Donc, depuis que Nicole Belloubet nous l’a révélé, nous savons que, désormais, certains enfants auront deux mères, et, très rapidement, elle ou un nouveau garde des Sceaux (Marlène Schiappa dans le second quinquennat Macron ?) nous vendra les enfants à deux pères. Et on aura droit à de touchants témoignages de mères porteuses au 20 Heures pour faire passer le morceau.
Les futurs candidats progressistes ont là leur kit de campagne tout prêt, qui marche à chaque fois : c’est social (on met de l’égalité, on répond à des situations « compliquées »), c’est juridique (on traficote un peu plus le Code civil) et c’est super vendeur sur le plan politique ; ça vous hisse un mauvais gouvernement en difficulté en leader du progrès face aux forces obscures. Cela permet, surtout, d’éviter les vrais problèmes, dans ce domaine (l’explosion des familles mono-parentales, celle de la délinquance qui devrait être la mission première du ministre de la Justice) comme dans les autres. Et puis c’est un feuilleton au plein sens du terme, puisque chaque épisode contient en soi le suivant, en créant une « inégalité ».
Mais alors, après la PMA pour 2019 et la GPA qui va suivre, quel sera le prochain épisode ?
LMPT souligne à juste titre la rupture d’égalité entre enfants, avec ces enfants que l’on privera délibérément de père ou de mère. Un jour, d’une façon ou d’une autre, ils demanderont des comptes, c’est certain.
Mais on voit moins rarement posée la question de l’inégalité dans l’autre sens, à la fois pour les couples et les enfants.
En effet, si des enfants, un jour, jaloux de ces autres enfants à deux pères ou deux mères, souhaitaient eux aussi bénéficier de ce droit ? Sans pour autant congédier l’un de leurs deux parents. Avec les histoires « compliquées », il y aurait certainement beaucoup de revendications légitimes de cet ordre : un enfant pourrait très bien vouloir que son père puis le beau-père qui se serait ensuite occupé de lui soient ses deux pères. La question de la polyparentalité se posera forcément très rapidement.
Ne doutons pas qu’elle sera d’abord mise sur la table par les adultes – ces grands enfants – puisque le Code civil est chamboulé au gré de leurs désirs. Le polyamour n’est plus une nouveauté. Et l’on ne voit pas pourquoi un ou une bisexuelle n’exigerait pas que deux partenaires figurent avec lui comme parents de leur enfant.
En fait, du livret de famille avec une double page « père-mère » et plusieurs pages réservées aux enfants du couple, on va passer au livret de famille comportant x pages pour ces poly-parents. On pourra même y inscrire les mères porteuses, si les deux pères le souhaitent avec elle !
À moins qu’on ne recentre ce livret sur l’enfant unique qui choisira, au gré des aléas de ses poly-parents, lesquels conserver et desquels divorcer. Car, si on veut aller au bout de cette logique du droit qui doit coller aux réalités des familles, on devrait exiger un livret de famille évolutif.
On ne saura plus vraiment qui est l’enfant de qui. Mais, de toute façon, ce n’est plus important.
Alors, après la PMA et la GPA, le DPP (Droit à la Poly-Parentalité). Et, bien sûr, cerise sur le gâteau de mariage, la PGA, la PolyGAmie !
Vous pensez que je fabule en cette fin d’été ?
Dans une tribune stimulante publiée par Le Monde le 15 août, Jean-Pascal Gayant, professeur de sciences économiques au Mans et à Rennes 2, réfléchissant aux profonds changements affectant le mariage monogamique occidental, reconnaît qu’il fut la « pierre angulaire de la civilisation gréco-latine et un puissant dispositif de stabilité sociale ». Il conclut qu’avec l’évolution enclenchée par la loi Taubira, « il n’existe plus aucune raison de restreindre les contrats d’unions institutionnelles à deux individus seulement. Il n’est alors pas exclu de voir émerger la revendication de possibilité d’unions de plus de deux personnes, […] Par un singulier revirement, la polygamie […] ferait alors un retour par la petite porte de l’histoire. »
Allez, vite, une loi sur la « polygamie pour tous ». Et pour toutes, évidemment !