Le président turc a jugé que l'attentat de Christchurch était une attaque contre la Turquie, et que celle-ci ferait justice elle-même si l’auteur n’était pas condamné à mort, déclenchant l'ire de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a outragé les responsables politiques de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie avec ses déclarations fracassantes sur la tuerie des mosquées de Christchurch.
Ce n'est pas un acte isolé, c'est quelque chose d'organisé
Lors d'un discours de campagne le 19 mars, tenu deux semaines avant des élections locales, le chef d'Etat turc a jugé que l'attentat du 15 mars dans la ville néo-zélandaise était le fruit d'un complot. «Ce n'est pas un acte isolé, c'est quelque chose d'organisé», a affirmé le président turc. «Ils sont en train de nous tester avec le message qu'ils nous envoient depuis la Nouvelle-Zélande, à 16 500 kilomètres d'ici», a-t-il ajouté.
Menaces contre les Australiens qui seraient hostiles à l'islam
Recep Tayyip Erdogan avait poursuivi par une salve belliqueuse, déclarant que les Australiens qui seraient hostiles à l'islam connaîtraient le même sort que les soldats australiens tués par les forces ottomanes lors la bataille de Gallipoli, pendant la Première Guerre mondiale. Les soldats ottomans avaient remporté cette bataille impliquant des contingents australiens et néo-zélandais, qui avait fait des dizaines de milliers de victimes. «Il y a un siècle, vos aïeuls sont repartis à pied ou dans des cercueils. Si votre intention est la même que la leur, nous vous attendons», a averti le président turc.
Il y a un siècle, vos aïeuls sont repartis à pied ou dans des cercueils
Ces déclarations menaçantes n'ont pas été du goût du Premier ministre australien Scott Morrison, qui les a qualifiées d'«ignobles». «Des propos ont été tenus par le président turc Erdogan que je considère extrêmement offensants pour les Australiens et extrêmement irréfléchis dans l'environnement très sensible dans lequel nous sommes», a-t-il réagi. Le chef du gouvernement a sommé le chef d'Etat turc de retirer ses propos et a averti que «toutes les options [étaient] sur la table» au sujet des relations entre l'Australie et la Turquie.
L'ambassadeur turc à Canberra a été convoqué par le Premier ministre afin de «discuter». Au cours de cette réunion, le Premier ministre australien a d'ores et déjà demandé que les déclarations du président turc ne soient plus diffusées par la télévision publique turque.
«Remettre les pendules à l'heure» : la Nouvelle-Zélande rabroue Erdogan
Ces commentaires de Recep Tayyip Erdogan ont également irrité la Nouvelle-Zélande. Le vice-Premier ministre néo-zélandais Winston Peters s'est élevé contre une interprétation «totalement injuste» de l'attentat de Christchurch qui «menace l'avenir et la sécurité du peuple néo-zélandais et de nos citoyens à l'étranger».
Mais une autre saillie turque a déclenché les foudres du Premier ministre néo-zélandais Jacinda Ardern. Lors du même meeting de campagne, le président turc a appelé la Nouvelle-Zélande à rétablir la peine de mort pour Breton Tarrant, le suspect de la tuerie de Christchurch qui a fait 50 morts. «La Turquie fera payer le suspect si la Nouvelle-Zélande ne le fait pas», a même menacé le chef d'Etat.
La Turquie fera payer le suspect si la Nouvelle-Zélande ne le fait pas
Jacinda Ardern a aussitôt déclaré qu'elle enverrait en Turquie son ministre des Affaires étrangères, Winston Peters, pour «remettre les pendules à l'heure, en face-à-face». Il était déjà prévu qu'il assiste, à la demande d'Ankara, à une réunion spéciale de l'Organisation de la coopération islamique (OCI).