Alain a passé sa vie à Vitry-sur-Seine. Ce vieux bastion communiste situé au sud de Paris abrite aujourd’hui essentiellement une population issue de l’immigration. Dans ces grandes tours qui évoquent le Berlin Est de l’époque du mur, on trouve toutes les nationalités, mais surtout des Maghrébins et des Subsahariens. À Vitry-sur-Seine, 30 % de la population est née à l’étranger. Mais ce chiffre est trompeur. Si l’on considère les enfants et les petits enfants, 80 % de la population est issue de l’immigration.
En 40 ans, ce vieux militant communiste a vu la population de sa ville se transformer radicalement. Peu fortuné, il vit sur une petite pension qui rétrécit chaque année. Pourtant, dit-il, « un jour je ne me suis plus senti chez moi à Vitry. J’ai senti qu’on ne voulait plus de moi. J’ai préféré m’en aller ».
Le parcours d’Alain est caractéristique de l’itinéraire de cette ancienne population ouvrière depuis longtemps précarisée qui se voit de plus en plus repoussée hors de ses anciens quartiers et remplacée par une population d’origine immigrée. Comme de nombreuses localités entourant les grandes villes de France, Vitry-sur-Seine est passé du statut de « banlieue rouge » à celui de ghetto ethnique. En 2013, on y a d’ailleurs démantelé une filière djihadiste.
À l’heure où certains proposent au Québec de créer des « quartiers musulmans », il vaut la peine de comprendre comment la France se retrouve aujourd’hui avec de véritables ghettos ethniques. On imagine souvent que ces ghettos sont le résultat de politiques racistes qui refoulent les immigrés, créant ainsi ce que le premier ministre Manuel Valls avait maladroitement qualifié d’« apartheid ». Cette vision manichéenne n’a pas grand-chose à voir avec la réalité, car le phénomène est plus complexe.
La France s’enorgueillit à juste titre d’avoir des politiques du logement et de la famille qui font l’envie de la gauche nord-américaine. Dans le contexte d’une immigration massive, souvent illégale, pauvre et venue essentiellement d’Afrique, on comprend que les HLM ont rapidement été envahis par cette population défavorisée qui s’est spontanément regroupée par appartenance ethnique. Non pas tant parce qu’elle était rejetée, mais au contraire parce qu’elle a été aidée. Il faut avoir visité les banlieues françaises pour y constater la qualité étonnante des équipements publics comme les écoles, les bibliothèques ou les salles de spectacles. Sans compter ces tours que l’on détruit pour les remplacer par des quartiers à échelle humaine. Rien à voir avec les quartiers bombardés de Los Angeles et de Detroit !
Ce sont ces politiques d’aide aux plus démunis, doublées du refus à gauche comme à droite de s’interroger sur les seuils d’immigration permettant une véritable intégration, qui ont créé ce qu’il faut bien définir aujourd’hui comme des ghettos ethniques. Depuis 30 ans, la France a d’ailleurs multiplié les crédits destinés à l’aménagement urbain. Elle a multiplié les aides aux zones dites prioritaires dans le domaine de l’éducation, de l’urbanisme et de l’emploi. Mais rien n’y fait. On peut même constater que depuis un certain nombre d’années, ces aides créent le contraire exactement de ce qu’elles veulent favoriser.
À partir de quand la naïveté devient-elle criminelle ? Ces politiques sont aujourd’hui à l’origine d’un véritable clientélisme. Nombre de maires courtisent les associations ethniques et religieuses pour se faire élire. On finance en sous-main la construction de mosquées. Ce faisant, on sous-traite à des « communautés » des fonctions qui devraient revenir à l’État. Histoire d’acheter la paix.
Ce sont certains de ces quartiers qui sont aujourd’hui contrôlés par un curieux mélange de petite criminalité et d’islamisme identitaire. Les deux allant souvent de pair. Des quartiers comme la cité de la Grande-Borne dans l’Essonne où, le mois dernier, deux policiers attaqués par de petits délinquants sont passés à deux doigts d’être brûlés vifs dans leur voiture. Des quartiers où l’on caillasse les pompiers et les infirmiers venus secourir des habitants.
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