À la lumière des résultats, certains s'offusquent de voir que le Parti
Québécois est relayé au rang de tier parti, ce qui, indéniablement, est
vrai. Cependant, qu'est-ce qui distingue le nouveau gouvernement de la
mauvaise performance du parti souverainiste ? Trois petits pourcents et
quelques 200 000 voix. Évidemment, dans une telle situation, il n'y a pas
du tout lieu de parler de victoire morale, mais il faut quand même se
rendre à l'évidence, la ''dégelée'' péquiste n'est certes pas aussi grande
que certains pouraient le croire. Inacceptable, décevante, démoralisante et
choquante certes, mais pas aussi historique que l'on le laisserait
entendre.
Avec le résultat amer des dernières élections provinciales au Québec, il
est maintenant l'heure de faire le bilan. D'ailleurs, certains détracteurs,
quelques heures après le dévoilement des résultats, réclamaient déjà la
tête du chef... Mais qu'en est-il au juste ? Est-ce réellement LA solution
aux difficultés qu'a pu connaître le Parti Québécois le 26 mars dernier ?
André Boisclair ne figurait même pas sur ma liste de préférence lors de la
course à la chefferie. Comme plus de 40 % des membres, j'ai dû me rallier
tant bien que mal à cette décision. Aussi, il y a quelques mois, j'étais
incapable de me faire à l'idée que monsieur Boisclair pouvait réellement
mener le Parti Québécois à un avenir certain.
De penser qu'une changement de chef serait un remède miracle à la
coalition relève selon moi, à première vue, d'un manque d'analyse et d'une
solution simpliste à l'emporte-pièce. Assurément, le chef n'a pas eu la
couverture médiatique idéale avant même le déclenchement de campagne,
laissant une certaine argne chez les militants. Ce remous a d'ailleurs
permis, selon moi, à remettre les pendules à l'heure quant à son leaderhsip
et à sa manière d'agir. Peu après, plusieurs se sont ralliés, peut-être en
constatant le court échéancier électoral qui se dessinaient, par une
certaine obligation. Dès lors, le ton du chef a changé. Certains, pour la
plupart, ont senti une force de caractère, une ultime tentative de renouer
avec la base militante.
Mais au fond des choses : quelle est la véritable raison de cet échec
électoral ? La population du Québec ne s'est pas reconnue par le message du
Parti Québécois. Peut-être était-ce dû à toute la question préalable des
accomodements raisonnables et de la question identitaire soulevée par
l'ADQ, auxquelles le PQ a tourné le dos (après le ''vote ethnique'' de
1995, nul doute que chat échaudé craint l'eau froide). La plateforme
souverainiste a été applaudie par l'ensemble des militants présents le jour
de son adoption en étant basée sur l'inclusion, le respect des différences
et le multiculturalisme. Je pense que cette position, à laquelle nous avons
adhéré parfaitement, n'a pas su allumer la ''flamme'' identitaire du
''Québec profond'' en ayant ras-le-bol des accommodements, qui s'est sans
doute senti délaissé par notre projet. Il n'y a aucun doute que le PQ a
perdu le monopole de la question linguistique, nationaliste et identitaire.
À peine quelques jours après le 26 mars, est-ce réellement une question de
leadership plutôt que notre manière d'avoir dresser NOS conclusions en
toutes apparences ''molles'' sur la question identitaire ? D'une façon
imagée, ce n'est pas tant le messager que le message que nous devons
remodeler.
Ainsi, dans les prochaines semaines, faisons l'analyse responsable des
raisons de cette déconfiture plutôt que de trouver des solutions
''fast-food'' qui mènent systématiquement à une changement de chef : une
solution apparamment magique. Stratégiquement, une éviction de Boisclair
serait plutôt négative à l'heure actuelle. Prenons le temps d'y réfléchir,
car une telle décision comporte son lot d'impacts et de risques. Rebâtir
sur du neuf, simplement pour changer, s'avère rempli de défis et requiert
une certaine transition. Le PQ et ses membres peuvent-ils encore se
permettre une autre course à la chefferie risquant de créer la division ?
Prenons le temps de réfléchir aux raisons qui ont poussé les Québécois à ne
pas nous accorder leur confiance.
Pour conclure, une prochaine victoire du Parti Québécois nécessite un
changement profond dans le discours et la manière d'approche face à la
population. Posons-nous les questions à savoir si le chef actuel a les
capacités de porter le message que nous voulons porter, sans jamais
délaisser l'importance d'accéder à la souveraineté. N'ayons pas peur
d'adapter notre message à la population, peut-être en mettant de l'avant
des gestes concrets pour l'avancement de notre mouvement. Une fois les
causes et les raisons trouvées, dressons nos conclusions et agissons en
conséquence. Autrement dit : réfléchissons et dressons le bilan et les
causes du désengagement des électeurs avant de poser tout geste susceptible
de nous faire reculer plutôt que de nous faire avancer !
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/spip/) --
... encore la faute du messager ?
Tribune libre - 2007
Sébastien Marcil4 articles
L'auteur est étudiant au département d'études
politiques appliquées, profil relations internationales, à l'Université de
Sherbrooke.
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