OTTAWA – Le gouvernement Trudeau s'est fait accuser d'être hypocrite quant à ses réelles intentions de lutter contre les changements climatiques, mardi, dans la foulée de sa décision de donner son feu vert au projet d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain.
«Moins de 24 heures après avoir fait adopter leur motion sur l’urgence climatique en Chambre, [les libéraux] annoncent qu’ils vont aller de l’avant avec la construction d’un pipeline qui va tripler la production de sables bitumineux, qui va augmenter nos émissions de gaz à effet de serre et notre empreinte carbone», a réagi le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique, Alexandre Boulerice.
La chef du Parti vert, Élizabeth May, y a été de la même critique, de concert avec le Bloc québécois. «Je suis bouleversée par ce niveau de mensonge», a lâché Mme May.
L’engagement du premier ministre Trudeau de réinvestir chaque dollar généré par le projet d’agrandissement de Trans Mountain dans les énergies vertes n’a pas convaincu ces partis d’opposition.
«La promesse est ridicule parce qu’on ne sait même pas si le projet va permettre de gagner de l’argent», a soutenu le chef du NPD Jagmeet Singh. Ce dernier plaide plutôt pour des investissements directs dans la transition écologique.
Les groupes environnementaux ont également taxé le gouvernement fédéral d’hypocrisie, aussitôt qu’Ottawa a donné son sceau d’approbation au projet d’expansion.
«Que le gouvernement Trudeau approuve ce pipeline après avoir déclaré que nous sommes en urgence climatique est aussi logique que de tenter d’éteindre un feu avec un lance-flamme», a pesté Patrick Bonin, de Greenpeace.
Le chef conservateur Andrew Scheer, qui lui est en faveur du projet de pipeline, a de son côté remis en doute la réelle volonté du gouvernement Trudeau de voir Trans Mountain agrandi.
«Je n’ai aucune confiance. Si Justin Trudeau est réélu en octobre, je suis sûr que ce sera la fin du projet. Il va trouver une excuse pour annuler, pour bloquer ce projet», a-t-il dit en faisant valoir que l’annonce de mardi du premier ministre ne s’est pas accompagnée d’un échéancier concret pour la suite des choses.
Le groupe autochtone Project Reconciliation, qui souhaite être actionnaire du pipeline acheté par le fédéral en mai 2018, a quant à lui applaudi la décision d’Ottawa. Le ministre des Finances, Bill Morneau a ouvert la porte, mardi, à ce que des communautés autochtones deviennent éventuellement propriétaires, partiellement ou entièrement, de l’oléoduc.