Éducation

Élèves à besoins particuliers: reflet de société?

Tribune libre

Sans l’ombre d’un doute, la pénurie de main d’oeuvre que traverse actuellement le monde de l’éducation au Québec serait étroitement liée à la lourdeur de la tâche des enseignants reliée notamment à l’inclusion des élèves à besoins particuliers dans les groupes réguliers. Et, dans cette foulée, s’ajoute la pénurie de main d’oeuvre au sein du personnel spécialisé, tels les psychologues, les orthopédagogues, les travailleurs sociaux, etc, lesquels devraient contribuer à supporter l’enseignant dans sa tâche.

Dans un tel contexte, certains experts avancent l’idée qu’il faudrait isoler les élèves à besoins particuliers, arguant que l’intention qui était avancée en les incluant dans des groupes réguliers était qu’ils puissent être motivés par les élèves plus doués, ce qui manifestement, n’a pas atteint l’objectif visé.

Contexte social


D’entrée de jeu, nonobstant le fait que la présence des élèves à besoins particuliers, qualifiés d’élèves agités à une certaine époque, a toujours fait l’objet de préoccupations dans notre système scolaire, force est de constater que le phénomène s’est complexifié avec le temps. À titre d’arguments à cette complexité, je citerais le phénomène lié au fait que les deux parents se retrouvent fréquemment sur le marché du travail, laissant de la sorte le jeune seul à la maison lors de son retour de l’école. Parallèlement, le jeune emprunte rapidement le chemin des médias sociaux qui convergent inévitablement vers un manque de concentration chez l’enfant, un problème qui risque de se perpétuer à l’école. Sur le plan familial, l’éclatement des familles, évalué à une union sur deux au Québec, a créé le phénomène des gardes partagées qui condamnent les jeunes à vivre dans deux mondes différents où ils sont ballottés souvent par des valeurs opposées véhiculées par les deux parents, sans compter parfois la présence des nouveaux conjoints. Enfin, certains groupes de jeunes développent très tôt l’indépendance aux drogues dont les conséquences de l’abus se répercutent sur leur capacité d’attention sur les bancs d’école.

Choc des valeurs

La pénurie de main d’oeuvre que nous vivons actuellement dans plusieurs secteurs de l’activité humaine contribue à créer un climat où les jeunes à la recherche d’un emploi temporaire se retrouvent rapidement sur le marché du travail sans consentir aucun effort pour obtenir l’emploi de leur choix, ce qui occasionne un choc avec l’école qui a comme mission, entre autres, de développer le sens de l’effort chez les élèves. Par ailleurs, il est reconnu par la plupart des parents et des équipes-écoles que les jeunes, particulièrement les adolescents, se montrent rébarbatifs envers les règles de conduite instaurées par les directions d’écoles, toute forme d’autorité étant rejetée de facto par les ados. Or, du côté familial, il n’est pas rare que les parents démontrent une certaine forme de laxisme eu égard à l’application des règlements établis à la maison, arguant qu’ils préfèrent garder une ambiance de calme à la maison.

Un autre phénomène vient contrecarrer l’essentielle relation entre les parents et les enseignants. Je veux parler du suivi qui doit être établi entre les deux parties dans les cas où l’élève a reçu une sanction pour inconduite, et que le parent se range du côté de son enfant, une attitude démobilisatrice et néfaste pour le jeune.

Éviter l’isolement

De toute évidence, les élèves à besoins particuliers sont le reflet d’une société en constante évolution et ayant perdu ses repères. La marginalisation de ces élèves ne pourrait que contribuer à accroître leur isolement et les enraciner dans des comportements malsains. Conséquemment, il est impératif que la relation école-famille soit appelée à jouer son rôle de courroie de transmission de valeurs communes au sain épanouissement du jeune. Pour toutes ces raisons, je suis d’avis que l’insertion des élèves à besoins particuliers dans les groupes réguliers soit maintenue. Reste à faire en sorte que le personnel spécialisé puisse arriver en renfort dans les meilleurs délais. Et, pour ce faire, je suggère la mise sur pied de stages de formation intensive à l’égard de ces spécialistes, alliés à des présences en classe sous la supervision des enseignants.


Henri Marineau, Québec


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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