Les consultations entourant le projet de réforme de la Charte de la langue française, piloté par le ministre Simon Jolin-Barrette, ont ramené à l’agenda l’épineux dossier de l’extension de la loi 101 au cégep, eu égard notamment à l’anglicisation galopante de Montréal et des immigrants.
À ce sujet, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, ne voit pas l’utilité d’étendre la loi 101 au cégep pour assurer la protection de la langue française au Québec, alléguant plutôt que « la solution, ça se passe au primaire et au secondaire », Selon lui, « la loi 96, telle qu’elle est écrite en ce moment, va assez loin ». Il attribue plutôt le mouvement des élèves du secondaire vers les cégeps anglophones en raison de leur piètre maîtrise de l’anglais à la fin de leurs études secondaires. Conséquemment, le ministre de l’Éducation propose d’accorder plus d’efforts sur l’amélioration du niveau de connaissance de l’anglais au primaire et au secondaire.
C’est ce que je qualifierais d’une fausse bonne idée. Dans mon livre à moi, les années du primaire et du secondaire doivent être surtout consacrées à la maîtrise de la langue maternelle et, en ce sens, les « efforts » doivent déployés autour de l’amélioration et de la maîtrise de la langue française À mon avis, si les jeunes optent de plus en plus pour le cégep anglophone à la fin de leur secondaire, c’est tout simplement parce qu’ils sont attirés par le halo que génère la langue anglaise sur le plan international.
Face à ces constats, je suis d’avis que le ministre d’Éducation du Québec qui, de son propre aveu, clame que la priorité « absolue » doit être mise sur le renforcement de la maîtrise du français par les élèves, devrait être le premier au gouvernement à proposer l’extension de la loi 101 au cégep, et redonner de la sorte au français ses lettres de noblesse.
En rappel sur vigile.quebec tribune libre le 10 mars 2020
Étendre la loi 101 au niveau collégial
Ouverture par le Cégep Gaspé et des Îles d'un campus anglophone à Montréal, projet de cégep bilingue à Vaudreuil-Dorion, il n’en fallait pas davantage pour que le débat sur l’étendue de la portée de la loi 101 au niveau collégial refasse surface sur la forme, cette fois, d’une pétition menée par le Mouvement Québec Français.
« Le collégial français est en voie de minorisation dans l'île de Montréal… Il faut cesser de financer par nos propres fonds publics l'anglicisation du réseau collégial », estime Maxime Laporte, président du Mouvement.
À cet effet, la pétition mentionne spécifiquement que «la non-application de la loi 101 au cégep est la plus grande porte ouverte à l'anglicisation au Québec » et que « les inscriptions dans les programmes préuniversitaires anglophones, à Montréal, sont en voie de surpasser celles des cégeps français ».
Le débat sur l’étendue de la loi 101 dans les cégeps ne datent pas d’hier. La plupart des gouvernements précédents, notamment les libéraux, se sont heurtés au lobby anglophone sur cette question épineuse et ont finalement reléguer le dossier aux calendes grecques.
Or, le gouvernement Legault a évoqué l'automne dernier la possibilité de renforcer la Charte de la langue française, lui qui a déjà réinvesti en francisation des immigrants. À mon avis, l’occasion est idéale pour ce gouvernement qui se dit nationaliste de mettre un frein à cette escalade de l’anglicisation des cégeps de la région métropolitaine de Montréal.
Henri Marineau, ex-enseignant en français au secondaire, Québec
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