Les États-Unis restent déterminés dans leur mission en Afghanistan nous dit le secrétaire à la défense, Robert Gates, après la démission du général McChrystal comme chef de la coalition internationale qui combat les Talibans.
Déterminés à faire quoi? Déterminés sans doute à sauver la face. C'est tout ce qui reste à sauver du désastre afghan. Les Américains ne veulent pas sortir de Kaboul la queue entre les pattes comme ils ont fui Saïgon en 1975.
La guerre est perdue. Le général McChrystal l'a compris et il s'est arrangé pour se faire virer. Sinon comment expliquer son comportement? Il se saoule avec ses principaux adjoints en présence d'un journaliste de Rolling Stone sans lui signifier que ce qui serait dit pendant la beuverie serait «Off the record». Mieux, il confirme les propos méprisants pour les conseillers du président Obama lorsque le magazine le contacte pour s'assurer que lui et son entourage ont été bien cités par le journaliste.
McChrystal ne portera donc pas le chapeau de la défaite. Il laisse la place à son supérieur le général David Petraeus qui va assumer la direction des opérations en Afghanistan. C'est comme prendre le commandement du Titanic après sa collision avec l'iceberg. Rien de ce que les Américains ont tenté de faire dans le pays n'a fonctionné.
Les États-Unis ne savent plus très bien eux-mêmes ce qu'ils font dans ce pays.
Ils disent qu'ils sont en Afghanistan pour vaincre Al Qaeda. Or, il n'a plus de membres de cette organisation terroriste dans ce pays. Depuis 2002, Al Qaeda est basée au Pakistan.
À l'origine, ils ont envahi le pays pour chasser les Talibans dirigés par le Mollah Omar du pouvoir et le remplacer un gouvernement démocratique et favorable à Washington. Le gouvernement fantoche d'Hamid Karzaï qu'ils ont mis en place est complètement corrompu. Pour être réélu, l'année dernière il a eu recours à la fraude électorale sur une grande échelle. Le frère du président est un trafiquant de drogue notoire. Karzaï affirme qu'il ne fait plus confiance aux Américains au point où il a déclaré il y a quelques mois qu'il était lui-même disposé à se joindre aux Talibans si l'aviation américaine ne cessait pas de massacrer des civils.
Malgré neuf ans de guerre, les Talibans sont plus forts que jamais. Pourquoi? Parce qu'ils ont l'appui de la population dans laquelle, ils se déplacent comme des poissons dans l'eau pour reprendre l'expression de Mao. Mais aussi parce qu'ils peuvent compter sur les services secrets militaires pakistanais pour leur entrainement, leurs équipements, leur ravitaillement et leur financement. Le Pakistan, le principal allié des États-Unis dans la région, est derrière la guérilla talibane. Et c'est sur son territoire que se préparent les principaux attentats terroristes commis à travers le monde. Malgré tout ça, Washington considère l'Iran, qui est aussi l'ennemi des talibans, son principal ennemi dans la région.
Les Américains sont engagés dans une spirale de désastres diplomatiques et militaires.
Ils sont en train de perdre la Turquie à cause de leur appui inconditionnel aux Israéliens dans l'affaire de la flottille humanitaire de Gaza. Leur alignement avec Israël va leur coûter plusieurs autres pays musulmans dont les opinions publiques sont un tsunami refoulé de haine et de ressentiment qui ne pourra pas être contenu encore longtemps. Le Pakistan risque d'être le prochain barrage à céder. Un très gros morceau cette fois. 170 millions d'habitants et l'arme nucléaire. Et il y a les menaces de guerre en Corée. Les États-Unis n'ont pas les capacités militaires et encore moins les moyens économiques de faire face à de telles situations.
De revers en revers, la population américaine se radicalise à droite. Le parti républicain, et le mouvement populiste Tea Party ont perdu tout contact avec la réalité. Cette droite confuse, idiote, et sans doute majoritaire dans le pays, favorise des politiques belliqueuses sur le plan international tout en réclamant des réductions draconiennes d'impôts et le dépérissement de l'État fédéral américain. Comprenne qui pourra. Nous allons assister au cours des années qui viennent à l'accélération du déclin de l'empire américain.
États-Unis : L'échec afghan et la spirale du déclin
Nous allons assister au cours des années qui viennent à l'accélération du déclin de l'empire américain.
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