Comme l’ont démontré les épisodes des derniers mois, la vie politique québécoise est parfois aussi surprenante qu’imprévisible. Par contre, en ces temps d’incertitude, il demeure d’autres événements qu’on voit déjà venir comme un train dans un tunnel. Une de ces choses rassurantes contre lesquelles on peut dès lors se blottir par anticipation, comme sur un gros nounours en peluche, c’est le contenu de l’éditorial d’André Pratte que publiera demain La Presse sur le rapport Grenier. Tout comme l’ADQ avait déjà décidé de voter contre le budget Jérôme-Forget avant même d’en connaître le contenu, parions que le très loyal scribe a déjà commencé à rassembler son plaidoyer de défense du gouvernement Charest.
Donc, dès demain – pratiquement toute la semaine –, on lira en page éditoriale de La Presse que :
- 1) Le gouvernement Charest n’a rien à se reprocher car le rapport Grenier ne pointe du doigt aucun élu.
- 2) Rien ne prouve que les quelques subalternes qui ont posé des gestes répréhensibles l’ont fait autrement par leur propre initiative et sans concertation aucune.
- 3) Jean Charest est blanc comme neige car il n’était au courant de rien. Quiconque oserait en douter est soit malveillant, soit partisan.
- 4) Depuis le début de sa longue carrière politique, personne n’a pu remettre en cause l’intégrité de cette véritable incarnation immaculée de la sainte vertu qu’est Jean Charest.
- 5) Même Claude Dauphin, ce grand Canadien, demeure promis au Paradis à la fin de ses jours puisqu’il n’a fait qu’accepter un poste honorifique, de façon chaste et sacrificielle, par pure charité chrétienne et dans le seul but de servir son prochain.
- 6) Aux yeux des séparatistes et dans notre société post-Révolution tranquille où la jadis « priest ridden province» subit maintenant le joug obscur et dominant du discours nationaliste obtu, le groupe Option-Canada sera toujours considéré comme coupable du crime d’avoir fait la promotion du fédéralisme au Québec.
- 7) On n’a pas la certitude absolue que la totalité de 5 millions de dollars ont été dépensés au profit de la campagne du NON.
- 8) Si la loi québécoise sur les consultations populaires avait été violée, les tribunaux auraient été en mesure de sévir. Jusqu’à preuve du contraire, tous les gestes posés l’ont été en toute légalité.
- 9) Rien n’indique que le fait pour le camp du NON d’avoir présumément dépensé deux fois plus que le camp du OUI a eu la moindre incidence sur le comportement électoral des Québécois.
- 10) On devrait bien davantage enquêter sur les malversations du camp du OUI, notamment concernant le nombre de bulletins annulés dans certaines circonscriptions de l’Ouest de Montréal.
- 11) Somme toute, aux mains de l’Opposition, ce rapport n’est rien d’autre qu’un pétard mouillé.
- 12) Les 70% de gens qui ne veulent pas de baisses d’impôt ne sont que des brebis égarées qui s’en repentiront lamentablement si le gouvernement libéral venait à être défait puis remplacé par une ADQ faite de béotiens ou un PQ peuplé d’impies.
- 13) Mëme minoritaire, le Parti libéral du Québec demeure le plus apte à protéger la population contre elle-même. Une invasion de sauterelles et une pandémie de peste bubonique s’abattraient invariablement sur « la Belle Province » advenant la chute du gouvernement.
Si malgré son fort tirage et la publication d’un sondage aux questions complaisantes qui ne saurait tarder, La Presse ne parvenait pas à influencer suffisamment l’opinion publique pour préserver le sort du PLQ ce fameux premier juin, ce fier patriote qu’est André Pratte nous guidera alors durant tout le mois et jusqu’au 9 juillet en nous répétant que :
- 1) Pauline Marois a déjà admis avoir fumé une fois de la marijuana à 17 ans. C’est une erreur de jugement.
- 2) Où sont donc passés tous ses bijoux ? Les a-t-elle vendus ? Pour payer des dettes ? C’est louche. Et c’est un journaliste qui vous le dit.
- 3) Même si, de concert avec le SCRS, nos recherchistes n’ont encore rien trouvé de mieux, Pauline Marois nous cache sûrement quelque chose. Il n’y a pas de fumée sans feu, qui a bu boira et qui vole un œuf vole un bœuf.
- 4) Elle a certainement un agenda caché. Par exemple, le fait qu’elle ne promette pas un référendum si le PQ est élu ne signifie pas qu’elle n’en tiendra pas un. Or, les Québécois n’en veulent pas. La meilleure façon de s’en prémunir est de voter pour les tenants du fédéralisme flexible. Le fait qu’agisse du programme du PLQ n’est qu’une pure coïncidence.
Bref : « Gesca knows best ».
Christian Gagnon
Montréal
« Gesca knows best »
Lisez aujourd’hui l’éditorial de demain signé André Pratte...
Sortie de crise
Christian Gagnon138 articles
CHRISTIAN GAGNON, ing.
_ L’auteur a été président régional du Parti Québécois de Montréal-Centre d’octobre 2002 à décembre 2005
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2 commentaires
Fernand Lachaine Répondre
29 mai 2007Bonjour monsieur Gagnon,
Me permettez-vous d'en rajouter une autre ?
La voici: Les 578,998.00 dollars que Jean Charest envoie chaque année au Conseil de la fédération, c'est-à-dire 0.8 sous par citoyen (information obtenue du Secrétariat du conseil de la fédération) ne devraient pas servir à faire la promotion de la souveraineté advenant que le PQ prenne le pouvoir . Le Canada, bon envers le Québec, ne doit pas être détruit par les séparatistes.
Archives de Vigile Répondre
29 mai 2007Bravo. J'aurais bien aimé l'avoir dit ! Je profite de l'occasion pour regretter la coincidence du texte que j'ai soumis avant de lire le vôtre. Ca m'apprendra... Mais, au fond, il n'est pas toujours inutile de tirer deux fois la chasse d'eau.
Pierre JC Allard
Nouvelle Société