Écrasez !

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« Big Brother en pantoufles Phantex. »

Ainsi, Hampstead va devenir la première ville canadienne à interdire la cigarette dans les lieux publics.


Tous les lieux publics.


Pas de cigarette sur le trottoir, pas de cigarette dans la rue, pas de cigarette dans les parcs.


LES CROISÉS DE L’AIR PUR


On dit qu’on a pris cette décision pour des raisons de santé publique.


Foutaise.


C’est une décision idéologique, point.


Une bande de militants antitabac (probablement des ex-fumeurs, qui sont les pires crinqués de la bande, comme s’ils voulaient expier leurs vieux péchés) ont décidé d’imposer leurs valeurs aux autres.


« Nous voulons votre bien et nous allons l’avoir. »


Qu’on ne fume plus dans les avions et les restaurants, parfait, personne ne s’ennuie de cette époque où l’on avait l’impression de vivre dans un gros cendrier géant.


J’appuie même l’interdiction de fumer sur les terrasses. On a le droit de boire un p’tit blanc au soleil sans se faire emboucaner.


Mais dans la rue, et dans les parcs ?


Qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse que quelqu’un fume dans un parc ?


On ne parle pas d’un ascenseur ou d’une auto.


C’est un parc ! À l’extérieur ! Avec du vent ! Des arbres ! Et de l’espace !


C’est quoi, la suite ? On va demander aux fumeurs de se promener avec une cloche dans le cou pour qu’on puisse les entendre venir de loin ?


On va les parquer dans des lieux désignés, loin de la ville ?


LA CHASSE AU PÉCHÉ


Il y a quelque chose de profondément inquiétant dans cette obsession hygiéniste.


Personnellement, plus les gens me disent de ne pas manger de frites, plus j’ai le goût de manger des frites. Et je suis convaincu que je ne suis pas le seul à réagir ainsi.


Je ne fume pas, mais la prochaine fois que je passe par Hampstead, je vais m’en allumer une.


On vit de plus en plus dans une société de contrôle. On veut contrôler ce qu’on mange, ce qu’on boit, ce qu’on lit, ce qu’on regarde, même ce qu’on pense.


Tout ça pour notre bien, bien sûr.


On veut nous protéger contre nos mauvais instincts, nos mauvais penchants.


Et si tu te rebutes, on te regarde de travers.


« Tu défends la cigarette. Donc tu es pour le cancer ? »


« Tu ne veux pas qu’on sache sur quels sites tu surfes. Donc tu as quelque chose à te reprocher ? »


« Tu ne veux pas qu’on interdise Lolita de Nabokov. Donc tu es pour la pédophilie ? »


« Tu ne veux pas qu’on abaisse le taux d’alcoolémie maximum toléré sur les routes. Donc tu es pour la conduite en état d’ébriété ? »


Si tu n’es pas 100 % du côté du bien, tu es automatiquement du côté du mal.


LA TYRANNIE DOUCE


Le monde ressemble à l’asile psychiatrique de Vol au-dessus d’un nid de coucous.


Avec l’infirmière Ratched, qui surveillait les moindres gestes de ses patients afin de les « protéger ».


Elle ne criait jamais, l’infirmière Ratched. Elle chuchotait. Elle était douce, enveloppante, bienveillante.


Et horriblement tyrannique.


Big Brother en pantoufles Phantex.


L’enfer n’est pas rouge.


Il est blanc, immaculé, et on y entend de la musique d’ascenseur.