Espionnage et manipulation des Québécois

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Il n'y a plus de vie privée


Nous nous faisons de plus en plus espionner. Avec la complicité de nos gouvernements. Cet espionnage prend des proportions considérables. Il met en danger nos institutions démocratiques.  


Samedi, Le Journal nous apprenait que les conversations des passagers dans les autobus longue distance Keolis d’Orléans Express sont espionnées. Elles sont enregistrées et conservées pendant 90 jours. La compagnie invoque de vagues motifs de sécurité pour justifier ces enregistrements.   


Qui est propriétaire de la firme Keolis ? La Société nationale des chemins de fer français à 70 % et, tient donc, la Caisse de dépôt et placement du Québec, à 30 %.   


La même Caisse de dépôt qui est derrière un système de reconnaissance faciale des gens qui visitent le centre commercial de la Place Sainte-Foy à Québec.   


Il se trouve toujours des personnes qui avancent naïvement : elles n’ont rien à cacher, et donc, il leur est égal d’être espionnées.   


Le problème est que plus les citoyens seront espionnés, plus la tentation de les manipuler sera forte.  






Ailleurs dans le monde  


À Hong Kong, les manifestants pacifiques se couvrent le visage pour que la police n’utilise pas contre eux les systèmes de reconnaissance faciale. Ils craignent de perdre leur emploi ou d’être emprisonnés. Aux États-Unis, la Russie a utilisé les données sur internet pour mener des campagnes électorales parallèles aux campagnes officielles. Personne ne sait dans quelle mesure ces campagnes sont parvenues à influencer les résultats des élections.   


Au Canada, et dans tous les pays démocratiques, des dictateurs risquent de plus en plus d’intervenir dans les processus électoraux. Par exemple, le gouvernement chinois pourrait davantage viser les Canadiens d’origine chinoise.   


Comment ces dictatures influencent-elles le vote ? Simplement grâce aux informations qui sont collectées sur les citoyens. Des informations qui passent par les grands réseaux comme Facebook, mais aussi par les petites banques de données, comme celle de Keolis. Ces informations permettent ensuite de cibler des électeurs presque individuellement.   


De l’or en barre  


Rien ne dit que Keolis dépouille et analyse les conversations des passagers qu’elle garde dans sa banque de données. Mais rien ne dit non plus que sa banque de données est inviolable ou que d’autres compagnies ne le feraient pas.   


En fait, ces conversations sont de l’or en barre. Elles permettent de cerner la psychologie des passagers, pour éventuellement les inciter à dépenser davantage.   


Elles peuvent servir à manipuler les opinions politiques. Pire, étant donné le nombre de fonctionnaires et de gens d’affaires qui utilisent les autobus, elles peuvent être utilisées à des fins d’espionnage.   


Auparavant, avant que les moyens de communication soient aussi développés, il était difficile pour les gouvernements étrangers d’intervenir directement dans les démocraties. Il était laborieux pour les grandes compagnies de manipuler les consommateurs.   


Plus maintenant. Les démocraties doivent absolument protéger leurs citoyens contre les collectes abusives d’information. Les pratiques d’enregistrement de Keolis sont injustifiables et constituent un dangereux précédent.   


Que la Caisse de dépôt et placement du Québec soit encore une fois associée à une collecte massive de données sur les Québécois est ignoble. La Caisse travaille ici contre les Québécois, au bénéfice de grandes compagnies et, potentiellement, au bénéfice de puissances hostiles.