Les forces de l'ordre ont commencé vendredi matin l'évacuation d'un campement de 3000 à 4000 migrants installé en plein Paris, à proximité de la station de métro Stalingrad, dans les 10e et 19e arrondissements.
Selon la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, l'opération doit être terminée dans la journée. Elle était réclamée par la mairesse socialiste de Paris, Anne Hidalgo, qui avait écrit fin octobre aux ministres concernés pour insister sur son « absolue nécessité », afin de mettre fin à une « situation devenue insoutenable ».
« On a fait plusieurs recensements et nous pensons qu'il y a entre 3000 et 4000 personnes. Nous avons la capacité d'évacuer 4000 personnes si nécessaire, a dit Emmanuelle Cosse sur les ondes de France 2. On a des équipes sur place très importantes [...] Je pense que dans l'après-midi nous en aurons terminé. »
Sur place, le directeur général de l'Office français de l'Immigration et de l'Intégration (OFII), Didier Leschi, a pour sa part déclaré à Reuters s'attendre à prendre en charge « de 3500 à 4000 personnes ». « On a ce matin plus de 200 personnes bénévoles d'associations et de services de l'État qui nous aident à faire cette évacuation, des forces de police qui organisent le va-et-vient des bus », a précisé Emmanuelle Cosse.
Une porte-parole de la préfecture de police de Paris a déclaré à Reuters que l'opération se passait dans le calme. Ce que des reporters de Reuters sur place ont confirmé. « Pour l'instant, l'opération se passe bien », a aussi dit le directeur général d'Emmaüs Solidarité Bruno Morel, une des organisations non gouvernementales humanitaires qui assistent à cette évacuation.
Selon la préfecture de la région Île-de-France, 80 autobus ont été réquisitionnés et 600 policiers, mobilisés.
Dans un premier temps, de 500 à 600 personnes, essentiellement des Afghans, ont été évacuées du quai de Jemmapes, le long du canal Saint-Martin, à partir de 6 h.
La 30e évacuation
Peu après 7 h, un reporter de Reuters a vu des migrants conduits à des autobus, avenue de Flandres, non loin de la station Stalingrad. Filtrés par un barrage de CRS, ils sont autorisés à prendre sacs et valises avec eux. Ils doivent d'abord aller dans 80 centres temporaires en Île-de-France et, de là, s'ils sont admissibles à une demande d'asile, dans des centres d'accueil et d'orientation (CAO), a expliqué Christine Gauthier, responsable régionale du logement.
Selon Didier Leschi, des migrants devaient être dirigés vendredi vers des gymnases, et les transferts vers les CAO devraient commencer au début de la semaine prochaine.
« Il s'agit d'abord de rassurer les personnes, leur dire qu'il y a des possibilités pour après, a pour sa part déclaré Bruno Morel. Une fois dans les centres d'urgence, il faudra qu'ils puissent se reposer. Il faudra ensuite se poser pour examiner la situation de chacun. »
Selon la mairie de Paris, 120 personnes vulnérables (femmes avec enfants et familles) figurent parmi les migrants évacués. Ce campement a vu sa population exploser dans la foulée du démantèlement de celui de Calais, la semaine dernière. Une fois vidé, il doit être démantelé par les services d'entretien de la Ville de Paris, dit-on à la mairie.
« Ce sont des personnes arrivées très récemment en France, parfois depuis seulement quelques jours, parfois depuis quelques semaines », a expliqué la ministre du Logement.
« C'est la 30e opération d'évacuation à Paris », a souligné Emmanuelle Cosse, selon qui plus de 20 000 personnes ont été concernées à ce jour par ces opérations. Elle a estimé qu'il faudrait à l'avenir, pour éviter que de nouveaux campements se réinstallent à Paris, prendre en charge immédiatement les migrants, au fur et à mesure de leur arrivée, pour les envoyer dans des centres d'hébergement.
« La semaine prochaine ou dans les semaines à venir, un centre d'accueil provisoire va ouvrir en région parisienne, qui va être un sas », a précisé la ministre du Logement.
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