Français dans les PME: Québec annonce un train de mesures

Isabelle Hudon exhorte Québec à ne pas imposer le français aux PME

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La langue - un état des lieux



Violaine Ballivy - Plus de 30 ans après l'entrée en vigueur de la Loi 101, le français a toujours du mal à se tailler une place dans les commerces et les petites entreprises de Montréal, révèlent deux études publiées hier. Pour améliorer la situation, Québec annonce un train de mesures basées essentiellement sur la bonne volonté des employeurs, de leurs employés et des clients.
Selon une étude de l'Office de la langue française du Québec (OLFQ), le tiers des entreprises emploient du personnel qui ne possède pas une connaissance fonctionnelle du français. C'est dire que 11500 personnes travaillent à Montréal sans maîtriser suffisamment le français.

Le français accuse aussi un retard sur le plan des communications dans les entreprises qui comptent de 11 à 50 employés. Dans une entreprise montréalaise sur 10, les consignes de santé et de sécurité ne sont pas affichées de manière prédominante en français ou le sont même uniquement en anglais.
«Le français est généralement très présent au sein des petites entreprises, mais il n'occupe pas encore toute la place qui lui revient», conclut l'OLFQ.
Dans l'île de Montréal, commander un café en français relève à l'occasion de l'exploit, indique aussi un sondage de la firme Léger Marketing réalisé en septembre dernier. Un Montréalais sur trois affirme qu'il est rarement ou qu'il n'est jamais accueilli en français dans les commerces de l'Ouest de Montréal.
Pire: un Montréalais sur six affirme que, s'il demande à être servi en français après avoir été abordé dans une autre langue, il ne peut que «rarement ou jamais» voir son voeu exaucé.
Selon Jean Charest, ces données ne permettent pas de conclure qu'il y a une crise de la langue française à Montréal, mais il reconnaît néanmoins qu'il faut agir. Cette recherche et ce sondage ont guidé une journée de réflexion entre les représentants d'entreprises, d'associations, de syndicats et du gouvernement, qui ont conclu hier une entente de cinq ans pour améliorer la situation, sans recourir à des mesures coercitives.
La «Stratégie commune d'intervention pour Montréal 2008-2013» en cinq points qui repose surtout sur des actions destinées à promouvoir les dispositions déjà prévues par la Charte de la langue française et les programmes de francisation déjà en place.
Québec promet une campagne de «promotion du français axée sur la fierté» dotée d'un budget de 1,5 million de dollars. Le premier volet de cette campagne débutera dès ce week-end avec des publicités dans les quotidiens. Puis, juste avant Noël et la course aux cadeaux dans les commerces, des publicités inciteront les clients à exiger d'être servis en français.
Le plan prévoit aussi la création d'ici 12 mois d'un guichet unique pour aider les entrepreneurs à se retrouver dans le dédale des services offerts en francisation par tous les organismes gouvernementaux. Les commerces et entreprises les plus respectueux de la langue française pourront apposer dans leurs vitrines des autocollants d'attestation.
Jean Charest a défendu sa décision de ne pas donner plus de mordant à la Charte de la langue française, comme le réclament plusieurs groupes de défense de la langue et le parti Québécois. Il assure que la méconnaissance des programmes et des lois est l'un des principaux obstacles à la sauvegarde du français. «Ce n'est pas tous les citoyens qui sont conscients du fait qu'ils ont le droit de se faire servir en français», a souligné M. Charest. Il s'est montré particulièrement préoccupé par le fait que, lorsqu'ils sont servis en anglais, six francophones sur 10 n'ont pas le réflexe de répliquer en français (selon le sondage Léger Marketing). «Ce n'est pas juste une question de lois, on doit mobiliser les Québécois et en particulier les Montréalais sur l'importance d'affirmer leur langue», a-t-il relevé.
Le parti Québécois reproche au gouvernement Charest d'avoir cédé aux pressions des milieux d'affaires, qui ne voulaient pas d'un durcissement de la Loi 101. «Jean Charest avait le devoir d'exiger des résultats et de ne pas faire reposer son programme sur des voeux pieux», a relevé le député François Legault.
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Photo: David Boily, Archives La Presse
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Isabelle Hudon exhorte Québec à ne pas imposer le français aux PME

Isabelle Hudon

Photo: François Roy, La Presse
La Presse Canadienne 11 octobre 2008

Québec
Québec doit renoncer à imposer aux PME toute forme de coercition en faveur du français, selon la présidente de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Isabelle Hudon.
«Il faut à tout prix éviter de nouvelles mesures coercitives pour nos PME sur le fait français», a-t-elle fait valoir mardi, en point de presse, alors qu'elle se rendait aux bureaux du premier ministre Jean Charest pour discuter de ce sujet.«Le fardeau administratif serait trop lourd», selon elle.
La rencontre entre Mme Hudon et le premier ministre visait à préciser l'ordre du jour du «rendez-vous des gens d'affaires» qui aura lieu à Montréal, vendredi, afin de voir par quels moyens Québec pouvait faire en sorte que les petites et moyennes entreprises (PME) fassent du français la langue d'usage dans ce secteur d'activités, 30 ans après l'adoption de la loi 101.
Mme Hudon n'aura cependant pas à déployer beaucoup d'efforts pour convaincre le gouvernement d'y aller en douceur, car la ministre responsable du dossier linguistique, Christine St-Pierre, qui est à l'origine de l'événement de vendredi, a déjà déclaré qu'il n'était pas question d'ouvrir la loi 101 pour assujettir les entreprises comptant moins de 50 employés à l'application de la loi.
Québec misera plutôt sur la bonne volonté des chefs de PME pour accroître l'usage du français en milieu de travail.
Actuellement, les 240 000 PME du Québec n'ont aucune obligation légale de se franciser.
Mme Hudon dit espérer que l'exercice de vendredi, coprésidé par elle et le premier ministre Charest, servira à concocter un plan d'action visant à étendre le français dans l'entreprise comme «langue de service, langue d'affichage et langue de travail».
Elle proposera surtout de mieux informer les dirigeants de PME sur les programmes gouvernementaux existants favorisant l'usage du français.
«Notre but n'est pas d'être agressif, parce qu'on ne gagnera pas du terrain, en étant agressif sur le front de la langue», selon elle.


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