Dans la foulée de cette décision, le tribunal ordonne à la compagnie albertaine de cesser ses travaux géotechniques jusqu'au 15 octobre.
La juge Claudine Roy a rendu sa décision cinq jours après la fin de l'audition, au palais de justice de Montréal, de la demande d'injonction interlocutoire présentée par quatre groupes environnementalistes qui tentaient de freiner les forages.
Les forages géotechniques visent à étudier la composition du sol sous-marin dans le secteur du port de Gros-Cacouna. Ils doivent servir à déterminer les emplacements du port pétrolier que TransCanada souhaite construire à Cacouna pour son projet Énergie Est.
Dans les premières lignes de son jugement, la juge cite les propos de Robert Michaud, président et directeur scientifique du Groupe de recherche et d'éducation sur les mammifères marins (GREMM). « Le béluga est récemment devenu un symbole des efforts de conservation des espèces marines au Canada », peut-on lire.
La juge Claudine Roy est sévère envers TransCanada et Québec. « Pour des raisons inexpliquées […], le ministre décide [...] de délivrer le certificat d'autorisation », a-t-elle écrit. Elle mentionne aussi que le ministre a le devoir de protéger le béluga, reconnu comme une espèce menacée.
Rappelons que le ministre de l'Environnement, David Heurtel, a donné le feu vert à des travaux de forage, le 21 août dernier. « L'impatience de TransCanada ne saurait justifier de mettre fin au processus d'analyse. TransCanada n'a déposé sa demande d'autorisation que le 26 mai, alors qu'elle envisage d'effectuer ces travaux depuis quelque temps […]. Elle refuse de signer un engagement assurant que les travaux ne causeront aucun préjudice important aux bélugas », souligne aussi la juge Claudine Roy.
Le 1er septembre, elle avait rendu une décision aux antipodes. Elle avait rejeté la requête en injonction des mêmes organismes en qualifiant leur demande d'alarmiste. Après cette décision, les environnementalistes sont revenus à la charge avec de nouveaux éléments.
Les environnementalistes ne crient pas encore victoire
Les quatre groupes, le Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE), la Fondation David Suzuki, Nature Québec, et la Société pour la Nature et les Parcs du Canada (SNAP), se disent satisfaits de la décision.
« On demandait qu'il n'y ait pas de travaux pendant la période d'occupation, on avait demandé jusqu'au 30 octobre […] Pour nous c'est une victoire importante parce qu'on est en pleine période d'occupation par les bélugas », mentionne le directeur général de Nature Québec, Christian Simard. Il rappelle toutefois que son organisme ne peut crier victoire puisque le projet de port pétrolier est toujours sur la table à dessin.
L'environnementaliste rappelle aussi que ce gain ouvre la voie à un débat sur l'injonction permanente pour l'arrêt des travaux de forages.
La mairesse de Cacouna, Ghislaine Daris, se dit déçue de la décision. Elle craint qu'elle ait des répercussions sur le dépôt du dossier final à l'Office national de l'énergie, qui doit recommander au gouvernement fédéral de réaliser le projet Énergie Est ou de le rejeter.
De son côté, TransCanada dit vouloir prendre acte du jugement et souhaite prendre quelques jours pour évaluer la suite des choses. Le ministère de l'Environnement s'est refusé à tout commentaire puisque le dossier se trouve encore devant les tribunaux.
> Lire le jugement de la Cour supérieure
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