Alors que la France vient de se ranger dans le camp d’une rivale, le gouvernement du Québec n’a pas renouvelé son appui à Michaëlle Jean à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), mercredi.
Le premier ministre Philippe Couillard est demeuré prudent après l’annonce de l’appui officiel français à la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.
« Il faut d’abord que les candidatures se déclarent officiellement, que Mme Jean indique si elle désire ou non solliciter un nouveau mandat », a-t-il dit à Montréal.
En avril dernier, l’appui du Québec à Mme Jean ne faisait pas de doute.
« Nous continuons de donner notre appui à la secrétaire générale », déclarait la ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre.
M. Couillard était allé dans le même sens, en mars. « On va continuer, bien sûr, à la soutenir », disait-il.
En juin 2017, Mme Jean avait affirmé dans une entrevue à TFO qu’elle aimerait voir son mandat « reconduit ».
Appui français
À Paris, le président français Emmanuel Macron a confirmé mercredi l’appui de la France à Mme Mushikiwabo.
« La ministre des Affaires étrangères du Rwanda a toutes les compétences pour exercer cette fonction » de secrétaire générale de l’OIF, a rapporté l’Agence France Presse.
La ministre du Développement international et de la Francophonie, Marie-Claude Bibeau, a réagi sans équivoque.
« Notre gouvernement appuie le renouvellement du mandat de Michaëlle Jean à la tête de l’OIF », a-t-elle dit dans une déclaration écrite.
Mme Jean a été élue secrétaire générale de la Francophonie en 2014. Le renouvellement de son mandat sera décidé lors d’un sommet prévu en octobre.
Depuis près d’un an, notre Bureau d’enquête a publié plusieurs reportages sur la gestion controversée de Mme Jean.
Négligence
Le député péquiste Stéphane Bergeron a invité le gouvernement québécois à se ranger derrière la candidature rwandaise.
« Il serait dommageable que nous nous entêtions par simple chauvinisme à soutenir la candidature de Mme Jean. »
Le député caquiste Benoit Charette a expliqué que sa formation n’a pas encore pris de décision.
« Nous souhaitons que cette course amène un débat sur une plus grande transparence et une meilleure gestion financière à l’OIF. »
Jocelyn Coulon, ex-conseiller du ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion, croit que le premier ministre Justin Trudeau a négligé ses relations avec l’Afrique, dont plusieurs pays sont membres de l’OIF.
« Si vous voulez que votre candidate passe, vous devez entretenir une relation vigoureuse avec la majorité de ceux qui vont voter. »