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Enbridge devra «montrer patte blanche»

Québec veut faire respecter ses conditions, mais la compagnie refuse de s’y engager

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Le je-m’en-foutisme et le mépris d’Enbridge

Le pétrole ne coulera pas dans la canalisation 9B avant que la société Enbridge se soit pliée aux « obligations » fixées par l’Assemblée nationale du Québec, a martelé le ministre de l’Environnement, David Heurtel, jeudi. Selon lui, il est « prématuré » d’évoquer le mois de juin pour la mise en service du pipeline.

Le Parti québécois craint de voir Enbridge « ouvrir la vanne » à 300 000 barils de pétrole sans s’être préalablement conformée aux exigences posées il y a deux ans par la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN) de l’Assemblée nationale. Enbridge rechigne notamment à effectuer des tests hydrostatiques pour vérifier l’état du pipeline construit en 1975, a fait valoir le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement, Sylvain Gaudreault. « Je ne suis pas alarmiste. Je veux juste m’assurer du respect des 18 conditions de la CAPERN. [De son côté], le ministre n’a pas l’air de prendre ça suffisamment au sérieux », a-t-il fait valoir lors de l’étude des crédits dévolus au ministère de l’Environnement, jeudi.

Une « unité de vigilance » s’assurera du respect des 18 « conditions » édictées par la CAPERN, a rétorqué M. Heurtel. « Il va falloir qu’on ait des preuves très claires que l’ensemble des conditions sont respectées, [à défaut de quoi] on ne pourra pas aller de l’avant », a-t-il affirmé lors de son audition. « Il va falloir qu’Enbridge montre patte blanche », ce qu’elle n’est pas arrivée à faire jusqu’ici, a répété M. Heurtel. « Il [lui] reste des conditions [de la CAPERN, mais également de l’Office national de l’énergie (ONE)] à respecter », a soutenu l’élu libéral, avant de brandir une lettre adressée le 17 mars 2015 à la société pipelinière par l’« Unité de vigilance ». Celle-ci fait mention de « lacunes » dans le plan d’intervention en cas d’urgence remis par la compagnie lors d’une rencontre à la mi-décembre 2014. « Certaines préoccupations [demeurent] quant à la déficience en matière d’organisation des interventions, soit notamment le manque de clarté lors de l’identification des différents rôles et responsabilités des intervenants appelés éventuellement en renfort et le fait qu’Enbridge n’intègre pas les principes du système québécois de sécurité civile, ce qui pourrait compliquer l’interaction avec l’ensemble des ministères provinciaux en cas d’accident », a résumé M. Heurtel.

Enbridge tournée vers l’ONE

Enbridge dit être « légalement » liée aux obligations fixées par l’ONE, ce qui ne l’empêche pas d’« entend [re] les préoccupations [de la population québécoise et de ses élus] ». « On va s’assurer que tout le monde est à l’aise et rassuré sur la sécurité du projet », a insisté le porte-parole d’Enbridge, Éric Prud’Homme, dans un entretien téléphonique avec Le Devoir. Il s’est refusé jeudi de s’engager formellement à attendre d’avoir en main l’autorisation de l’Assemblée nationale avant de faire couler du pétrole de l’ouest dans la Ligne 9B. « Ce n’est pas une discussion qui va s’arrêter avec la mise en service du projet », a-t-il spécifié.

Enbridge attend le feu vert de l’ONE, après quoi elle pourrait « légalement » transporter quelque 300 000 barils de pétrole par jour aux raffineries de Suncor à Montréal et Valero à Lévis, notamment par le biais de sa Ligne 9B. La canalisation 9B, longue de 639 kilomètres, traverse des dizaines d’agglomérations et de cours d’eau avant de terminer sa course à Montréal-Est.

La compagnie a demandé le 7 mars 2015 l’autorisation de mise en service à l’ONE. « On est toujours en attente d’une réponse », a précisé M. Prud’Homme jeudi. Enbridge estime avoir rempli toutes les obligations fixées par l’ONE lors de l’autorisation de son projet d’inverser le flux du pipeline le 6 mars 2014. « Si on regarde le calendrier, tout ce qui était sur la liste “À faire” a été fait », a fait valoir M. Prud’Homme. Il admet cependant qu’Enbridge éprouve une certaine difficulté à donner suite à toutes les « recommandations » de la CAPERN. « Il y a certaines recommandations plus faciles, [mais d’autres] plus difficiles à remplir pour des questions logistiques », a-t-il expliqué.


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