Depuis quelques semaines, une nouvelle expression a fait son apparition dans le langage politique québécois, principalement autour de la polémique entourant la grogne concernant le PQ-Marois : "faire de la politique autrement".
Certains, surtout au sein du PQ, se demandent justement comment faire cette "politique" autrement, et ce justement afin de tenter soit de sauver les meubles, soit de noyer le poisson, soit les deux à la fois. À ce chapitre, on n'a qu'à penser aux 10 propositions de Bernard Drainvile, à la vague de "consultations citoyennes" annoncées par Pauline Marois, ou encore les États Généraux sur la souveraineté annoncés récemment.
Bien que ces initiatives semblent louables à première vue, plusieurs se posent déjà des questions quant à la pertinence et l'authenticité de ces démarches, non sans raison. Personnellement, je partage le même questionnement que M. Henri Marineau à savoir si le débat est clos ou non, vu la rapidité avec laquelle Pauline Marois fait des annonces contradictoires l'une de l'autre en temps record.
Certains parmi vous se souviennent sûrement qu'environ la moitié des textes que j'ai publié sur Vigile.net concernaient une proposition de réforme de la démocratie comme moyen direct de faire et d'affirmer l'indépendance et la souveraineté du Québec. Cette réforme suggérait l'utilisation des technologies de l'information et de communication afin d'instaurer une démocratie participative et directe, sans intermédiaire "représentatif" que sont les députés et partis politiques actuels. Ce système, appelé Démocratie 2.0, est d'ailleurs une idée qui se répand un peu partout sur la planète au moment où l'on se parle, et est en train de se définir au même moment où elle tente déjà de s'implanter. Du fait de la liberté d'expression, certaines formules en côtoient d'autres, sans nécessairement entrer en compétition. En fait, la diversité d'opinion enrichit les débats plutôt que de les envenimer. En ce sens, le Projet Papineau du groupe QuébecVote.ca, associé à M. Roméo Bouchard, est une proposition de Démocratie 2.0 légèrement différente de la mienne que j'apprécie tout de même car elle apporte de l'eau au moulin.
Voilà qui diffère complètement du fonctionnement interne du Parti Québécois, qui dans un premier temps invite les citoyens à venir parler pour ensuite les expulser quasi-manu militari lorsque ceux-ci tentent de se prévaloir de cette invitation à la parole. Voilà bien un des facteurs, mais pas le seul, qui explique bien la déconfiture actuelle du PQ-Marois, à un point tel que déjà en février dernier, j'avais le pressentiment que nous assisterions bientôt à ce que nous assistons aujourd'hui. Je tiens également à préciser qu'au fil de mes lectures sur Vigile, je réalise que d'autres ont fait le même constat, bien avant moi.
Toujours est-il que contrairement aux bonzes du PQ actuel, je ne suis pas surpris de la tournure récente des événements.
Mais là où je suis surpris, c'est à quel point les forces souverainistes et indépendantistes en dehors du PQ se sont appropriés les ressources du Web 2.0 au cours des dernières semaines, notamment Facebook, afin de se mettre en contact et de s'organiser autour d'objectifs précis, que ce soit d'organiser un mouvement (sic). Comme quoi l'humour peut s'allier au ras-le-bol général de la population. Certaines discussions peuvent parfois causer quelques flammèches tant les opinions de certains peuvent être diamétralement opposées, mais rien qui ne peut pas se régler en quittant un groupe qui ne fait pas notre affaire. Je dirais même qu'une certaine exubérance au sein de ces discussions qui ont lieu sur les médias sociaux sont symptomatiques d'une liberté de parole et d'opinion trop longuement bridées au sein du mouvement souverainiste tant que celui-ci était largement mené presque exclusivement par le Parti Québécois. Ce phénomène devrait se résorber de lui-même avec le temps.
Reste que les inconditionnels du PQ-Marois se cachent encore et toujours derrière le vote de confiance à hauteur de 93% obtenu par Pauline Marois lors du congrès national d'avril dernier. Mais que vaut réellement ce 93% exactement? Reflète-t-il réellement la volonté des membres du parti, ou bien ne représente-t-il que la volonté des 1500 membres qui ont eu accès au congrès? Je ne sais pas combien de membres en règle possède le PQ, mais j'entends souvent parler de dizaines de milliers de membres. C'est donc dire que le vote du dernier congrès ne représente que l'opinion d'une minorité de membres qui ont eu la chance de s'exprimer sur la question; bref, nous sommes en présence d'un "vote" presque aussi significatif que peut l'être un vulgaire sondage.
Maintenant, si Mme Marois était aussi ouverte qu'elle tente de le prétendre, si elle s'était montrée réceptive au genre d'idées que j'ai tenté d'amener quelques mois plus tôt, plutôt que de voir à mon expulsion par son garde du corps, elle aurait peut-être réalisé qu'en 2011, surtout pour un parti qui se dit près de ses membres et qui est un parti d'idées et où règne un esprit de saine démocratie, il n'y a absolument aucune excuse pour ne pas donner accès aux discours et au vote à tous les membres en règle du parti, et ce, en utilisant les technologies liées à Internet. Non seulement cela aurait-il permis d'avoir une heure plus juste concernant la direction actuelle du parti, mais une telle avancée aurait même pu permettre à Pauline Marois d'éviter la crise de leadership qu'elle traverse depuis quelques temps. Et cela correspondrait déjà à "faire de la politique autrement" de manière autrement plus concrète que les 10 propositions de M. Drainville.
Et à ceux qui croient qu'une telle "prouesse technologique" est trop compliquée à mettre sur pieds en si peu de temps, je répondrai : Que nenni! Au moment où j'écris ces lignes, de simples citoyens sont en train de mettre sur pieds avec les technologies disponibles gratuitement sur le web et quelques autres moyens du bord. Alors imaginez ce que peut réaliser une organisation bien rodée disposant de ressources humaines et financières tel que le PQ!
Enfin, bref... Tout ça pour dire que le PQ-Marois se meurt, et il n'a que lui-même à blâmer.
Crise au PQ - Union des forces souverainistes et indépendantistes
Faire de la politique autrement
Tout ça pour dire que le PQ-Marois se meurt, et il n'a que lui-même à blâmer.
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
31 août 2011Je crois, Adam, que tu mets le doigt sur les plaies béantes. Le PQ se comporte comme un vieux parti en fin de mandat ( mentalité de Bunker -tout le monde est contre nous-!!) Comment est-ce que des milliers et des milliers d'indépendantistes ne se reconnaissent pas dans le PQ ?! Poser la question c'est d'y répondre........ merci Adam pour ton travail acharné, tu écris tout haut ce que bien des gens disent tout haut.............. dehors madame Marois et vivement la réunifications de tout les indépendantistes.... pour que l'on foute dehors son insuffisance 1er à coups de pompes au train ...........
Donald Rouleau Répondre
31 août 2011Excellent résumé de la situation présente au Parti Québécois Monsieur Richard. Comme vous le dites si bien, Pauline Marois est la seule à blâmer en s'incrustant les ongles dans le cadre de porte du PQ. 93% de 1,500 "suiveux" sur une vingtaine de milliers de membres du PQ dont je suis moi-même, N'est vraiment pas représentatif de la Population Québécoise du PQ. Pauline n'y est plus et ce, tout le monde le sait mais la question demeure toujours....QUI a assez de Colonne Vertébrale pour remettre le parti sur pied dans son entourage ? Je n'en voit AUCUNS . Le PQ est Mort ! Dieu garde le PQ!
Archives de Vigile Répondre
31 août 2011Tout à fait d'accord avec vous.
Le Parti Québécois un parti de dinosaures tant sur le plan politique qu'organisationnel et démocratique.
Ce sera le titre de mon prochain article sur Vigile.
Pierre Cloutier