Gestion de l’offre et chantage américain

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Trudeau va-t-il lâcher le Québec pour protéger l'industrie automobile ontarienne ?

Philippe Couillard a décidé de reprendre à son compte la formule politique que Pierre-Elliott Trudeau avait lancé juste avant d’envoyer l’armée canadienne au Québec, «Just watch me». La violence du propos laisse supposer que les intérêts du Québec sont sur la table des négociations de libre-échange avec les États-Unis.  Et que Justin Trudeau songe à brader les intérêts du Québec. La gestion de l’offre serait en péril.


Justin Trudeau a déclaré mercredi qu’il valait mieux ne pas avoir d’entente avec les États-Unis plutôt que de signer une mauvaise entente. On veut le croire. Mais jusqu’à présent, Justin Trudeau ne brille ni par sa fermeté, ni par sa finesse de négociation.


Ne pas céder au chantage


Si le Canada cède une seule fois au chantage des États-Unis sur le libre-échange, rien ne garantit en effet que Washington ne recommencera pas le même manège dans quelques années, surtout si l’économie américaine périclite.


Après 25 ans de libre-échange, les nouveaux équilibres commerciaux entre le Canada et les États-Unis commencent vraiment à s’établir. Les demandes des États-Unis mettent en péril ces équilibres.


Pourquoi les États-Unis n’aiment-ils pas la gestion de l’offre ?


Les États-Unis n’aiment pas la gestion de l’offre parce que ce système ferme le marché canadien à certains produits agricoles américains. Mais en contrepartie, le Canada n’exporte à peu près pas ces mêmes produits sur le marché américain. Il n’y a donc pas de menace pour les agriculteurs américains. En raison de leur taille immense, les compagnies agro-alimentaires américaines pourraient  facilement envahir le marché canadien. Et en plus, elles sont abondamment subventionnées.


Pourquoi la gestion de l’offre ?


Ce système de gestion de l’offre comporte plusieurs avantages. Mentionnons-en deux.


D’abord, il permet la survie de petites fermes. Ces petites fermes soutiennent à leur tour toute une industrie locale liée à l’outillage, au bâtiment, aux magasins, aux services bancaires, etc. Cet effet d’entrainement des petites fermes sur l’économie locale est toujours sous-estimé par les adversaires de la gestion de l’offre comme Maxime Bernier ou Youri Chassin. En d’autres termes, la fin de la gestion de l’offre serait une catastrophe pour toutes les petites localités à travers le Canada, en particulier au Québec.


Un autre des avantages de la gestion de l’offre est de maintenir les prix à l’intérieur d’une fourchette donnée et d’éviter que des intermédiaires augmentent les prix à leur profit. C’est ce qui se passe aux États-Unis où les coûts de production sont faibles, mais où les prix des aliments en magasin sont souvent plus élevés qu’au Canada.


Oubliez les bières locales et les fromages d’ici


Sans la gestion de l’offre, l’économie rurale du Québec risque de s’effondrer comme un château de cartes. Fini les fromages d’ici. Oubliez les bières locales. Ne cherchez plus dans les magasins des produits des fermes québécoises.


Les grandes multinationales américaines envahiront encore plus le Québec, en nous imposant encore plus les goûts alimentaires américains : des produits très sucrés, très salés et bourrés de molécules bizarres. Des fruits et légumes bien beaux, mais qui ne goûtent pas grand-chose. Déjà qu’il est difficile de trouver sur la route, au Québec et au Canada, autre chose que des restaurants fast-food. Sans la gestion de l’offre, le Québec perdrait complètement ce qui lui reste de la tradition européenne en alimentation.


Justin Trudeau tiendra-t-il bon ? Philippes Couillard a-t-il un plan ? On voudrait y croire, mais on en doute.