ÉCONOMIE

Genèse de la corruption du Mouvement Desjardins

Rémunération des dirigeants et exclusion des critiques

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Tribune libre

L’on définit la corruption par l’emploi de moyens condamnables pour faire agir quelqu’un contre son devoir, notamment en le soudoyant.


La fondation des Caisses populaires par Alphonse Desjardins avait méticuleusement prévu et cadenassé ces moyens condamnables pour faire agir des personnes contre la mission coopérative de l’institution financière; Alphonse Desjardins savait bien que de tout temps, il était coutume d’acheter le silence et les services des autorités en les payant au-delà leurs responsabilités à assumer.


Ainsi, il avait prioritairement constitué trois paliers décisionnels qui exécuteraient bénévolement leurs tâches administratives : le Conseil d’administration, le Conseil de surveillance et la Commission de crédit.


Durant le long règne de Claude Béland, une première rupture au danger de corruption fut débarrée : l’abolition de la Commission de crédit. Il devenait ainsi moins gênant d’emprunter de l’argent à sa Caisse populaire. De plus, toujours durant la présidence de Maître Béland, l’instauration officielle de la «rémunération incitative» aux employés dans les Caisses vit le jour. Alors qu’une relation de très grande confiance financière s’était depuis la fondation établie entre les sociétaires de leur Caisse et le personnel de celle-ci, voici que des primes à la vente de produits vinrent empoisonner cette relation et organisaient officiellement la compétition entre les salariés de la Caisse. Le souci du bien-être des membres donnait sa place au souci d’une meilleure paye aux employés et d’une croissance artificielle des affaires.


Desjardins flirtait maintenant officiellement avec tous les tentacules d’une insidieuse corruption qui ne ferait que prendre solidement racine au sein même de l’esprit de coopération.


En 2005, sous la tutelle d’Alban D’Amours, la rémunération officielle des dirigeants, bénévoles depuis 1900, fit son entrée par la grande porte législative du gouvernement du Québec. Les dirigeants, devenus jaloux des belles primes au rendement des salariés, réclamèrent leur part du gâteau de plus en plus soutiré en «trop-perçus» sur les épargnes et les prêts aux membres. Sans trop s’en rendre compte, les sociétaires des Caisses Desjardins faisaient les frais et payaient de plus en plus cher leurs produits et services financiers, et la coopérative d’Alphonse devenait de plus en plus une source financière pour quelques privilégiés, avec un retour sur investissement (RSI) aux membres de moins en moins palpable dans leur gousset.


La corruption du système coopératif financier avait lentement et sûrement fait son œuvre malgré les précautions prises par son fondateur. Ses héritiers n’ont pu résister à la tentation…


En 2010, devant l’affront de quelques sociétaires indignés et allumés à cette contamination et ce pourrissement de l’œuvre d’Alphonse Desjardins, la présidente du Mouvement, Monique F. Leroux, instaura dans toutes les Caisses, deux règlements qui autorisaient les Conseils d’administration à exclure de façon radicale et arbitraire les membres qui tiendraient des «paroles offensantes» sur Desjardins et ses dirigeants.


Finalement, le dernier moyen de corruption de la coopération mis en place par le président actuel, Guy Cormier, fut l’abolition en 2018 - 2019 des Conseils de surveillance dans toutes les caisses, là où les membres pouvaient porter plainte.


La dégradation de l’œuvre coopérative de Dorimène et Alphonse Desjardins s’est faite en toute impunité des gouvernements du Québec et de l’Autorité des marchés financiers du Québec (AMF). 


Qui a encore foi en Desjardins? 


Faire rire de soi a ses limites.



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