Vous avez vu les chiffres du recensement 2016 de Statistique Canada ? Est-ce assez déprimant à votre goût ? Les grands titres donnent froid dans le dos : L’usage du français recule !
Mais je me pose une question : si nous aimons le français, comme nous prétendons l’aimer, pourquoi le massacrons-nous ? Il n’y a pas de pire ennemi du français que les francophones eux-mêmes. Pourquoi, en plus d’être francophones, ne sommes-nous pas aussi des francophiles ?
Do you speak français ?
Si nous nous inquiétons autant de l’anglicisation, pourquoi ponctuons-nous nos discours de mots et de tournures anglaises ?
Pourquoi personne ne dit un mot quand un chef connu appelle son nouveau resto Foodchain ?
Pourquoi célèbre-t-on à chaque Saint-Jean la beauté de la langue française si c’est pour la piétiner les 364 autres jours de l’année ?
Vous vous souvenez, il y a quelques années, quand le groupe La Chicane dans sa chanson Calvaire, chantait «mes erreurs les plus pires» ? Ils avaient fait rire d’eux.
Dans sa chanson Au 1036, le beau chanteur Claude Bégin (qu’on voit en petite tenue dans Cheval-Serpent) fredonne : «Mais où ce qu’on va aller ? Où c’est qu’on va se sauver ? [...] Quessé qu’on fait encore là ? Juste à cause que nous on change pas ?»
Personne, à aucune étape de la production de l’album, ne lui a signalé qu’on ne disait pas «à cause que», mais «parce que» ?
Pourquoi Yulorama, ce sympathique blogue qui nous fait découvrir des bonnes adresses montréalaises, me propose-t-il sa nouvelle section «Dans mon hood, les crèmes glacées de nos quartiers» ?
Si le mot «quartier» existe, pourquoi utiliser le mot «hood» ?
Si les mots «meilleur ami» existent, pourquoi dire «BFF» ?
Si les mots «Oh mon Dieu» existent, pourquoi dire «OMG» ?
Pourquoi personne ne dit un mot quand un salon de barbier dans mon quartier s’appelle Scotch and Scissors ?
Pourquoi quand la préposée de mon concessionnaire automobile m’appelle pour une vidange d’huile me dit-elle toujours : «On va céduler un rendez-vous. Appelez-moi si vous devez canceller».
Pourquoi le compte Twitter d’une grande créatrice de mode québécoise est-il majoritairement en anglais et pourquoi m’a-t-on souhaité une bonne Saint-Jean... en anglais cette année ?
Pourquoi tant de personnalités québécoises ont-elles recours à l’anglais sur leurs médias sociaux ? Comme cette jeune féministe, qui fait carrière au Québec, mais met toutes ses notes biographiques en anglais sur ses comptes Twitter et Instagram (Candidate, writer, documentarist, co-host, author) ? A-t-elle besoin de «love» ?
Pourquoi cette boutique de mode en plein cœur d’Outremont écrit-elle uniquement en anglais sur son compte Instagram ? Le jour où Justin Trudeau a fait la une du magazine Rolling Stone, ils ont écrit : «We love you #styleiseverything #proudlycanadian».
En 2017, c’est ça «être fier d’être canadien» ?
La question qui tue
Pourquoi, quand vient le temps de défendre le français, parle-t-on des deux côtés de la bouche ?
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé