En marche…

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Le sujet le plus critique en ce moment, et qui révèle le plus cruement les divergences et les fractures dans la nouvelle société québécoise et entre les femmes elles-mêmes, on a choisi de l’évacuer.

C’est le titre de ce tableau: Femmes en marche vers la lumière… Dépouillées d’artifices. Telles quelles. Telles que vraies.
La Fédération des femmes du Québec – avec ses partenaires - tenait en fin de semaine, et ce pour la première fois en plus de 20 ans*, des États généraux du féminisme; « de l’action et de l’analyse féministe ». On parlait d’un rendez-vous historique visant à « jeter les bases d’un projet féministe de société ».
Avant le Forum, tout en mentionnant que la FFQ n’avait pas l’intention de changer sa position sur la question de l’heure, celle de la laïcité, sa présidente, Alexa Conradi, avait souhaité la bienvenue aux représentantes de tous les groupes féministes et de toutes les opinions. Elle affirmait par ailleurs ne pas être certaine « que la majorité du mouvement féministe québécois (voulait) faire de ce Forum une « discussion sur le foulard ». On a tellement d’autres sujets à aborder… »**
La Fédération devait cependant composer avec une nouvelle donne, que les observateurs ont nommée « schisme », « rupture » au sein du Mouvement féministe… L’entrée en scène du PDFQ - nouveau mouvement Pour les Droits des Femmes du Québec – très concerné, et intéressé quant à lui, par le sujet de la Charte des valeurs québécoises. Il était normal de se demander quel serait l’impact de cette présence sur le déroulement des États généraux et sur les orientations en découlant. Quelle est maintenant, par exemple, la position arrêtée par les instances féministes sur la question du port du hidjab par les employées de l’État ? « La laïcité a été évacuée des débats », rapportait RDI en fin de journée hier. Interrogée, Mme Conradi mentionnait, sur un ton plutôt irrité, que cette évacuation de la question avait été un choix « réfléchi »!… De son côté, la présidente du PDFQ commentait: « Il y avait quelques petits éléments pour dénigrer la charte, pour l’associer à la xénophobie. C’est une erreur ». (Radio-Canada)
Il y a de quoi s’étonner, et non, d’une telle décision de la FFQ. Le sujet le plus critique en ce moment, et qui révèle le plus cruement les divergences et les fractures dans la nouvelle société québécoise et entre les femmes elles-mêmes, on a choisi de l’évacuer. De l’éviter. Pour, collectivement, « changer de sujet » ? Comme François Legault et Philippe Couillard se morfondent de ne pouvoir le faire, eux que ce débat confronte et « irrite » tout autant ? Pourtant, les femmes ont l’habitude d’être celles qui mettent sur la table les sujets épineux. Et insistent jusqu’à ce qu’on leur trouve des solutions. Mais pas la FFQ. Et Madame David ?
La question m’habite: Françoise David exercerait-elle donc toujours son influence, sinon son emprise, sur la FFQ ? Cette question est tout à fait légitime et surtout fondamentale. On en traitait récemment sur le site Sisyphe : « Alexa Conradi, la présidente de la FFQ, « est l’une des membres fondatrices de Québec solidaire, alors que la FFQ s’est toujours définie comme une organisation non partisane. » Elle a assuré, au moment de sa nomination, que « ses allégeances politiques n’auront pas d’influence sur sa présidence. » *** Mais…
C’est ce que nous pourrons voir de ce « mais » dans la « suite des choses ». Aujourd’hui, on en a eu un important aperçu.
La naissance du PDFQ met et mettra à l’épreuve l’homéostasie dans le Mouvement féministe, et représente donc un moment important pour les femmes du Québec. Un moment de vérité. De dévoilement.
Par ces intéressants temps qui courent, on entend répéter que « le Québec est en marche ». Les Québécoises aussi sont en marche. Non pas figées. Ni dissimulées. En marche vers toujours plus de lumière ? C’est Louise Chabot qui écrivait, dans un article sur le Huffington Post****, que « des défis, il y en a des tonnes » dans cette longue recherche d’égalité entre les hommes et les femmes.
Et la question du port du voile dans la sphère étatique en fait partie. Méfions-nous de la tentation de la banaliser ou de la repousser sous le tapis, comme le mentionne Rita Dionne-Marsolais dans sa Chronique d’aujourd’hui. Peu importe de qui puisse venir cette incitation, elle est suspecte.


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