François Legault ne croit pas en la sincérité de Pierre Karl Péladeau lorsqu'il dénonce l'austérité budgétaire et défend le modèle québécois.
Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) a dit se souvenir, mardi, de conversations au cours desquelles l'actionnaire de contrôle de l'empire Québecor lui tenait un tout autre discours.
Le favori putatif dans la campagne à la direction du Parti québécois semblait alors tout aussi soucieux de l'état des finances publiques que la CAQ, a raconté le leader caquiste en point de presse.
«J'ai souvent discuté avec Pierre Karl Péladeau, je croyais qu'il était au moins aussi préoccupé que moi de la situation des finances publiques et de la dette du Québec. Je suis surpris de voir son virage à 180 degrés», a déclaré M. Legault.
Selon lui, le «changement de discours» de M. Péladeau est d'autant plus surprenant que son empire médiatique a multiplié ces dernières années les reportages tonitruants sur les dépenses trop élevées et l'endettement du Québec.
«Quand Pierre Karl Péladeau dit qu'il ne faut pas se préoccuper de l'austérité, qu'il faut, dans le fond, oublier la dette, je me demande où était Pierre Karl Péladeau au cours des dernières années. Il n'a pas lu ses propres journaux. On a parlé du Québec dans le rouge pendant des mois et des mois. Là, Pierre Karl Péladeau vient nous dire que le Québec n'est plus dans le rouge, Pierre Karl Péladeau met ses lunettes roses, Pierre Karl Péladeau est complètement déconnecté», a-t-il houspillé.
Dans une entrevue - sollicitée par son entourage - au quotidien Le Devoir, le député péquiste de Saint-Jérôme dénonce en effet les compressions budgétaires et reproche au gouvernement libéral de brosser un tableau alarmiste des finances publiques. Il vante aussi les vertus de l'État providence incarné par le «modèle québécois», même si cela signifie des impôts plus élevés ici qu'ailleurs en Amérique.
Pour le chef de la CAQ, la profession de foi de M. Péladeau en faveur de la social-démocratie n'est rien d'autre que «de la petite politique» pour séduire l'aile gauche du Parti québécois.
«Je pense que l'explication vient sûrement du fait qu'il veut se rapprocher des militants péquistes un peu plus à gauche en changeant son image et en essayant d'aller gagner des votes et des appuis pour la course au leadership. Mais, franchement, je pense qu'il fait une grave erreur de laisser entendre que ce n'est pas important», a-t-il estimé.
M. Péladeau maintient le suspense et reste muet sur son intention de se porter candidat ou non à la succession de Pauline Marois. Mais les militants, eux, semblent déjà l'avoir choisi. Un récent sondage Léger Marketing publié dans Le Devoir accorde 53 pour cent des appuis à l'homme d'affaires richissime contre 2 à 7 pour cent pour les autres figurants potentiels.
Chose certaine, «PKP» dérange ses adversaires politiques, que ce soit à la CAQ ou chez les libéraux.
Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a d'ailleurs jugé nécessaire mardi de condamner les propos «irresponsables» de M. Péladeau sur l'état des finances publiques.
«Il se positionne en disant que la situation des finances publiques n'est pas sérieuse, il se positionne en disant que le Québec n'a pas de problème budgétaire. Ce sont des propos qui sont graves, ce sont des propos qui sont totalement irresponsables et ce sont des propos qui doivent être dénoncés», a-t-il soutenu.
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