«J'ai donné de l'argent de bonne foi. C'était une participation à la vie démocratique!» s'est défendu hier Samir Alahmad, propriétaire notamment de la garderie Les Babioles, à Blainville, et qui a été visé par les allégations du Parti québécois. Photo: Robert Mailloux, La Presse
Isabelle Audet - L'Association des garderies privées du Québec s'est portée hier à la défense des entrepreneurs cités par le Parti québécois, qui a accusé mardi le Parti libéral du Québec de favoriser les donateurs de son parti dans l'attribution de places de garderie. «Ce ne sont pas des cas de favoritisme», a insisté Sylvain Lévesque, le président de l'Association.
«C'est de la «politicaillerie» sur le dos des enfants, a-t-il ajouté. Si les places sont de qualité et que les familles du Québec en profitent, quel est le problème?»
Samir Alahmad, propriétaire de garderies à Laval, à Blainville et à Mascouche, a été visé par les allégations du Parti québécois. De 2002 à 2008, l'homme d'affaires, qui est également vice-président de l'Association des garderies privées, a donné 23 695$ au Parti libéral du Québec. Pendant la même période, il affirme avoir versé quelques centaines de dollars au Parti québécois, et environ 700$ à l'Action démocratique du Québec.
S'il a nettement favorisé le Parti libéral, il soutient toutefois qu'il ne doit les nouvelles places qu'il a obtenues qu'à «la qualité de ses services». Il se défendait vivement hier d'avoir contribué à la caisse du Parti libéral du Québec en échange d'un permis pour de nouvelles garderies.
«J'ai donné de l'argent de bonne foi. C'était une participation à la vie démocratique! Le PQ m'a donné les permis pour mes garderies existantes alors qu'il était au pouvoir. Si j'étais bon dans ce temps-là, pourquoi je ne le serais plus?» a-t-il demandé. Sa famille ouvrira deux nouvelles garderies en septembre 2010, à Terrebonne et à Mirabel.
Nous avons tenté de joindre, sans succès, les propriétaires de l'Académie des petites fleurs, dont les noms se trouvent sur la liste présentée par le PQ. Dans plusieurs garderies, la direction s'est aussi refusée à tout commentaire, visiblement secouée par les récents événements.
«On se sent humiliés, a expliqué Henry Alix Joseph, propriétaire de l'Académie des petits amis-es, à Montréal, et dont le nom a été rendu public par le député Nicolas Girard. C'est triste qu'on utilise nos noms comme ça dans un règlement de comptes. Chez nous, c'est l'Académie des petits amis-es. Pas les petits amis du gouvernement!»
»Des doutes»
Le directeur général de l'Association québécoise des CPE, Jean Robitaille, se dit «troublé» par ce qu'il a entendu à l'Assemblée nationale. Il attend cependant la divulgation des notes attribuées aux projets présentés à Québec pour se prononcer.
«Ce qui est important, c'est que les meilleurs projets sur un territoire aient obtenu des places. Si je regarde les évaluations et que je vois qu'une garderie privée a été défavorisée injustement, je vais être le premier à dénoncer la situation. Ce n'est pas une question du privé contre les CPE: c'est une question de savoir si les meilleurs projets ont été choisis. C'est là qu'il y a des doutes», a expliqué M. Robitaille.
Pour sa part, l'Association des garderies privées suggère le retour de comités régionaux pour l'évaluation des projets de garderies. En vigueur alors que le PQ était au pouvoir, ces comités regroupaient notamment des représentants des garderies privées, des CPE et des garderies en milieu familial.
«Pour plus de transparence et éviter tout soupçon, c'est la meilleure façon de fonctionner», a ajouté Sylvain Lévesque.
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