À partir de quel "taux", le "vote" devient-il "populaire" ?

Haïti et le vote populaire

taux de participation 22% et les candidats au 2ieme tour, 6% et 4%

Haïti - l'indécente dictature


Aujourd’hui, le président, René Préval et celui du Conseil électoral provisoire doivent communiquer les résultats officiels du premier tour. Si ces résultats sont contestés par l’un ou l’autre des candidats, il y aura alors des procédures judiciaires qui permettront de trancher les litiges en cause. Donc, nous n’en sommes pas encore au second tour et ce n’est pas demain la veille que le peuple Haïtien aura un nouveau Président.
Cette élection, réalisée dans des conditions la rendant à toute fin pratique impossible, ne pouvait être vraiment démocratie. Comment faire participer un « peuple » qui vient d’être victime d’un tremblement de terre et dont les victimes dépassent les 100 000 morts et les déplacés, plus d’un million? Comble du malheur, il a été vite rejoint par une épidémie de choléra dont les victimes se calculent actuellement à plus de 3 000 morts et à plus de 60 000 atteints par la maladie. Comment dans ces conditions rendre possible l’exercice d’une véritable démocratie dont le peuple est la substance même ? Peu importe, pour certains États, dont les États-Unis, il fallait à tout prix et au plus vite faire ces élections, que le peuple y soit ou pas.
Un premier tour de scrutin s’est réalisé en novembre dernier et ce que nous en dit un rapport indépendant, réalisé par le Center for Economic and Policy Research (CEPR), est à l’effet que le taux de participation de l’ensemble de l’électorat n’a été que de 22.9 % et que les deux candidats retenus pour le second tour ont reçu respectivement 6% et 4% des votes de l’ensemble de l’électorat haïtien.
« En se basant sur le nombre d’irrégularités, il est impossible de déterminer qui devrait accéder au second tour. S’il y a un second tour, il sera basé sur des suppositions et/ou des exclusions arbitraires. Le rapport note que les plus grands problèmes dans le processus électoral ont eu lieu avant le jour du suffrage : l’interdiction de scrutin d’une douzaine de partis (dont le parti le plus populaire), et la « tache gargantuesque » de tenter d’enregistrer des centaines de milliers de personnes déplacées à l’intérieur du pays, une tache qui fut clairement un échec retentissant. »
Les auteurs du rapportse demandent comment l’OEA et le CEP ont pu valider une telle élection à laquelle moins de 25% des Haïtiens ont participé et, qui plus est, à laquelle 12 partis politiques, dont le plus important et le plus populaire (Fanmi Lavalas), aient été écartés.
« { Le nombre de votes n’ayant pas été comptés où ayant été mal comptés lors de ces élections est énorme – beaucoup plus important que ce qui a été rapporté par l’Organisation des Etats Américains (OEA) ou par le Conseil Electoral Provisoire (CEP) », déclarait Mark Weisbrot, directeur adjoint du CEPR et co-auteur du rapport, « Je ne vois pas comment n’importe quel observateur professionnel pourrait légitimement valider les résultats de cette élection. »
Voilà bien brièvement le portrait d’une démocratie qui s’exprime avec moins de 25% de l’électorat ou dit autrement avec l’absence de plus de 75% de l’électorat. Nous sommes loin de la démocratie telle qu’exprimée lors des dernières élections présidentielles en Bolivie. Le taux de participation avait été de plus de 90% et le président, Evo Morales, gagna avec 64.22 % des votes. Comme démocratie, c’est évidemment plus convaincant. On n’en continue pas moins de parler de ce vote comme étant le « vote populaire », tout comme on parle de « communauté internationale » lorsque deux ou trois pays prennent la parole. Jusqu’où peut-on aller dans les taux de participation pour que nous puissions parler de vote populaire et de véritable « démocratie »?
Oscar Fortin
Québec, le 18 janvier 2011

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Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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