Hélène Buzzetti
Ottawa — Sous la direction de son nouveau chef, le Bloc québécois n'est plus aussi enthousiaste à l'idée d'acheter des avions de chasse pour remplacer les CF-18 vieillissants. Daniel Paillé se demande si le Canada a encore besoin d'une telle «quincaillerie militaire».
Mercredi, à Ottawa, M. Paillé a établi qu'un seul avion F-35 coûtera l'équivalent de 3600 logements sociaux. Il s'est demandé si «on doit toujours garder ce genre d'armement militaire-là, alors que l'utilité de ça, c'est de combattre un autre F-35. Moi, je pense qu'au Canada on a plus besoin de logements sociaux que de F-35.»
Ces déclarations tranchent avec les prises de position passées du Bloc dans ce dossier. Sous la direction de Gilles Duceppe, le Bloc se disait favorable à l'achat de ces avions, tout en réclamant au gouvernement fédéral qu'il garantisse au Québec des retombées économiques. En 2010, le Bloc avait même voté, avec les conservateurs, contre une motion libérale demandant l'annulation de l'achat des 65 appareils. L'an dernier, quand le directeur parlementaire du budget avait calculé que les 65 avions coûteraient presque deux fois plus cher (29,3 milliards), Gilles Duceppe a alors demandé la tenue d'un nouvel appel d'offres.
Il n'avait jamais été question de ne pas acheter d'avions, mais, pour Daniel Paillé, l'heure est venue d'avoir cette réflexion. «Il y a une évolution du dossier, il y a donc une évolution dans la pensée, explique-t-il au Devoir. Je suis certain qu'au Québec on n'est pas nécessairement d'accord avec de tels investissements massifs dans une quincaillerie militaire de combat.» Alors, que propose-t-il pour remplacer les CF-18, qui arrivent à la fin de leur vie utile? Il répond par une question. «Est-ce qu'on doit remplacer des avions de combat par d'autres avions de combat?» M. Paillé se demande si le Canada a encore besoin d'une telle capacité. Il voudrait que le pays repense sa politique étrangère avant d'acquérir des équipements.
Il remet de plus en question la logique voulant qu'il faut appuyer ce projet au nom des retombées économiques qu'il générerait. «Ce n'est pas parce qu'il y aura des impacts économiques et financiers que tout est justifié.» Il rappelle que le Canada consacrera environ 400 milliards de dollars à la chose militaire au cours des 20 prochaines années, soit «un stade olympique par circonscription au Canada. Ça ne veut pas dire qu'un stade olympique par circonscription au Canada, c'est une bonne affaire, même si je suis sûr que ça aurait un impact économique énorme.»
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