J'aimerais vous entretenir au sujet d'un texte de Philippe Navarro, texte
titré [«Référendum: une tricherie justifiée!»->7119] paru le 8 juin sur les pages
du journal Le Soleil.
On dit de cet auteur que c'est un provocateur. Je peux peut-être concéder
ça, en ajoutant que c'est un provocateur sans substance, un vendu au ROC.
Dans un premier temps, il faudrait mettre certaines choses de base en
perspective: la nation québécoise - ou canadienne-française d'origine -
trace son histoire ainsi: par la force brutale et sanglante des armes de la
couronne anglaise au XVIIIe siècle, elle est devenue une nation
prisonnière. Beaucoup de canadiens-français de l'Acadie furent tués et
déportés, leurs maisons et embarcations incendiées. Beaucoup ont vu leurs
femmes violées. Ces actes de barbaries sont bien documentés et l'on
considérerait, aujourd'hui, plusieurs des interventions armées de la
couronne anglaise à cette époque comme étant des crimes de guerre. Cette
violence et ce parasitage envers la nation canadienne-française s'est
poursuivie jusqu'à aujourd'hui, pas très subtilement, par les descendants
de ces parasites, assistés par leurs serfs dociles.
Le Québec est un cas d'espèce et la phrase suivante tirée de son article
«Référendum de 1995: une tricherie justifiée» montre bien son penchant pour
la poursuite de notre annexion à l'état anglais: «Et c’est bien là le drame
du Québec, cette Catalogne qui voudrait bien se croire Irlande.»
J'ai su que M. Navarro est un économiste, un ex-attaché politique
péquiste. Il est un natif du Labrador. Semble-t-il qu'il a écrit un roman
de science-fiction et qu'il a rédigé des discours sur la diversité
culturelle pour Louise Beaudoin. Il a aussi été un dévoué temporaire à la
cause d'André Boisclair. C'est un ressortissant d'âme canadian, un
guitariste errant de la formation WOM, ou Water on Mars. Il a vécu
quelques années à Vancouver où il se produisait sur scène. Depuis quelques
temps, il occupe un poste au Ministère du développement économique.
Son parcours personnel explique peut-être son déracinement et son mépris
face à la culture québécoise que l'on peut mieux comprendre en lisant un
texte qu'il a publié dans Le Devoir le 28 mars 2006, titré [«La plume et le
néant.»->629]
Voici un extrait: «On nous balance un Aurore l'enfant martyre sauce
Ducharme, et ça crie au génie. On envoie aux presses des brouillons à
peine révisés de sous-Djian plogués et, en plus, des critiques complaisants
trouvent donc ça bon. Rendu là, l'inceste littéraire devrait être passible
d'emprisonnement.»
Voici un autre extrait du même texte, nous démontrant son côté
trudeauiste, ou anglophile: «Pourtant, s'il y avait un James Joyce en ce
pays, ça se saurait.»
Personnellement, j'adore Shakespeare. Mais, Joyce, j'ai jamais été
capable. L'univers de Joyce n'est pas une référence pour moi. Je suis
d'abord un francophile et mon giron culturel inclut des auteurs plus
anciens comme Beaudelaire, Rimbaud, Balzac ou Hugo; ainsi que des auteurs
plus près de moi, culturellement, comme Nelligan, Miron, Ducharme,
Bourgault, Falardeau et bien d'autres. Des êtres qui émanent d'une fibre
culturelle qui englobe mes sensibilités et qui pourraient se comparer - de
par leur pouvoir évocateur et par la qualité de leurs textes - à ce qu'il y
a de meilleur, partout au monde. À plus forte raison je pense ici à Michel
Tremblay que M. Navarro doit aimer autant que j'aime moi-même Joyce.
Voici maintenant un autre extrait de son article d'aujourd'hui paru au
journal le Soleil qui nous éclaire sur son attachement à l'anglosphère:
«Rêve-t-on en couleurs au Québec ? Le fédéral va regarder la maison Canada
brûler en se disant : « Si seulement j’avais le droit d’enfoncer la porte »
? Voyons donc ! Il va l’enfoncer cette porte, et tout le quartier va l’en
féliciter. De fait, il a l’obligation morale, face à la communauté
internationale, d’éteindre l’incendie. C’est bien son inaction qui lui
serait vertement reprochée.»
En fier disciple du charognard feu PET, il fait écho à sa pensée en
affirmant que la fin justifie les moyens. Le droit de disposer d'eux-mêmes
des peuples, ça n'a pas d'importance pour lui. Seuls les états oppresseurs
ont la cote, c'est à dire que la légitimité est de leur côté. Pour lui, ça
semble être incendiaire, voire destructeur que de poursuivre cette volonté
de libération nationale partagée par mes semblables; cette volonté légitime
de se libérer du joug de nos parasites oppresseurs et de leurs valets.
Quand il dit que tout le quartier va l'en féliciter, il se réfère sûrement
à ces quartiers où vivent cette tribu de privilégiés rétifs à ma culture,
ces insulaires loyalistes de l'ouest de l'île et leurs sympatisants du
ROC.
Dans un article paru dans Cyberpresse.ca du dimanche 15 janvier 2006,
rédigé par Alain Brunet, titré «De l'eau sur Mars, de la musique dans
l'infosphère», je vous propose cet extrait qui met bien en relief un aspect
mégalomane ou mystificateur de sa personnalité délirante: «Philippe Navarro
use d'un néologisme de plus en plus en vogue: l'infosphère, imaginé à
partir du concept noosphère. L'expression fut popularisée par Pierre
Teilhard de Chardin, et désigne une couche virtuelle qui enveloppe la Terre
et qui contient la somme de tous les esprits humains mis en réseau.»
«L'infosphère, croit notre esprit foisonnant, finira par absorber la
noosphère. Et deviendra bientôt le dépositaire de la connaissance et de la
création.»
Ce fier darwiniste qu'est M. Navarro devrait s'en tenir à la fiction et à
la musique, bref, ce sur quoi il est bien branché. Qu'il nous chrisse la
paix avec son délire arrogant et son mépris!
Daniel Sénéchal
Montréal
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --
Réplique à Philippe Navarro
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2 commentaires
Gaston Boivin Répondre
9 juin 2007Facile pour ce monsieur Navarro de parler du sens de l'état qu'avait De Lorimier lorqu'on l'a conduit à la potence, mais, lui, qui se veut si perspicace et lucide, si on le portait au gibet pour cause de révisionnisme, comme on le faisait ä l'époque de Staline, qui évidemment invoquait la raison d'etat et son bon droit pour ce faire, aurait-il alors ce sens de l'état? Je lui rappelle par ailleurs, en passant, qu'Idi Amin Dada, cet ancien dictateur d'un etat africain, avait porté la raison d'état jusqu'à bouffer de temps à autre certains de ses opposants, qu'il avait massacrés et mis au congélateur pour s'en régaler ä l'occasion. Bien-sûr, il va de soit que tous ceux qui ont ainsi étés massacrés et bouffés n'auront eu le sens de l'état que s'ils avaient préalabrement accepté le triste sort qui leur était réservé: Quelle belle dialectique: Je peux tout faire; le doit est de mon bord; la fin justifie les moyens! La démocratie ne saurait permettre, en raison même de la raison d'état, à une nation dominée par une autre de se débarasser de la domination de cette dernière qui, se verrait alors justifier d'employer tous les moyens, sous-entendre non démocratiques pour maintenir sa domination : C'est avec une telle dialectique que l'injustice, l'horreur et la barbarie se sont manifestées à travers l'histoire du monde!
Archives de Vigile Répondre
9 juin 2007L'homme ingrat est moins coupable de son ingratitude que celui qui lui a fait doublement confiance
Souffle, souffle, vent d'hiver; tu n'es pas si cruel que l'ingratitude de l'homme. William Shakespeare (Extrait de Comme Il vous plaira)
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En serait-il des sentiments du coeur comme des bienfaits? Quand on n'espère plus pouvoir les payer, on tombe dans l'ingratitude. Chamfort (Extrait de Maximes et pensées)