Et Dieu dit: « Tu tueras ! »

ECR - Éthique et culture religieuse



Je suis gêné. Encore largement, et sans complexe, « jésuïste », proche par ailleurs de la Foi bahaïe (1) est-ce à moi de dénoncer la complaisance que je constate, même chez les athées les plus militants, envers ce qui, selon moi, est devenu une flagrante incompatibilité entre les grandes religions et les Droits de la personne humaine (DPH, Droits « de l’homme ») ?
Jésuïste ? Si je voulais définir ce mot en plaisantant je dirais que, depuis le cours donné par Benoît XVI en septembre 2006 à l’université de théologie de Ratisbonne je me sens plutôt « à l’aise dans l’Harnack » (2) Plus sérieusement : né dans une famille très catholique, mais ayant abandonné le christianisme, je suis resté admirateur du prophète juif Jésus, dont toute la vie et l’enseignement me semblent avoir eu pour objectif, en plus de l’élaboration d’une morale qu’on nommera plus tard abusivement les « valeurs chrétiennes », l’élimination de la violence religieuse.
Je reconnais pourtant qu’il y a quelques expressions ambiguës et même violentes, ici et là dans son discours (Fiammetta Venner, PC 38 p 29, 30) mais je pense qu’elles peuvent se ramener toutes à ce sens : « Ce que je dis va fortement déplaire, bouleverser, mettre en colère. On se chamaillera à cause de moi dans les familles, on ira parfois jusqu’à s’entretuer; il faut peut-être passer par là pour débarrasser notre religion de sa violence ». Mais je ne vois jamais, dans le message de Jésus, un APPEL à commettre des crimes au nom de Dieu, ou une parole qui les justifie. Il n’en est pas de même dans le message du christianisme diffusé en son nom après sa mort.
Dans la religion hébraïque, exprimée par l’Ancien Testament (AT), les crimes prétendument commis par Dieu ou pour obéir à ses ordres sont très nombreux. Ces ordres y sont eux-mêmes beaucoup plus nombreux que dans le Coran. C’est ainsi que, selon le Pentateuque, l’ensemble des cinq livres fondateurs, Dieu anéantit les cités de Sodome et Gomorrhe (Gen 19, 23), fait tuer tous les premiers-nés d’Egypte (Ex 12, 29), donne l’ordre à Moïse de massacrer son peuple qui a adoré le veau d’or (Moïse plaide pour une moindre tuerie et n’exécute finalement « que » 3000 de ses compagnons) (Ex 32, 21), ordonne l’extermination des Madianites (Nb 31), demande à son peuple de se préparer pour l’extermination des Cananéens (Deut 7-20)… Plus tard, les disciples de Jésus, qui ont vu en lui le Christ, le Messie annoncé dans l’AT, ont longtemps hésité sur l’adoption des Livres sacrés de la nouvelle religion : les Evangiles seulement ou, aussi, les Livres de l’AT ? Ils ont finalement opté pour les deux et, comme pour les juifs qui ont refusé de suivre Jésus, la conception criminogène de Dieu est pour eux restée sacrée.
A enseigner comme telle dans la nouvelle religion. Avec toutefois cette nuance importante, l’intégration de cette partie du message de Jésus : Dieu, désormais, n’appelle PLUS à massacrer des individus et des peuples. C’est là l’un des éléments constitutifs de la schizophrénie engendrée par l’Eglise chrétienne, car le nouveau dogme de « Jésus homme Dieu » l’a amenée à considérer logiquement que ceux qui l’avaient condamné à mort étaient déicides. Mais elle n’a pas arrêté là sa folie interprétative. Elle a décidé que ce n’étaient pas seulement les quelques juifs qui, avec Pilate, avaient effectivement prononcé la sentence qui se faisaient ainsi déicides mais aussi tous leurs contemporains juifs qui refusaient le nouveau dogme. Puis elle est allée beaucoup plus loin encore : seraient aussi déicides tous leurs descendants. Et pas seulement jusqu’à quatre générations (chiffre significatif pour le Dieu jaloux du Décalogue, on y reviendra) : presque vingt siècles plus tard ceux des Juifs qui ne s’étaient pas convertis étaient encore considérés comme déicides par le catholicisme.
Au 7e siècle, dans un autre contexte, le nouveau prophète Mohamed supprimera la réserve (c’est fini, Dieu ne demande PLUS de tuer) et, dans une parfaite continuité, sur ce point, avec les deux religions précédentes, il confirmera que la conception criminogène de Dieu reste sacrée. Son message -- selon la tradition islamique simple reproduction de celui, valable pour l’éternité, que Dieu garde dans les cieux -- commandera : à propos de ceux qui « luttent contre vous » (qui croyez) et qui « transgressent les Lois de Dieu » : « Tuez-les partout où vous les rencontrerez » (sourate II verset 191) ; à propos des « hypocrites », des « incrédules » qui « se détournent du chemin de Dieu » : « Saisissez-les, tuez-les partout où vous les trouverez » (s IV v 89) ; « Tuez les polythéistes » (s IX v 5)… (3)
Les juifs restés fidèles à la religion de leurs ancêtres inventeurs de la violence « voulue par Dieu » mais n’ayant pas, comme les membres des autres religions, mission d’étendre la leur sur toute la terre seront beaucoup moins guerriers, au moins jusqu’au vingtième siècle, époque de la conquête du nouvel Israël sur la terre « donnée par Dieu au peuple juif ». Ils subiront durablement la haine des chrétiens et des musulmans, ainsi que les mauvais traitements – pas tous directement engendrés par la religion – qui culmineront dans le génocide nazi, la plus ignoble extermination humaine de toute l’histoire. Comme les chrétiens et les musulmans, les juifs religieux ont cependant dû assumer, jusqu’à nos jours, la nature schizophrénique des croyants du monothéisme : croire pour eux-mêmes et transmettre à leurs descendants que Dieu commande à la fois le meilleur et le pire.
J’en ai trouvé une illustration là où je m’y attendais le moins. Au 12e siècle, alors qu’Averroès soulignait pour l’islam l’importance de la philosophie grecque et la nécessité de considérer la philosophie et la foi comme complémentaires, le grand penseur juif Maïmonide entreprenait à peu près la même chose pour le judaïsme. J’ai étudié en groupe, dans une synagogue, son GUIDE DES EGARES. Un texte particulièrement riche, novateur, ouvrant des horizons, un stimulant pour l’esprit. J’y ai trouvé aussi, cependant, un passage plus que dérangeant (mais qui semblait ne déranger personne). Pour Maïmonide, Dieu, « parfait en actes », intervient bien pour exercer ou commander de très justes massacres d’êtres humains : « Nous trouvons, au nombre de ses actions qui se manifestent sur les hommes, de grandes calamités qui fondent sur les individus pour les anéantir, ou qui enveloppent dans leur destruction des familles, et même une contrée entière, font périr plusieurs générations à la fois et ne laissent ni culture ni progéniture, comme, par exemple, les croulements de sol, les tremblements de terre, les foudres destructrices, L’EXPEDITION FAITE PAR UN PEUPLE CONTRE UN AUTRE POUR LE DETRUIRE ET POUR EFFACER SA TRACE (4).
Ces actions de Dieu « sont nécessaires pour gouverner les états ; car la suprême vertu de l’homme est de se rendre semblable à Dieu autant qu’il le peut, c’est-à-dire que nous devons rendre semblables nos actions aux siennes ». Maïmonide donne même ici une intéressante explication sur la fameuse précision contenue dans le Décalogue : « je suis un Dieu jaloux, châtiant la faute des pères sur les fils, sur la troisième et sur la quatrième génération » (Ex. 20,5). « On s’est borné », dit Maïmonide, « à quatre générations, parce que l’homme ne peut voir de sa postérité que tout au plus la quatrième génération. Ainsi, lorsqu’on tue la population d’une ville livrée à l’idolâtrie, on tue le vieillard idolâtre et sa race jusqu’à l’arrière-petit-fils, qui est l’enfant de quatrième génération. On a donc, en quelque sorte, indiqué qu’au nombre des commandements de Dieu, QUI INDUBITABLEMENT FONT PARTIE DE SES ACTIONS (4) est celui de tuer les descendants des idolâtres, quoique jeunes enfants, pêle-mêle avec leurs pères et leurs grand-pères ».
Maïmonide précise que Dieu commande ces massacres « en raison du démérite de ceux qui sont punis ». On ne doit en aucun cas y voir « des actions comme celles qui, chez nous, émanent d’une disposition de l’âme, savoir, de la jalousie, de la vengeance, de la haine ou de la colère » ; « celui qui gouverne l’état, s’il est prophète », doit bien « faire disparaître tous ceux qui se détournent des voies de la vérité », « un acte qu’exige la raison humaine » mais il doit le faire en prenant Dieu pour modèle et en tentant d’oublier ses mauvaises motivations humaines « à tel point qu’il doit ordonner de brûler un individu, sans éprouver contre lui ni indignation, ni colère ni haine, n’ayant égard, au contraire, qu’à ce qu’il lui paraîtra avoir mérité, et considérant ce que l’accomplissement de cet acte a de souverainement utile pour la grande multitude ». Maïmonide ajoute enfin, comme le font presque toujours les auteurs de textes justifiant la violence attribuée à Dieu : « Malgré tout cela, il faut que les actes de miséricorde, de pardon, de commisération et de bienveillance, émanent de celui qui gouverne l’état, bien plus fréquemment que les actes de punition » (5).
Cette manière ancienne de confirmer et justifier, d’assumer LES DEUX VOLETS de toutes les religions – celui qui préconise l’épanouissement des plus altruistes, des plus pacifiques vertus humaines ET le volet criminogène – n’est plus guère utilisée de nos jours (6). Toutes les religions confirment cependant, chacune à sa manière, que la conception criminogène de Dieu, vieille de 3000 ans, reste valable, inattaquable. Dans le catéchisme de l’église catholique (7) à propos de l’Ancien Testament on dit ceci : « Dieu n’est en aucune façon, ni directement ni indirectement, la cause du mal moral » (311). Mais on y affirme également le contraire : « Dieu a inspiré les auteurs humains des livres sacrés. En vue de composer ces livres sacrés, Dieu a choisi les hommes auxquels il eut recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs moyens, pour que, Lui-même agissant en eux et par eux, ils missent par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à son désir, ET CELA SEULEMENT. » (106, c’est moi qui souligne).
Une telle affirmation, répétée en plusieurs endroits, signifie clairement que c’est bien Dieu qui a voulu, exercé ou commandé toutes les horreurs qui lui sont attribuées dans la Bible, telles que l’extermination effective des Cananéens rapportée dans le Livre de Josué (un Livre, précise le catéchisme, resté aussi saint que tous les autres de l’AT). En tenant à réaffirmer que les catholiques doivent toujours croire cela le cardinal Ratzinger, président de la Commission de préparation du catéchisme et futur pape Benoît XVI, alimentait la guerre interreligieuse plus sûrement et plus durablement que dans ses propos de Ratisbonne. Il confirmait que la conception criminogène de Dieu reste bien une « valeur chrétienne », comme elle reste depuis 3000 ans une « valeur juive », comme elle reste une « valeur islamique » depuis la création de l’islam.
Chacune des religions étant convaincue qu’elle est la bonne et que les autres sont dans l’erreur, chacune garde donc intactes ses propres raisons de faire la guerre mais « pour la bonne cause », laquelle est décrite par Dieu très différemment, voire sous des aspects très exactement opposés, à chacune des religions. C’est ainsi, pour prendre un exemple vieux de 3000 ans et toujours très actuel, que la terre d’Israël appartient bien aux Juifs puisqu’ils ont lu dans la Bible, sacrée sur ce point comme sur tous les autres, que Dieu la leur a donnée. C’est une justification suffisante à l’existence de l’actuel état d’Israël. Mais, comme le rappelait récemment un représentant du Hamas, c’est aux Palestiniens qu’appartient cette terre, puisqu’ils ont lu dans le Coran, toujours intégralement sacré, que c’est à eux que Dieu l’a donnée. C’est donc bien une raison suffisante pour décréter la nécessité de faire disparaître l’actuel état d’Israël. Chacun peut comprendre que, si rien ne change sur ce point précis, DANS LES BASES SACREES DES DEUX RELIGIONS, les raisons de faire la guerre seront toujours intactes dans 3000 ans.
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Malgré de telles certitudes on n’exprime toujours pas, parmi les représentants dits « modérés » des religions, parmi les simples croyants authentiquement pacifiques, ni même chez ceux qui sont PACIFISTES, la nécessité de désacraliser la violence religieuse. Plus curieusement encore, à l’extérieur, les états démocratiques qui accordent les droits et les moyens de pratiquer les cultes, les philosophes, les athées les plus exigeants n’exigent toujours pas que les institutions religieuses rejettent clairement leur conception criminogène afin de rendre leur religion compatible avec les DPH. Je suis bien d’accord avec Abdennour Bidar (qui par ailleurs défend très bien la philosophie, la liberté d’expression et le devoir d’écouter la parole de l’autre) : chez la grande majorité des enfants d’aujourd’hui du prophète Mohamed « et quand bien même celui-ci a été un chef de guerre », « on trouvera l’éducation au partage, à l’accueil, le sens de la générosité, la culture de l’exigence morale envers soi dans une épreuve -le jeûne- particulièrement difficile, la pratique d’une spiritualité douce et vivante » (PC 38 p 43). Mais CE N’EST PAS LA QU’EST LE TRAGIQUE PROBLEME actuellement posé par les religions et rappelé (mal) par Robert Redeker, à qui A. Bidar écrit sa Lettre ouverte. Ce problème peut se résumer ainsi: ceux des croyants, fussent-ils très minoritaires qui, pour des raisons diverses – et ce qu’elles sont n’a ici AUCUNE IMPORTANCE – cherchent dans les bases sacrées de leur religion des raisons de tuer des êtres humains les trouvent-ils ? La réponse est oui, très clairement OUI.
Et il en est ainsi dans toutes les religions. Il n’y a pas là-dessus de différence essentielle, pas le moindre « choc » entre les civilisations judéo-chrétienne et islamique. C’est très explicitement que des terroristes tuent au nom de Dieu. C’est très explicitement que des textes sacralisés par leur religion font dire à Dieu qu’il commande de tuer. C’est très explicitement que LES PLUS HAUTS RESPONSABLES de ces religions maintiennent qu’il s’agit bien là de la parole de Dieu. C’est là qu’est leur plus manifeste tricherie : ils continuent de prétendre qu’il n’y a qu’un problème d’interprétation DE LECTEUR. Il faut donc obtenir d’eux qu’ils CHANGENT leur interprétation de PRESENTATEURS et D’ENSEIGNANTS, de TRANSMETTEURS, qu’ils affirment désormais très explicitement le contraire de ce qu’ils enseignaient : « quand il y a appel au meurtre dans nos textes sacrés ÇA N’EST PAS LA PAROLE DE DIEU ». Notre époque, qui affronte incontestablement des problèmes de violences nouvelles – par leur forme, leur intensité, leur complexité – a au moins le clair devoir de transmettre aux générations futures – enfin ! – cette radicale réforme.
Ajoutons que, lorsque le problème de la violence sacralisée est posé d’une manière ou d’une autre – par exemple par des caricatures danoises reproduites dans Charlie Hebdo ou par une libre opinion du Figaro – et que des responsables religieux, au lieu de se consacrer à leur urgente tâche exposée ci-dessus, s’en prennent prioritairement – et le plus souvent inter-religieusement – à ceux qui dénoncent les causes de cette violence, allant jusqu’à les faire poursuivre en justice, ils ajoutent l’hypocrisie et la honte à leur irresponsabilité. Il faut en finir avec cette attitude « religieusement correcte » qui veut qu’en matière religieuse ce soient toujours les « dignitaires » (comme on dit significativement) qui soient, a priori et a posteriori, respectables et les « blasphémateurs » qui ne le soient pas. Même quand ce sont les premiers qui, contre la violence, ne font pas ce qui est en leur pouvoir – et devient de ce fait leur DEVOIR – et les seconds qui maintiennent les esprits en éveil afin que l’horreur ne se banalise pas.
La pérennité de la violence religieuse n’est nullement fatale mais, si nous sommes habituellement si timorés dans notre volonté d’en éliminer les bases théologiques, c’est qu’on ne sait pas bien comment s’y prendre pour faire « abroger » les « passages violents » (Fiammetta Venner, PC 38 p 30) des textes sacralisés par les religions. C’est peut-être aussi et surtout parce qu’on n’ose pas dire aux croyants l’importance de l’indispensable réforme, de peur de leur faire croire qu’on veut s’en prendre au tout de leur religion. Or il n’y a que le volet criminogène à éliminer dans celle-ci, évidemment pas le volet pacifiant.
Mais il faut dire sans détour que cela implique une radicale mise en cause de la vieille triade de base DIVINISATION / SACRALISATION / DOGMATISATION de pensées et d’actions humaines, la prise de conscience et l’acceptation par chacun que les prophètes, fussent-ils les plus grands, ont pu se tromper et, de fait, SE SONT, sur certains points, EFFECTIVEMENT TROMPES, ce que l’évolution des êtres humains, croyants ou non, leur réflexion, leur(s) histoire(s), leurs constats de drames et d’impasses leur ont démontré. Comme le dit A. Bidar « on ne peut demander à un texte vieux de 14 siècles d’être complètement en phase avec nous » (PC 38 p 43). C’est encore plus vrai pour un texte vieux de deux millénaires et demi comme l’AT. Aussi le problème n’est-il PLUS dans la Bible, dans le Coran ou dans les textes des Pères fondateurs des religions, lesquels se préoccupaient essentiellement de créer de nouveaux dogmes. Il est dans ce que font, AUJOURD’HUI, de ces textes, LES INSTITUTIONS RELIGEUSES D’AUJOURD’HUI.
Ecrivant récemment à Elie Barnavi après avoir lu son récent livre sur LES RELIGIONS MEURTRIERES (8) et prenant pour modèle les titres de ses chapitres, qui sont aussi ceux de neuf thèses, je lui proposais ainsi les miennes (ici légèrement modifiées) :
- la violence religieuse effective est toujours à la fois épouvantable ET BANALE puisque les religions continuent d’enseigner que Dieu la commande ou l’a commandée
- ce sont les institutions religieuses qui continuent de croire FONDAMENTAL de maintenir INTEGRALEMENT sacrés leurs textes contenant les bases de la violence religieuse
- la nécessaire désacralisation de la violence religieuse suppose une radicale révision, PAR LES INSTITUTIONS RELIGIEUSES, de leur propre interprétation de leurs propres textes sacrés.
- le maintien de la conception criminogène de Dieu, jadis sacralisée, et celui de la théologie criminogène qui la dogmatise ne sont nullement fatals
- la paix et la défense des Droits de la personne humaine sont impossibles sans le rejet de la théologie criminogène
- les sociétés défendant les Droits de la personne humaine doivent exiger des institutions religieuses qu’elles rejettent officiellement et sans ambiguïté la théologie criminogène
- le combat pour la désacralisation de la conception criminogène de Dieu n’est pas un combat contre les religions
- le CHOC DES CONCEPTIONS (criminogène et pacifiste) AU SEIN DES RELIGIONS est le plus sûr moyen d’éviter le CHOC DES CIVILISATIONS
- c’est en exigeant d’abord la désacralisation de la violence dans leur propre religion que les croyants pourront entraîner les pacifistes des autres religions dans la même exigence.
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Disons enfin que le problème ne concerne pas les responsables politiques au seul échelon national. L’attentat contre le World Trade Center a été perpétré alors que l’ONU venait de lancer une « décennie pour l’éducation à la non-violence ». Les militants à l’origine de cette initiative n’avaient pas cru devoir faire inscrire au programme la DESACRALISATION DE LA VIOLENCE RELIGIEUSE. Elle doit devenir une exigence de tous les habitants pacifiques de la planète, qu’ils soient croyants, agnostiques ou athées. Faute de quoi le « facteur Dieu » resterait bien, comme le disait un écrivain Prix Nobel de littérature quelques jours après le 11 septembre 2001, « la plus criminelle des inventions » (9).
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(1) cette religion née au 19e siècle dans la Perse islamique et fanatique, et dont le prophète fondateur annonça que « la guerre sainte est effacée du Livre », ce qui, selon moi, n’est pas rien.
(2) PC 38 p 20. Faisant dans ce texte plusieurs références au numéro 38 (octobre 2006) de la revue ProChoix j’y renverrai ainsi. Dans son exposé de Ratisbonne le pape condamnait la conception du théologien Adolf von Harnack (1851-1930) trop exclusivement axée selon lui sur les valeurs humaines de Jésus, conception qui, selon Benoît XVI, serait maintenant dangereusement partagée par bon nombre de croyants.
(3) LE CORAN, éditions Gallimard, La Pléiade 1967
(4) c’est moi qui souligne
(5) toutes ces citations sont extraites de l’édition Verdier en un volume (1979) du GUIDE DES EGARES de Maïmonide (première partie, chap. 5, p 126 à 128)
(6) on trouvera une exception notable dans le livre AL-QAÏDA DANS LE TEXTE (PUF 2005), où Gilles Kepel et Jean-Pierre Milelli rassemblent des écrits de l’organisation terroriste. Les théoriciens de « La Base » y expliquent longuement pourquoi il faut tuer beaucoup de monde sur la terre pour y établir le règne de Dieu.
(7) éd. Centurion/Cerf/Fleurus-Mame, 1998
(8) éd. Flammarion, 2006
(9) José Saramago, dans Le Monde du 22 septembre 2001
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30 mars 2007, Pierre Régnier
(ancien militant de la JOC, du PSU et d’ATTAC. Ancien Secrétaire National du Syndicat CFDT de la Radiotélévision française de service public)
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(*) note du 29 juin 2010 : Ce texte a été proposé au printemps 2007 à la revue Prochoix animée par Fiammetta Venner et Caroline Fourest.
- Parce que j’attends depuis trois ans et demi qu’elles me disent si elles ont l’intention de le publier,
- parce que le sujet est redevenu très actuel, en France, après les nouvelles complicités officielles dans l’islamisation du pays,
- parce que de nombreux « responsables » de la « Gauche » française ont traîné dans la boue ceux qui résistent à cette islamisation en défendant la laïcité menacée,
- parce que de nombreux journalistes des grands médias en ont rajouté dans les complicités et dans les honteuses accusations des résistants,
- parce que je constate que, sur le même sujet, la situation est au Québec semblable à celle de la France,
- parce que c’est sur Centpapiers que j’ai publié mon premier article sur le sujet… j’ai cru bon de proposer ici ce texte qui n’a pas été publié par la revue pour laquelle je l’avais écrit.
PIERRE RÉGNIER
(NDLR: Ce texte a été proposé par l’auteur sous le titre: « Contre la violence religieuse, pourquoi si peu d’exigence ? »

Squared

Pierre Regnier1 article

  • 322

Je suis né en 1938, quelques semaines avant Munich. J’ai milité jadis à la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne), plus tard au PSU et à la CFDT. Au sein de cette confédération j’ai été, juste avant le démantèlement de l’ORTF en 1974, l’un des Secrétaires Nationaux du syndicat de la radio-télévision de service public. J’ai publié en 1986, en collaboration avec deux amis, "Le Gâchis audiovisuel" aux Editions Ouvrières (devenues Editions de l’Atelier). A de nombreuses reprises pendant des années j’ai tenté, par la proposition de libres opinions à la presse, de convaincre qu’il faut "désacraliser la violence religieuse". J’ai constaté un triple refus (des responsables religieux, politiques et médiatiques) de prendre en compte cette nécessité selon moi évidente. C’est seulement sur des sites Internet (citoyens, républicains, laïques, religieux individuels) que j’ai réussi à l’exprimer.





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