Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, M. Blaine Higgs, aurait peut-être dû lire le « Livre de l'Histoire récente de sa province » avant de tenter de ressusciter le défunt dossier du pipeline Énergie Est avec le Québec.
Il aurait compris que les politiciens, fussent-ils les plus hauts dirigeants de leur province, ne peuvent plus aujourd'hui faire avaler des couleuvres à leurs électeurs. À plus forte raison quand leurs projets impliquent ceux des provinces voisines.
Dans ce petit livre d'Histoire, on y lirait que le 29 octobre 2009, il y a eu un coup de tonerre: on a annoncé la vente de Énergie Nouveau-Brunswick à Hydro-Québec pour la somme de 4,75 milliards de dollars. Cette méga-transaction faisait l'objet de négociations dans les plus hautes sphères des gouvernements du Québec et du Nouveau-Brunswick depuis plusieurs mois. Elle permettait aux Néo-Brunswickois de bénéficier d'un répit significatif sur les coûts de l'électricité et de se défaire définitivement de la patate chaude que constitue encore aujourd'hui la mise à niveau de la centrale nucléaire de Pointe-Lepreau, qui aurait pu être finalement démantelée.
Le premier-ministre du Nouveau-Brunswick d'alors, Shawn Graham, avait sous-estimé la réaction épidermique de sa population à l'idée de soumettre sa province toute entière à l'hégémonie énergétique du Québec et de sa toute puissante Hydro-Québec. Les fantômes de la mauvaise entente de Churchill Falls avec Terre-Neuve, dont elle subissait encore pour plusieurs années les effets économiques, se sont réveillés d'un coup. Des discussions sur une entente à portée réduite qui ont suivi en 2010 n'ont jamais réussi à gagner l'approbation citoyenne. On a dû se résoudre à laisser tomber.
Du côté d'Hydro-Québec, on l'a probablement échappée belle également. La réflexion qui a suivi l'annonce de ce projet controversé a amené un pavé important dans la mare de ce qui semblait à prime abord intéressant. En devenant propriétaire d'Énergie NB, Hydro-Québec s'assujettissait peut-être elle-même à des lois fédérales en matière d'énergie, en faisant en sorte que ses actifs énergétiques transcendent les limites du Québec. Un tel scénario aurait même pu légalement aboutir à une privatisation forcée d'Hydro-Québec sur ordre du gouvernement fédéral, afin de régler définitivement le différend historique entre Québec et Terre-Neuve sur l'électricité de Churchill Falls.
Énergie Est est finalement juste une nouvelle fausse bonne idée de la part du nouveau premier-ministre Blaine Higgs. Si les provinces pouvaient discuter entre elles d'égal à égal sans possibilité pour le gouvernement fédéral d'y ajouter son grain de sel, ce serait déjà plus simple. Dans ce cas précis par contre, la réaction épidermique de la population serait assurément celle des Québécois.
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