Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, s'est dit «navré», mercredi, de la réaction de l'ambassadeur d'Israël, Alan Baker, à sa participation à une marche pour la paix au Liban, au début du mois.
«C'est navrant, de la part de quelqu'un qui représente Israël, de ne pas tenir compte de l'ensemble des éléments», a déploré M. Duceppe dans un entretien téléphonique.
«On peut être ami d'Israël et critiquer une décision du gouvernement israélien sans devenir un supporter du Hezbollah pour autant», a-t-il ajouté.
La semaine dernière, l'ambassadeur Baker a envoyé une lettre au chef bloquiste dans laquelle il l'accuse d'avoir causé des «torts irréparables» en prenant part à la manifestation, aux côtés du chef du Parti québécois, André Boisclair, du président de la Fédération des travailleurs du Québec, Henri Massé, et du député libéral fédéral Denis Coderre.
«Tout au long de cette crise, j'ai agi dans le plus grand intérêt des populations civiles victimes du conflit, qu'elles soient israéliennes ou libanaises», a assuré Gilles Duceppe dans un communiqué.
«C'est dans ce but que j'ai participé à cette manifestation qui réunissait des Québécois de toutes origines et de toutes confessions, y compris des Juifs», a-t-il poursuivi.
Autre missive
Mercredi, Gilles Duceppe a reçu une nouvelle lettre, cette fois-ci du président du Comité Canada-Israël, Marc Gold. Ce dernier y fait part de sa «profonde inquiétude» à l'égard de la manifestation du 6 août. Les pancartes brandies lors de l'événement «étaient beaucoup plus anti-Israël que pro-paix», écrit-il.
Le président du Comité Canada-Israël rappelle que certains manifestants ont réussi à agiter des drapeaux de la milice armée libanaise Hezbollah, malgré l'interdiction à cet effet.
«Ces débordements (...) ont créé un environnement toxique au Québec, qui nuit au ton et à la qualité du débat démocratique dans notre société», soumet-il.
«Nous croyons également que le mouvement souverainiste doit se distancer de toute tentative de l'instrumentaliser à des fins qui sont aux antipodes des valeurs québécoises», ajoute Marc Gold.
À cela, le chef du Bloc rétorque qu'il ne peut être tenu responsable des «gestes déplacés que certains ont pu poser». «Manifester doit rester un droit démocratique et nous devons pouvoir continuer à l'exercer», dit-il.
Le Comité Canada-Israël déplore en outre que M. Duceppe ait qualifié de «disproportionnée» la réplique militaire israélienne à l'agression du Hezbollah, le mois dernier. Le groupe de pression aurait souhaité que le Bloc fasse un «effort plus soutenu de consultation» avec lui pour définir sa position sur le conflit.
M. Gold précise toutefois qu'il a apprécié la dénonciation par M. Duceppe du terrorisme et de la milice libanaise.
Le chef bloquiste n'a pas l'intention, pour l'instant, de communiquer avec M. Baker.