Jacques Duchesneau, qui n'a jamais hésité à lancer des allégations sans preuve, est devenu l'arroseur arrosé, alors qu'il est lui-même sous le coup d'une poursuite pour diffamation intentée par l'ancien chef péquiste André Boisclair. Arrosé par nul autre que Tony Accurso, qui affirme devant la Commission Charbonneau qu'il a donné 250 000$ à l'ancien chef de police alors que ce dernier était en difficulté financière à la suite de sa défaite aux élections municipales de 1998.
Cette révélation stupéfiante a suscité plus d'hostilité que de curiosité à la Commission, la juge Charbonneau demandant à M. Accurso s'il voulait se venger - une question que, sauf erreur, elle n'avait jamais posée aux autres témoins qui salissaient allègrement leur prochain. Comme si la vengeance n'était pas souvent l'une des motivations des dénonciateurs de tout acabit!
La commissaire n'a pas poursuivi l'affaire plus loin, sauf en demandant à M. Accurso s'il avait une copie du chèque (il n'en a pas, tous ses documents ayant été saisis lors des perquisitions à ses bureaux).
On s'attendait à ce que la Commission ou sa procureure poursuive l'interrogatoire sur ce sujet brûlant, mais non. Pas un mot là-dessus hier matin. On aurait fermé le dossier, n'eût été l'intervention de l'avocate du PQ, Me Estelle Tremblay, qui a ramené la question sur le tapis hier en fin d'après-midi et a poussé M. Accurso à ajouter plusieurs détails importants à ses allégations, comme le nom de l'entreprise à laquelle le chèque aurait été fait. Selon M. Accurso, le chèque a été fait à l'entreprise de Richard Le Lay, après une réunion entre MM. Accurso, Duchesneau et Le Lay, l'ancien directeur de la campagne de M. Duchesneau.
L'intervention de Me Tremblay était assez curieuse, car cette affaire n'a rien à voir avec le PQ, mais au bout du compte, elle a fait ce que la Commission et sa procureure auraient dû faire bien avant. Dès lors, la juge Charbonneau a été obligée de s'engager à essayer de retracer le chèque avec la collaboration de M. Accurso.
Mais pourquoi la Commission avait-elle accueilli cette révélation comme s'il ne s'agissait que d'un acte de vengeance anodin? Était-ce pour protéger l'homme à qui elle doit son existence? C'est en effet M. Duchesneau, à l'époque où il enfourchait le glorieux cheval du Grand Justicier, qui a milité le plus fort en faveur d'une commission d'enquête sur la corruption.
Certaines de ses allégations - comme celle voulant que «trois ministres» aient été invités sur le yacht d'Accurso - n'ont jamais été prouvées. Et l'on se rappelle que l'an dernier, M. Duchesneau avait - sans preuve aucune - accusé André Boisclair d'avoir accordé une subvention illégale en échange d'une livraison de cocaïne! Ce répugnant procès d'intention a marqué le début du déclin définitif de la carrière politique de M. Duchesneau, qui était devenu un embarras pour la CAQ.
Ce dernier, de même que M. Le Lay, nient tout, mais la Commission doit à la population d'aller au fond des choses.
On s'est demandé pourquoi M. Accurso aurait été si généreux envers un politicien qui venait de perdre ses élections. Mais il n'est pas totalement impossible que l'entrepreneur, un homme rusé qui voyait loin, ait pu croire M. Duchesneau quand celui-ci lui aurait quémandé de l'aide en échange d'une promesse de «retour d'ascenseur». L'ex-chef de police était encore assez jeune et ambitieux pour se recycler dans un poste de pouvoir où il aurait pu être utile à l'entrepreneur.
Par contre, pourquoi Jacques Duchesneau, une fois devenu «M. Net», aurait-il été assez téméraire pour s'en prendre à Tony Accurso, s'il lui était redevable d'un don aussi important?
On attend les éclaircissements...
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