous forcions le Prince Charles à enjamber les poubelles pour aller décorer ses Black Watch; pendant que se faisait le travail de terrain, l’aile parlementaire parlait de « gouvernance souverainiste à la sauce provinciale » au lieu d’instruire la population sur les avantages de la liberté d’un peuple. Pendant que nous montions sur le 24 Sussex avec nos caisses de drapeaux rouges en guise d’avertissement, Québec et Ottawa s’entendaient pour alimenter les mass-media de désinformation sur le recul du français partout au Québec. De façon plus insidieuse, les élus nous laissent endormir par la chanson aliénée sur la place publique. Même si on se dit, chacun dans sa manif sérieuse, qu’on ne nous canadianisera jamais, si nous ne contrôlons pas rigoureusement tous les fronts, le rouleau compresseur nous écrasera pendant que nous crions : Je suis Québécoisssss….
Dans la foulée romantique de notre héros, vous écrivez : « Pierre Falardeau n’a pas pu voir son Québec qu’il aimait tant devenir un pays libre et indépendant. »
Considérant, la croissante vague de nouveaux arrivants assermentés à la reine, il ne suffira pas de « milliers » de jeunes déterminés à résisterIl faudra un cerveau bien rationnel pour imaginer comment nous pourrons développer en nous la force de caractère, de cohésion nationale de Suédois, de Danois, de Hollandais, de Suisses, d’Argentins... pour apprendre à vivre fièrement sur notre territoire métissé sans se laisser imposer des mœurs qui ne nous conviennent pas. Nous serons très nombreux à ne pas le voir tel qu’idéalisé, romantiquement, ce Québec de nos ancêtres. Quoi qu’il advienne de notre territoire-patrie, nous comptons sur votre génération bien sûr, pour qu’il soit peuplé de Québécois !

Squared

Ouhgo (Hugues) St-Pierre196 articles

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Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latinos nouveaux arrivés. Exploration physique de la francophonie en Amérique : Fransaskois, Acadiens, Franco-Américains de N.-Angl., Cajuns Louisiane à BatonRouge. Échanges professoraux avec la France. Plusieurs décennies de vie de réflexion sur la lutte des peuples opprimés.





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5 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    17 janvier 2010

    @ Ougho:
    «De votre côté, Jean-François, dans cette phrase « Falardeau ; une vie au service de la cause indépendantiste, et une existence vouée à combattre notre situation de colonisés », sans le dire, vous vous attardez aussi au côté romantique de Falardeau, l’artiste qui touche nos sens. Mais vous l’exprimez surtout par la colère vis-à-vis de ce clown stipendié par Radiocadenas. Vous ajoutez à mon humble participation.»
    Mais oui, Falardeau, c'était d'abord un artiste. Pas un politicien. Et nous avons besoin d'hommes comme lui, qui peuvent s'adresser aux sentiments et aux instincts des gens; pas juste d'hommes qui veulent intellectualiser ou «économie-iser» la question de la souveraineté, comme André Boisclair et son nationalisme citoyen, qui évoquait comme plus grand argument pour l'indépendance... le déséquilibre fiscal.
    C'est un très bon argument , bien sûr, mais Falardeau, à ce sujet, disait plutôt: «À Ottawa, en face, ils nous volent, câlisse!»... Vous comprennez?
    Falardeau faisait appel aussi à la dignité de ses frères québécois... Sacré contraste avec cet être méprisable qu'est John James Charest!
    Mais trop de Québécois, ont très mal compris Falardeau, et n'ont retenu de lui, que l'image du gars qui sacrait quant il était en entrevue... Et notre Infoman, avec son sketch, en a rajouté, mêlant davantage les cartes. Et contribuant, peu après sa mort, à perpétuer une image caricaturale de Falardeau.
    On pourrait parler d'un certain manque de respect à l'égard du défunt. Et d'une volonté d'occulter le sens véritable de son oeuvre.
    Quant à Jean-René Dufort lui-même... Que dire? Le gars, qui se promène avec des chaussures différentes à chaque pied, devrait s'en prendre, sous le couvert de l'humour, à ces gens qui oppriment notre nation, comme Charest, Dupuis, etc. Pas à des gens épris de libreté qui tentent de «réveiller» leurs concitoyens. Mais il est vrai que notre Infoman national, travaille pour Radio-Cadenas, comme vous dites; il doit savoir quoi faire et quoi dire, pour garder son emploi, je présume.
    D'une certaine, façon, Jean-René Dufort n'est pas si différent de bien des gens qui font des choses qui peut-être, leur déplaisent, pour garder leur job; sauf que dans son cas, le résultat est qu'il est un complice de l'ordre néocolonial canadien établi.

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    16 janvier 2010

    Ouhgo, j'ai beaucoup aimé votre très beau texte sur Pierre Falardeau et les héros romantiques.
    Merci aussi de nous rappeler la phrase de Simon-Pierre Savard Tremblay " Personne ne devrait avoir à accepter une identité qui n'est pas la sienne.."
    Vous êtes nombreux aujourd'hui, à manifester la belle et enthousiasmante vigueur de vos ancêtres, ces premiers Français de la Nouvelle France, dont vous êtes les dignes descendants.. c'est réellement encourageant, votre grand Pierre Falardeau n'est plus, mais vous êtes tous là pour continuer ..

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    15 janvier 2010

    Bonjour Jean-François,
    Votre appréciation de mon texte me réconforte. Parce que je ne suis pas certain de me faire rassembleur entre l’auteur Simon-Pierre, M. Pomerleau et vous. L’auteur, qui n’a pas réagi, insiste sur une phrase : « Il m’a fait comprendre quelque chose de fondamental : personne ne pourra jamais m’imposer une identité qui n’est pas la mienne. » Et ceci : « On voit maintenant les journalistes et les petits politiciens fédéralistes tenter de réduire sa vie à une simple contribution à la culture québécoise afin de désamorcer la puissance rassembleuse de son message. » Enfin : « D’en haut, il nous soutiendra tout autant que lorsqu’il était des nôtres. » Voilà des passages qui m’ont suggéré ce titre de Héros romantiques. Cette vision ne doit pas paraître réductrice de l’homme puisqu’elle pointe, à mon sens, la réalité artistique du cinéaste. On ne prétendra pas que Falardeau ait eu une personnalité de leader politique même si son influence a pu être complémentaire aux programmes indépendantistes. C’est le point de vue que j’ai voulu faire ressortir.
    M. Pomerleau évite tout cet aspect majeur de mon billet. Il s’attarde surtout à prédire l’accélération, en cette année nouvelle, des actions des mouvements, plutôt que des partis politiques. Il réagit sans doute ici à mon allusion aux Actions très marquantes que nous avons vécues aux côtés du RRQ, des JPQ, du MI et autres, par réaction à l’inaction du parti officiellement porteur du projet de pays. Son optimisme fort louable envers l’efficacité de l’action militante vient relever la vision trop réaliste que je donnais au métissage incontrôlé de notre population. Je concluais même en une évolution presque inévitable d’une dispersion de notre nation, qui pouvait même entraîner la minorisation accélérée de notre langue. J’en appelais pourtant à l’avènement d’un cerveau assez influent pour cimenter notre cohésion nationale, à la manière des autres petits pays qui conservent leur identité à travers les grandes puissances qui tentent de les « mondialiser ». En sous–entendu, si nous parvenions à retrouver la vigueur des explorateurs de Nouvelle-France, notre entité nationale pourrait se développer même dans l’hypothèse où notre projet traînerait indéfiniment, comme maintenant.
    De votre côté, Jean-François, dans cette phrase « Falardeau ; une vie au service de la cause indépendantiste, et une existence vouée à combattre notre situation de colonisés », sans le dire, vous vous attardez aussi au côté romantique de Falardeau, l’artiste qui touche nos sens. Mais vous l’exprimez surtout par la colère vis-à-vis de ce clown stipendié par Radiocadenas. Vous ajoutez à mon humble participation.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    14 janvier 2010

    @ Ouhgo:
    Merci pour ce texte sur Falardeau. Ça fait du bien, car je dois admettre que j'avais encore sur le coeur, la façon dont Jean-René Dufort a abordé la question du décès de Pierre Falardeau, dans sa revue de l'année Infoman...
    Il s'est borné à nous offrir un montage de moments où Falardeau lançait des attaques, mais pas nécessairement sur des sujets très importants. Pas un mot sur la cause indépendantiste.
    Il a terminé la chose, avec un sketch, même pas drôle, où on le voyait (Dufort) changer l'affiche de la rue Dorchester, à Montréal, pour une autre, disant, «rue Pierre Falardeau»...
    Le mot de la fin? «Voilà qui aurait fait plaisir à notre éternel chialeux!»
    Je dirais que Jean-René Dufort a manqué une sacrée bonne occasion de ne pas commenter une chose, d'une ampleur telle qu'elle le dépasse totalement.
    Falardeau; une vie au service de la cause indépendantiste, et une existence vouée à combattre notre situation de colonisés... Pour Jean-René Dufort, et ceux qui retiendront son message, tout simpement rien de plus qu'un «éternel chialeux» (sic)...
    Encore faut-il savoir et comprendre, au sujet de quoi il chialait (sic)!

  • Archives de Vigile Répondre

    13 janvier 2010

    Il y a 3 rapports de forces à assumer: Politique, économique et médiatique.
    Le PQ n'en assume aucun. La politique n'est pas réductible aux partis politiques, elle est d'abord un mouvement. C'est là qu'il faut s'investir car le PQ est un éteignoir pour la dynamique souverainiste. C'est ce que font certains groupes qui doivent grandir en nombre en 2010. Ce qui arrivera.
    http://www.vigile.net/Moulin-a-paroles-Et-l-etoile-du
    jcpomerleau