La "guerre " de l'eau est commencée (1)

Gaz de schiste

Le droit à l’eau : Un enjeu prioritaire exigeant un moratoire immédiat

Gaz de schiste

Gaz de schiste

La « guerre » de l’eau est commencée (1)

Le droit à l’eau : Un enjeu prioritaire exigeant un moratoire immédiat
La municipalité de St-Hyacinthe a annulé un accord établi en 2009 avec une compagnie gazière qui devait prélever 300,000 mètres cubes d’eau brute du réseau municipal pour le forage et la fracturation hydraulique pour extraire le gaz du schiste. Un mètre cube équivaut à 1000 bouteilles d’eau de un litre donc 300 millions de litres. C’était l’équivalent de 15 jours de consommation de la population de la ville. Elle a aussi décidé de ne pas traiter les eaux usées de cette compagnie. Une décision qui doit être généralisée partout au Québec où c’est possible tant qu’un MORATOIRE n’aura pas été décrété en vertu de la loi sur l’eau pour faire les études d’impact normales contrairement à ce qui se fait avec la commission actuelle du BAPE agissant sans étude d’impact préalable selon son un ex-président du BAPE, André Beauchamp (Le Devoir, 5 octobre 2010)
L’EAU est d’abord un droit non seulement pour l’espèce humaine mais pour l’ensemble des espèces vivantes de la faune et de la flore de la Biosphère, de la Terre Mère. Ce n’est pas un bien marchand, ce n’est pas une ressource comme les autres (minérales, énergétiques, etc.) ce n’est pas une richesse comme les autres et en pratique toutes les richesses produites par les humains dépendent de l’EAU.
L’Assemblée générale de l’ONU a « reconnu » le 28 juillet 2010, dans une résolution adoptée par 122 voix et 41 abstentions, le droit à une eau potable salubre et propre comme un droit fondamental, essentiel au plein exercice du droit à la vie et de tous les droits de l’homme.
Selon le bulletin du département de l’information de l’Assemblée générale 10967

« …En présentant le projet de résolution, le représentant de la Bolivie a rappelé que le manque d’accès à l’eau et à l’assainissement cause la mort de 3 millions de personnes par an et d’un enfant toutes les trois secondes … Le représentant du Canada a déclaré que le droit à l’accès à l’eau et à l’assainissement n’était pas codifié de manière explicite au niveau international et qu’il était par conséquent prématuré de déclarer l’existence de ce droit, alors qu’il n’y a pas encore de consensus sur cette question au niveau international. C’est pourquoi, le Canada s’est abstenu, a-t-il dit ».

Est-ce la vraie raison?!
La politique nationale de l’eau du Québec de 2002
et de 2009 est en retard et non appliquée

Malgré, le lancement le 26 novembre 2002 de la politique nationale de l’eau par le Parti Québécois et l’adoption à l’unanimité par l’Assemblée Nationale du Québec en 2009 de la loi 27 sur l’eau sous le gouvernement Charest, seulement 15% des nappes aquifères, des eaux souterraines du Québec ont été cartographiées selon une information!!! parue dans le Journal les Affaires du 25 octobre où le ministre du Développement D…(?), Pierre Arcand mentionne qu’il a avancé 7.5M$ pour financer 7 projets de cartographie des eaux souterraines afin de porter notre connaissance, au Québec, à près de 52% en 2013. Pendant ce temps-là, les forages sont permis pour les gazières, les pétrolières, les minières dans des régions où la cartographie n’a pas été faite. C’est une raison incontournable pour un MORATOIRE de longue durée.
Connaissance des eaux souterraines ?!
Stéphane Campeau, professeur en géographie physique à l’UQTR, spécialisé en Gestion intégrée de l'eau par bassin versant et suivi biologique des cours d'eau : (Ph.D. en géographie physique à l’Université Laval) explique sur son site web la situation :
«… La réserve globale en eau souterraine du Québec est évaluée à près de 200 milliards de mètres cubes, alors que le renouvellement annuel est estimé à 14 milliards de mètres cubes, soit près de 7% de la réserve totale. Le prélèvement annuel global, effectué en 2000 pour tous les types d'usages de l'eau, se chiffrait à près de 432 millions de mètres cubes, ce qui correspond à 3% du renouvellement annuel. L'eau souterraine sert d'approvisionnement en eau sur près de 90 % du territoire habité et alimente 20 % de la population… Malgré l'importance de cette ressource, les connaissances sur les eaux souterraines du Québec sont fragmentaires, seuls les bassins versants des rivières Châteauguay et Chaudière et les régions de Mirabel et de Portneuf ayant fait l'objet d'études régionales détaillées… C'est pour pallier à cette lacune que le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs a créé le Programme d'acquisition de connaissances sur les eaux souterraines. Les objectifs du Programme sont de dresser des portraits régionaux et de développer des partenariats entre les acteurs de l'eau et les gestionnaires du territoire afin de favoriser une saine gestion de la ressource. Par exemple, l'objectif général du projet est de dresser un portrait de la ressource en eaux souterraines (quantité et qualité) dans le sud-ouest de la Mauricie. Le projet tentera entre autres de répondre aux questions suivantes : D’où vient l'eau souterraine? Où va-t-elle? Est-elle potable et, par conséquent, quels usages pouvons-nous en faire? Quelle est la nature des formations géologiques qui la contiennent? Quelles sont les quantités exploitables? … Ces outils feront la synthèse des connaissances sur les ressources en eau souterraine, notamment sur le potentiel d'exploitation et sur la vulnérabilité à la contamination. »

Pendant qu’on nous annonce et nous explique dans les médias les procédés de forage et d’extraction du gaz de schiste sous les nappes aquifères, le Ministère de l’environnement (MDDEP) et les compagnies n’ont pas le portrait exact, réel de ces mêmes nappes aquifères. Pourtant la loi 27 sur l’eau adoptée à l’unanimité par l’Assemblée Nationale du Québec, incluant la création d’un Bureau de connaissance de l’eau en fait une priorité. De plus, le Conseil Canadien Fédéral Provincial des ministres de l’Environnement en faisait aussi une priorité sans qu’elle ait été mise en pratique et ni l’Office Nationale de l’Énergie ni Environnement Canada n’ont soulevé la question de fond, l’impact sur les ressources en eau. (Le Devoir 15 octobre 2010)
La loi 27 sur l’eau
Normalement, logiquement ce devait être un préalable avant tout projet de forage et d’extraction dans quelque région ou territoire que ce soit. C’est un des raisons, un des motifs exigeant un MORATOIRE IMMÉDIAT.
La loi sur les mines datant de 1879 ne peut avoir préséance sur la loi 27 qui dit à l’article31.76. «Le pouvoir d’autorisation dévolu au ministre par la présente sous-section doit être exercé de manière à assurer la protection des ressources en eau, notamment en favorisant une gestion durable, équitable et efficace de ces ressources ainsi qu’en prenant en compte le principe de précaution et les effets du changement climatique. En outre, toute décision que prend le ministre dans l’exercice de ce pouvoir doit viser à satisfaire en priorité les besoins de la population en matière de santé, de salubrité, de sécurité civile et d’alimentation en eau potable. Elle doit également viser à concilier les besoins :1° des écosystèmes aquatiques, à des fins de protection ; 2° de l’agriculture, de l’aquaculture, de l’industrie, de la production d’énergie et des autres activités humaines, dont celles liées aux loisirs et au tourisme.
«31.85. Lorsque le ministre est d’avis qu’un prélèvement d’eau autorisé en vertu de la présente loi ou de toute autre loi présente un risque sérieux pour la santé publique ou pour les écosystèmes aquatiques en raison d’informations nouvelles ou complémentaires devenues disponibles après cette autorisation, ou par suite d’une réévaluation des informations existantes sur la base de connaissances scientifiques nouvelles ou complémentaires, il peut ordonner la cessation ou la limitation de ce prélèvement, aux conditions qu’il fixe, pour une période d’au plus 30 jours. Toutefois, dans le cas d’un prélèvement d’eau autorisé par le ministre, l’ordonnance peut également viser à en modifier les conditions de façon permanente ou à le faire cesser définitivement.
Forages précipités (?)…et titres boursiers !
Ici, il y a une information absolument pertinente sur la précipitation à accorder des permis de forage (147) et l’avantage financier immédiat que peuvent en tirer les administrateurs et actionnaires de ces compagnies. Déjà, le budget 2009-2010 prévoyait un congé de redevances pendant 5 ans pour les puits entrés en production en 2010!
On apprend dans le journal « Les Affaires » du 18 octobre 2010 que, cet été 2010, l’entreprise Questerre de Calgary a effectué 8 fracturations (employant au moins 10 millions de litres par fracturation selon la moyenne avancée par l’Association Pétrolières et Gazière du Québec) à St-Édouard de Lotbinière dans un puit de forage à St-Édouard de Lotbinière pour en extraire 5.3 millions de pieds cube de gaz par jour pendant 30 jours. Questerre a vite fait d’annoncer sa découverte et son titre boursier a gagné 40% en Bourse.
C’était plus de 3 fois le volume espéré. Deux autres fracturations dans un puit à Gentilly ont permis l’extraction de 0.75 million de pieds cube, ce qui est rentable aussi proportionnellement au nombre de fracturations avec un minium de 2 millions de pieds cube par jour.
Voilà la vraie raison de cet empressement à donner des permis :- sans connaissance d’ensemble de nos eaux souterraines, sans étude d’impact environnemental préalable contrairement au fonctionnement habituel du Bureau d’Audience Publique sur l’Environnement (BAPE), sans véritable débat national sur nos choix énergétiques : permettre à une poignée d’individus et de compagnies de gagner des millions à la Bourse avant même l’exploitation de cette ressource.
À suivre
André Rousseau 16 novembre 2010

Squared

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Membre du Parti Québécois, comté de Mercier

Membre du comité communication et mobilisation du Forum social québécois

Membre de l’Association Québécois de Lutte contre la Pollution
Atmosphérique (AQLPA)

Diplômé en économie appliquée de l’UQAM (certificat)





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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 novembre 2010

    La pétition exige ce moratoire
    Sauvons notre eau
    SIGNONS

  • Archives de Vigile Répondre

    16 novembre 2010

    L'eau est essentielle à la vie et l'humain qui en serait privé, peut importe son lieu de résidence sur la planete devrait être en droit de poursuivre son gouvernement avec le concour des Nations Unies, sous le titre de crime contre l'humanité.
    L'abstention des fonctionnaires canadiens dans un tel débat est scandaleux, comment prétendre que l'eau n'a pas la même signification ou la même portée d'un pays à un autre pays.
    Ces fonctionnaires qui font office de nous représenter devrait être privés d'eau pendant une semaine.
    Pas de pichet d,eau sur leur bureau, pas d'eau pour leur besoin personnel, lavage, douche du matin, leur breuvage.
    Après une semaine ils auraient une tout autre opinion.
    Ce sont de tels raisonnements qui inquiete les générations du futur.
    L'eau n,est pas une denrée au même titre qu'un produit commerciale,l'eau est vitale. Une plante pas d'eau meurt, un humain pas d,eau meurt.
    L'eau et le sang sont deux liquides essentiels au maintien de la vie.
    Si l'ONU ne peut pas garantir cela aux humains peu importe où ils se trouvent sur la planete, alors, l'espèce humaine est en danger, et sérieusement en danger. Peter Hayes shawinigan

  • Archives de Vigile Répondre

    16 novembre 2010

    Salut André, si tu es de Mercier et que tu as écrit au Journal Choc. Je reconnais ta plume depuis un bout. Je reprends du service dans Bourget et la Pointe de l'île comme en 1976. Merci

  • Archives de Vigile Répondre

    16 novembre 2010

    Merci M.Rousseau. Quelle contribution pour notre EAU.
    Je suis de Godmanchester Qc...dans le bassin versant de la Châteauguay...bien étudié...et malgré ça. On épand sur nos terres agricoles...en déficit de phosphore comme le dit le MDDEP, des MRF (pour Matières Résiduelles Fertilisantes ou boues d'usine d'épuration. Les citoyens inquiets pour la qualité de leur eau se mobilisent mais...Après les Gaz de shistes, ce sera sans doute la prochaine bataille.
    France Rousseau-Lemieux