4 millions pour un ballon d'essai?

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Coiteux, le ministre du gaspillage

Avait-on vraiment besoin de cette Commission de révision permanente des programmes pour aider le gouvernement à déterminer où devront se faire les compressions budgétaires?
Le gouvernement Couillard a été élu sur la promesse d'assainir les dépenses publiques. Pourquoi ne s'attèle-t-il pas lui-même à la tâche, plutôt que de s'en remettre à des tiers non-élus? Est-ce qu'on n'a pas assez de fonctionnaires à Québec pour faire ce défrichage?
La commission présidée par l'ancienne ministre Lucienne Robillard coûtera 3,8 millions par année aux contribuables, incluant le salaire annuel de 265 000$ de cette dernière, qui jouit déjà de deux retraites payées par les fonds publics. Les quatre experts qui l'assisteront, dont l'économiste Claude Montmarquette, recevront quant à eux des émoluments de 192 500$, ce qui semble être dans les normes.
Jovialiste, le ministre Coiteux déclare que 3,8 millions pour «aller chercher» des économies de 3,2 milliards, ce n'est pas cher. Pas cher? Demandez donc au citoyen moyen ce qu'il ferait avec 3,8 millions dans ses poches! Demandez-lui si ces millions ne devraient pas rester dans les caisses de l'État plutôt que d'être engloutis dans la bureaucratie d'une commission purement consultative!
Demandez-lui donc, par la même occasion, s'il est acceptable que Mme Robillard, qui bénéficie déjà, à titre d'ancienne ministre provinciale et fédérale, de confortables rentes de retraite, reçoive un salaire aussi élevé pour diriger une commission qui aura pour mission de couper dans les services aux citoyens, et ce, alors que le gouvernement s'apprête à forcer les employés du secteur public à se serrer la ceinture. Voilà un très mauvais message qui n'aura rien pour apaiser le climat.
Les salaires des commissaires seront amputés de la moitié de la rente qu'ils reçoivent du secteur public québécois, mais dans le cas de Mme Robillard, c'est au fédéral qu'elle a fait le plus gros de sa carrière, de 1995 à 2008. Après sa défaite en 1994 aux élections provinciales, elle a été rescapée par les libéraux fédéraux.
Son expérience ministérielle (dont quatre ans au Conseil du Trésor fédéral) lui confère l'avantage de bien connaître les machines gouvernementales, mais si le gouvernement Couillard compte sur elle pour «vendre» à la population un programme de vaches maigres, il se trompe drôlement.
La seule utilité de cette commission serait de constituer une rampe de lancement populaire pour faire passer en douceur un dur programme d'austérité, mais ce n'est pas avec une ancienne ministre libérale qui traîne derrière elle toutes les tares des anciens gouvernements qu'on aura ce résultat. D'autant plus qu'en près de 20 ans de politique active, Mme Robillard n'a laissé aucun souvenir marquant. Loyale et discrète, elle s'est plutôt appliquée à éviter les controverses.
En créant une structure d'étude parallèle à la fonction publique, le gouvernement a peut-être voulu se donner des garanties d'objectivité en évitant de confier l'identification des programmes à sacrifier à des fonctionnaires qui pourraient se trouver en conflit d'intérêts et qui voudraient protéger leurs fiefs. C'est en tout cas la seule utilité que l'on peut voir à ce qui, pour l'instant, apparaît comme une inutile délégation de pouvoirs.
En effet, n'est-ce pas la première responsabilité d'un gouvernement que d'évaluer la rentabilité et l'utilité sociale (deux critères indissociables) de ses programmes? Comment faire confiance à des dirigeants incapables d'examiner objectivement la valeur des services qu'ils dispensent?
En ce sens, l'opposition a parfaitement raison d'accuser le gouvernement d'avoir «sous-traité» une tâche qu'il aurait dû faire lui-même. À moins que la Commission de révision ne serve qu'à «tester» l'opinion publique avant de passer à l'action? Mais 4 millions, ce serait cher payé pour un ballon d'essai.


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