Malgré l’ultimatum d’Ottawa, le gouvernement Legault n’entend pas interdire les examens médicaux privés payés par les patients et invite Ottawa à ne pas s’ingérer dans ce champ de compétence du Québec.
« On va gérer notre réseau de la santé comme on le pense. Ce n’est pas le fédéral qui va commencer à nous dire comment gérer le réseau de la santé », a tranché le premier ministre François Legault mercredi.
Notre Bureau d’enquête révélait mardi qu’Ottawa a menacé Québec de réduire ses transferts fédéraux en santé s’il ne met pas fin aux services diagnostiques payés par les patients au privé. Par contre, si Québec choisit de compenser les tests actuellement payés par les patients, comme l’imagerie médicale, Ottawa pourrait lui verser des sommes supplémentaires.
Le privé, là pour rester
« Je n’accepte pas la justification que si certains patients sont disposés à payer eux-mêmes pour un accès accéléré pour ces services médicalement nécessaires, que l’on devrait nécessairement leur permettre d’y recourir. Ainsi, certains patients évitent deux fois l’attente [pour le diagnostic et pour le suivi] », peut-on lire dans une lettre envoyée par la ministre fédérale de la Santé, Ginette Petitpas Taylor, au gouvernement Couillard en août dernier.
Pour sa part, François Legault a souligné qu’il n’est pas question de chasser le privé du domaine de la santé.
« Il n’y a aucune volonté de développer plus qu’actuellement le secteur privé. Il y a des gens qui préfèrent passer par le secteur privé pour certains examens, c’est encadré et ça va rester comme ça », a-t-il renchéri en marge d’une allocution devant la Fédération québécoise des municipalités.
Élu en promettant d’aller chercher plus de pouvoirs à Ottawa, François Legault estime que le contexte est favorable pour son gouvernement dans le cadre des négociations fédéral-provincial.
« Il y aura des choses à discuter avec le gouvernement fédéral, mais je suis confiant – surtout dans le cadre d’une élection fédérale l’automne prochain –, je sens qu’il sera possible de s’entendre », a-t-il dit.
Bonifier les services publics
Un peu plus tôt, sa ministre de la Santé avait également fait preuve de fermeté face au gouvernement Trudeau. « On va défendre les intérêts des Québécois, ce que les libéraux n’ont pas fait », a lancé Danielle McCann.
La solution, estime-t-elle, passe par une bonification de l’offre dans le réseau public. « Il faut absolument qu’on renforce le système public, c’est notre orientation, ça a toujours été le cas », a-t-elle martelé.