Simon Boivin - (Québec) La tâche de collecter des fonds pour le PLQ était beaucoup plus facile pour Franco Fava lorsqu'il pouvait faire miroiter une éventuelle nomination, a fait comprendre Marc Bellemare, mardi.
L'ex-ministre de la Justice a souligné à maintes reprises que l'entrepreneur en construction se plaisait à évoquer son rôle dans les nominations effectuées par le gouvernement. Il aurait eu des contacts fréquents avec Chantal Landry, la responsable des nominations au bureau du premier ministre. M. Bellemare se souvient de les avoir vus ensemble au cabinet de M. Charest.
«C'est un homme très fier, note-t-il à propos de Fava. Il parlait de collecter 1 million $ une année. Il disait : "On a plein de monde à nommer. Ça fait neuf ans qu'on est dans l'opposition. Ça refoule aux portes. [...]" Il disait qu'il rencontrait Chantal Landry, qu'il regardait les noms et décidait qui allait où. Il disait que la collecte était directement proportionnelle aux nominations.»
Une corrélation qui a alimenté la colère de M. Fava à l'endroit de l'ancien ministre lorsqu'il a déposé sa réforme de la justice administrative, le projet de loi 35, qui n'a jamais été adopté. Le collecteur était «absolument furieux», se souvient M. Bellemare.
«On allait diminuer le nombre de nominations à la Commission des lésions professionnelle, se souvient-il. Pour M. Fava, on n'avait pas besoin de diminuer les nominations. On avait besoin de les augmenter. C'était l'obsession de la nomination, d'avoir des postes. Il avait eu des come back pas très élogieux de gens avec qui il travaillait pour la collecte.»
Un autre aspect du projet de loi qui agaçait M. Fava était la reconduction des juges administratifs à moins de mauvaise conduite, au lieu d'un simple mandat de cinq ans. «Ce n'était pas acceptable pour lui parce qu'on ne pouvait pas se défaire de ceux qui ne faisaient pas notre affaire, a dit M. Bellemare. Quelques jours avant, on avait reconduit un commissaire que M. Fava n'aimait pas.»