Après avoir laissé planer le doute, le premier ministre Philippe Couillard a déclaré jeudi qu’il soutiendra la secrétaire générale de la Francophonie Michaëlle Jean.
Sa prise de position survient 24 h après l’annonce que la France appuiera une candidate rivale pour diriger l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).
M. Couillard a d’abord réagi à la position française sans se prononcer sur le renouvellement de mandat que Mme Jean a déjà réclamé.
Au contraire, le premier ministre a plutôt laissé entendre, mercredi, que sa candidature était incertaine.
Reddition de comptes
Dans un point de presse à Montréal, jeudi, M. Couillard a rectifié le tir.
«On a une Canadienne et une Québécoise qui dirige l’OIF. Bien sûr, on en est heureux, on va la soutenir.»
M. Couillard s’est montré confiant que Mme Jean saura répondre aux préoccupations exprimées par le gouvernement québécois quant à sa gestion et à la transparence de l’OIF.
«Ces remarques ont été entendues et Mme Jean a, je crois, l’intention de présenter un plan et une reddition de comptes précise au prochain sommet de l’OIF.»
Le mandat de Mme Jean arrive à échéance en octobre. Les pays et gouvernements membres de l’OIF devront se prononcer sur son renouvellement lors d’un sommet en Arménie.
Au cours des derniers mois, notre Bureau d’enquête a publié des reportages exposant la gestion controversée de Mme Jean et de l’OIF.
Ces reportages s’appuyaient sur des documents financiers que l’OIF obtenus malgré son refus de les rendre publics ou encore sur des correspondances internes entre ses employés.
Embarras
Ottawa avait rapidement renouvelé son appui à Mme Jean, mercredi, après que le président français Emmanuel Macron a soutenu la candidature de la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.
À la Chambre des communes, jeudi, le député conservateur Gérard Deltell a soutenu que Mme Jean a géré l’OIF de façon irresponsable.
«Michaëlle Jean est devenue un embarras pour le Canada», a-t-il dit.
La ministre du Développement international et de la Francophonie, Marie-Claude Bibeau, a répété que les normes de gestion de l’OIF sont dépassées.
«Nous travaillons avec la secrétaire générale pour moderniser ces règles qui, selon les standards d’aujourd’hui, ne sont plus acceptables.»
Utilité
Dans une conférence de presse, où il dévoilait sa position, mercredi, M. Macron a fait le constat que l’OIF doit changer de trajectoire avec Mme Mushikiwabo à sa tête.
«Je veux redonner à la francophonie sa pertinence et son utilité. Et je crois qu'avoir une candidate africaine est pour l'Union africaine une bonne nouvelle. Et à ce titre je la soutiendrai.»
À ses côtés, le président rwandais Paul Kagame, a affirmé que Mme Mushikiwabo a le «soutien des pays africains membres de la francophonie».
«Nous avons un intérêt à contribuer à la Francophonie», a-t-il dit. (...) Nous sommes heureux d’y participer en présentant des personnalités comme Mme Mushikiwabo.»