Dans le cadre de la formation du nouveau gouvernement, le président italien a ouvertement refusé de voir un eurosceptique arriver au ministère des Finances. Si le PS approuve, d'autres voix s'élèvent pour condamner un non-respect de la démocratie.
Refusant catégoriquement une présence eurosceptique au ministère italien de l'Economie et des Finances, le président Sergio Mattarella rejetait le 27 mai la liste gouvernementale proposée par Giuseppe Conte. Alors que ce dernier a rendu sa démission le jour-même, c'est Carlo Cottarelli, un ancien du FMI surnommé «Monsieur Ciseaux» qui a été chargé par le président de former un gouvernement technique le 28 mai.
Formations politiques et élus de la République française n'ont pas manqué de commenter ce rebondissement politique majeur, dans un pays où le vote s'était traduit par un rejet des élites politiques, permettant aux anti-immigration de la Ligue et aux antisystèmes du Mouvement 5 étoiles de proposer une équipe pour diriger le pays.
Certains ont salué le choix du président italien. De passage à l'antenne sur Europe 1, le porte-parole du Parti socialiste Boris Vallaud a ainsi partagé son enthousiasme en ces termes : «[Le président italien] a eu raison d'assumer pleinement sa fonction et ses prérogatives constitutionnelles.»
Le parti présidentiel, à travers la voix du député Damien Adam, s'est de son côté félicité d'une décision «pour le bien de l’Italie et de l’Europe».
On peut en tout cas féliciter l’action du président Italien Sergio Mattarella qui a refusé le gouvernement proposé par M. Conte comme le lui permet la constitution italienne pour le bien de l’Italie et de l’Europe
Moins optimistes, d'autres élus se sont inquiétés de la crise politique italienne actuelle.
Le responsable du bureau international de la France insoumise, Djordje Kuzmanovic, a par exemple dénoncé «une nouvelle ingérence insupportable de l'Union européenne et de l'Allemagne [dans les élections italiennes]».
En #Italie le rejet du gouvernement #Savona est une nouvelle ingérence insupportable de l'#UE et de l'#Allemagne
Cette offensive de l'ordolibéralisme fait écho à l'attaque contre la #Grèce et représente un déni de démocratie
Les prochaines élections seront un référendum anti #UE
La dirigeante du Front national, Marine Le Pen, s'est de son côté indignée d'une confiscation de la démocratie allant jusqu'à évoquer «un coup d'Etat».
L'Union européenne et les marchés financiers confisquent à nouveau la démocratie. Ce qui se passe en Italie est un coup d’État, un braquage du peuple italien par des institutions illégitimes.
Face à ce déni de démocratie, la colère des peuples grandit partout en Europe ! MLP
Nicolas Dupont-Aignan, fondateur de Debout La France, a également fustigé un «coup de force inacceptable contre la démocratie».
N. Dupont-Aignan✔@dupontaignan
Coup de force inacceptable contre la démocratie en #Italie. En refusant de nommer M. #Savona pour saboter un gouvernement élu par le peuple, les chiens de garde du système bafouent le vote des Italiens ! Soutenons le choix démocratique des citoyens face à cette manipulation !
Florian Philippot, le leader des Patriotes et ancien numéro deux du FN est aussi monté au créneau, saisissant l'occasion pour s'adresser aux «politiciens [français] qui se disent souverainistes mais refusent le Frexit». Il a tenu à rappeler l'axe majeur de son mouvement : la sortie de l'Union européenne.
Florian Philippot✔@f_philippot
Aux politiciens qui se disent souverainistes mais refusent le Frexit : toujours convaincus par votre « réforme de l’intérieur de l’UE », votre « bras de fer avec l’UE » en constatant ce qui se passe en Italie ? Vous y croyez vraiment ou vous trompez sciemment les gens ? Sortons !
En attendant la formation du gouvernement italien, le président italien Sergio Mattarella a rencontré Carlo Cottarelli, qu'il a chargé de former un gouvernement technique avant la tenue d'élections anticipées. Il devrait être chargé, notamment, d'élaborer le budget. Cet ancien haut responsable du FMI est surnommé «Monsieur Ciseaux» en référence à sa politique d'austérité budgétaire menée en 2013 sous le gouvernement d'Enrico Letta. Il ne cache par ailleurs pas son opposition frontale aux orientations économiques annoncées dans le programme de la coalition formée par le Mouvement 5 étoiles (M5S) et la Ligue.