La troisième et dernière assemblée d'information sur le gaz de schiste tenue par l'Association gazière et pétrolière du Québec s'est déroulée comme les précédentes, dans le chaos total. «Tension extrême», avons-nous titré à propos de ce qui fut la parfaite illustration d'un dialogue de sourds. Ces dernières semaines, celui-ci n'a fait que s'approfondir.
Ce fut certainement une bien mauvaise idée de la part de cette association de tenir ces assemblées en parallèle à la consultation confiée au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement. On pouvait d'avance craindre ce qui s'est passé puisque son président, André Caillé, était déjà la bête noire des environnementalistes. En l'espace de trois assemblées, il est devenu leur tête à claques, au point où mardi soir, il a dû se retirer du débat pour, a-t-on dit, des raisons de sécurité. Il serait souhaitable qu'il se fasse davantage discret pour le bien de tous.
Le lieu pour faire ce débat sur l'exploitation du gaz de schiste est le BAPE. Si pour l'instant, son mandat est à la fois trop restreint et trop court, cet organisme jouit néanmoins d'une crédibilité et d'une longue expérience dans l'organisation de consultations publiques. Partisans et opposants à l'exploitation du gaz de schiste y seront entendus, chacun leur tour, ce qui réduira les risques d'affrontements.
Pour que ce débat soit véritablement productif, il faudrait que le gouvernement Charest accepte que soient mises sur la table toutes les options. Or, son lit est déjà fait. Et deux fois plutôt qu'une. Il a non seulement rejeté les demandes de moratoire sur les opérations d'exploration en cours, mais a aussi décrété que peut importe ce qui serait dit et fait, l'exploitation de ce gaz irait de l'avant.
Ce parti-pris laisse craindre que le cadre réglementaire qui pourra être retenu à cette fin au terme des consultations du BAPE soit minimaliste.
Ces craintes sont-elles fondées? Peut-être pas, mais le peu de confiance dont jouit ce gouvernement fait en sorte que nombre de Québécois croient revivre sous une nouvelle forme le débat du Suroît et celui de la privatisation du mont Orford. Des débats que celui-ci a perdus parce qu'il n'avait pas su lire l'état de l'opinion publique. On peut se demander s'il n'est pas en train une autre fois de provoquer une bataille inutile dont l'enjeu véritable sera sa légitimité que l'on voudra abattre. L'exploitation du gaz de schiste pourrait bien passer à la trappe dans ce contexte.
La seule façon de calmer le jeu, il faut le répéter, est de décréter un moratoire sur les activités d'exploration. S'il y a 462 permis d'exploration qui sont valides pour tout le territoire du Québec (dont 179 dans la plaine du Saint-Laurent), il n'y aurait que 10 forages horizontaux en cours de réalisation, du moins selon ce qu'en dit André Caillé. Donc, seules quelques entreprises pourraient devoir être compensées. Quant au moratoire, il serait par définition d'une durée correspondant au temps nécessaire pour débatte d'un cadre réglementaire pour l'exploitation de ce gaz. Nous ne sommes d'avis qu'il faille interdire cette activité. Seulement, sa nécessité au plan économique ne justifie pas que tout soit permis. Il y a des consensus à dégager qui en assureront l'acceptabilité sociale. Les premiers à avoir intérêt à cela devraient être les entreprises elles-mêmes.
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