Finances publiques - La quadrature du cercle

Budget Québec 2010

À chaque début du mois d'août, il revient aux jeunes libéraux de donner le signal de la rentrée politique au Québec. Réunis à Sainte-Thérèse le week-end dernier, ils ont réactivé le débat sur le redressement des finances publiques, proposant des solutions simples à un problème complexe.
Que les jeunes libéraux aient choisi de se pencher sur l'état des finances publiques n'est pas étranger au besoin de préparer l'opinion publique à des choix budgétaires difficiles. Pour le moins, il y a convergence entre leur message et celui du premier ministre Jean Charest qui concluait cette rencontre en prévenant que des «sacrifices seront nécessaires».
Ces sacrifices seront à la hauteur des déficits des prochaines années qui totaliseront 11,5 milliards. Le gouvernement ne prévoit le retour à l'équilibre budgétaire qu'en 2013-2014, ce qui d'ailleurs reste bien incertain. Ainsi, dans le projet de loi 40 qui vise à suspendre l'application de la loi dite du déficit zéro, on ne fixe aucune date pour la fin des déficits, preuve que l'on n'est pas sûr de ce qui nous attend. Difficile dans le contexte actuel de prévoir le rythme de croissance de l'économie et de contrôler le niveau d'augmentation des dépenses gouvernementales qui sont les deux paramètres budgétaires principaux.
Le premier ministre convenait dimanche qu'il faudra un plan pour revenir au déficit zéro. Il serait en train de le préparer. Contrairement aux jeunes libéraux, dont la recette est d'augmenter tous azimuts les tarifs des services gouvernementaux, y compris les tarifs d'électricité et les droits de scolarité, M. Charest se garde de faire des choix, mais prévient qu'il faudra se serrer la ceinture.
Personne ne remettra en cause la nécessité de remettre le compteur des finances publiques à zéro. Même à gauche. Hier, la CSN disait par exemple ne pas être opposée à une augmentation des tarifs des services... s'il y a en retour des services de qualité. Sous-entendu, les augmentations de tarifs ne devront pas être des augmentations d'impôt déguisées. Ce n'est sûrement pas le genre de sacrifices qui permettra de réduire les dépenses.
L'atteinte de l'équilibre budgétaire exigera une stricte discipline budgétaire qui devra s'appuyer à la fois sur la réduction des dépenses, qui ces dernières années augmentaient à un rythme de 4,5 %, et l'augmentation des revenus. Trouver le juste équilibre sera la quadrature du cercle. Il faudra convaincre les employés de l'État de limiter leur appétit pour ce qui est des augmentations salariales (les négociations du secteur public approchent) et les contribuables d'ouvrir leurs portefeuilles. Déjà, une augmentation de la taxe de vente est prévue pour janvier 2011. Faudra-t-il ajouter une surtaxe pour éviter d'augmenter trop les tarifs des services publics?
Le Québec a fait l'expérience, douloureuse, de la lutte contre le déficit sous le gouvernement Bouchard. Certains de ses effets se font encore sentir dans le domaine de la santé. Parce qu'ils ont encore frais à leur mémoire cet épisode, les Québécois accueilleront avec scepticisme les solutions magiques, du type de celles que préconisent les jeunes libéraux, ou encore idéologiques, que les tenants d'une remise en cause du rôle de l'État proposeront. Le plan qu'entend leur proposer Jean Charest devra être bien mûri et apparaître équitable quant au partage des sacrifices à faire. Il lui faudra aussi exercer un grand pouvoir de persuasion, ce qu'il n'a pas toujours su faire depuis qu'il est premier ministre.


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