Élections israéliennes - Le fouillis

Israël - Élection, mardi le 10 février 2009 - la montée aux extrêmes

Comme d'habitude, les choix électoraux exprimés par les Israéliens n'ont pas dégagé une majorité claire. Reste que le scrutin d'avant-hier annonce d'ores et déjà un ancrage plus marqué à droite de la future coalition à la suite de la montée en puissance de la formation ultranationaliste Israël Beitenou fondée par Avigdor Lieberman, grand vainqueur de ces législatives.
À chaque fois qu'une joute électorale est organisée entre Jérusalem, Tel-Aviv et Jaffa, on assiste à l'irruption d'un nouveau parti sur le devant de la scène. Avant-hier ce fut le Meretz, hier Kadima, aujourd'hui c'est Israël Beitenou créé par des dissidents du Likoud ayant estimé que les positions défendues par ses dirigeants, dont Benjamin Nétanyahou, en matière de relations avec les Arabes israéliens et palestiniens manquaient de fermeté. On répète: Nétanyahou, réputé être partisan de la manière forte, manquerait de muscles aux yeux de Lieberman.
Ce dernier mis à part, le champion de ces élections s'appelle Tzipi Livni, patronne de Kadima, parti dit centriste, et ministre des Affaires étrangères jusqu'à la formation du prochain gouvernement. Livni, c'est le cas de le dire, revient de loin. En effet, au cours du dernier droit, elle a réduit l'énorme avance que les sondeurs accordaient à Nétanyahou, dit Bibi. En fait, elle a réussi l'exploit suivant: Kadima dispose d'un siège de plus que le Likoud à la Knesset.
Si l'on se fie à la cascade d'enquêtes menées pour prendre le pouls de la population avant le scrutin, alors Nétanyahou est à ranger dans le camp des perdants. Certes, il perd par une marge très faible. Mais voilà, Livni l'ayant coiffé au poteau, il est probable que le président Shimon Peres va lui demander d'amorcer des pourparlers pour la formation d'une coalition. Cela étant, le grand perdant de ces législatives est le Parti travailliste en général et Éhoud Barak en particulier.
En effet, jamais depuis la création de l'État d'Israël en 1948 les travaillistes n'avaient encaissé une gifle aussi cinglante. Pour Barak, l'échec est d'autant plus cuisant que sa remontée dans les sondages constatée lors de l'offensive militaire dans Gaza s'est avérée un feu de paille. Seule consolation: Barak pourrait conserver son poste de ministre de la Défense si Livni ou Nétanyahou parvient à forger une coalition.
De prime abord, ce jeu de chaises peut paraître étrange ou paradoxal, mais quand on sait combien la proportionnelle pure favorise la parcellisation politique, l'émiettement des idées, on ne sera pas surpris d'apprendre qu'au lendemain de cette cinquième élection en dix ans, tout un chacun songe à s'allier avec tout un chacun.
Prenons Kadima. Livni ayant un siège de plus que Bibi, elle n'écarte pas la possibilité de lui offrir ce qu'elle lui avait proposé il y a quelques semaines à peine, soit une alliance. Bibi? Il envisage de s'acoquiner avec Lieberman et de tendre la main à Barak. Pour faire court, on le répète, tout le monde entend débaucher tout le monde. Comme s'il n'y avait pas eu de campagne électorale. Comme si toutes les idées étaient égales entre elles. Comme si tous les programmes étaient équivalents. Ce triomphe du sophisme a ceci de désolant qu'il altère, entre autres choses, la valeur du vote. On s'y habitue. Et il en sera ainsi tant et aussi longtemps que la proportionnelle pure, et le fouillis politique qu'elle provoque, sera maintenue.


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