Le piètre état du chemin de fer de la Rive-Sud effraie des riverains en raison des 3 millions de litres de pétrole qui y circulent chaque jour depuis un mois, non loin d’écoles et de résidences.
«Il y a vraiment de quoi être inquiet», s’alarme le porte-parole d’Alerte Pétrole Rive-Sud, Rémi Tremblay.
Le Journal a constaté à Boucherville que des traverses de bois étaient fendues ou complètement défoncées, ou encore que des clous manquaient dans certains assemblages de rails.
À Sorel-Tracy, le fondateur de la Ligue richeloise contre la tyrannie pétrolière, Gilles Rhéaume, dénonce lui aussi le fait que les rails sont dans un état déplorable.
«Certains rails n’ont plus de clous, ou on peut les enlever avec les mains. C’est vraiment un vieux chemin de fer!» s’exclame le Sorelois.
D’ailleurs, le Canadien National vient d’annoncer des travaux de 9 M$ sur l’ensemble du tronçon, de Saint-Lambert à Sorel-Tracy.
Pire qu’à Lac-Mégantic
Ces travaux seront terminés avant la fin de l’année et consistent notamment à changer 40 000 traverses de bois usées, soit environ une sur trois. Il s’agit aussi de reconstruire deux ponts à Varennes et de remplacer le ballast, le lit de cailloux sur lequel repose le chemin de fer.
«Trop peu, trop tard», commente le citoyen Gilles Rhéaume.
Rémi Tremblay renchérit: «Ce sont des travaux majeurs. Donc, à mon avis, il y a des problèmes majeurs sur les rails. Pourtant, les convois circulent comme si de rien n’était», peste ce résident de Boucherville, qui craint une catastrophe ferroviaire pire qu’à Lac-Mégantic.
Car à Boucherville, les convois de pétrole passent à proximité de six écoles primaires, d’un CHSLD, de deux résidences pour aînés et de dizaines d’habitations.
Mais en plus, un pipeline longe une partie de la voie ferrée sous terre. «S’il y a une catastrophe, ce sera bien plus que 50 morts», redoute-t-il.
Le porte-parole du CN, Louis-Antoine Paquin, assure que «le tronçon est inspecté deux fois par semaine.»
«Mais qu’est-ce qu’ils inspectent?» se demande le citoyen Rémi Tremblay à quelques mètres des rails ravagés. «Le CN qui contrôle ses propres rails, ça ne marche pas. Il faut une agence indépendante.»
Le CN se veut rassurant et souligne que les travaux annoncés ne découlent pas d’un problème de sécurité, mais de l’entretien habituel. «La voie est sécuritaire et est à même d’accueillir le trafic», assure M. Paquin. Le trafic ferroviaire ne sera ni suspendu ni ralenti pendant les travaux.
Le CN investit régulièrement dans des travaux de renouvellement de ses chemins de fer, indique le porte-parole. «Mais l’augmentation du trafic sur la Rive-Sud fait qu’on a investi davantage. Ce sont des travaux majeurs, mais pas exceptionnels.»
Pas de quoi calmer les inquiétudes d’Alerte Pétrole Rive-Sud. «Ça ne nous rassure pas du tout, lance Rémi Tremblay. Il y a deux mois, on nous a déjà dit que les voies étaient parfaitement sécuritaires.»
Contournement ?
Plusieurs élus de la Rive-Sud ne sont pas rassurés non plus.
«On fait du colmatage. Le problème, c’est que ces voies ferrées n’étaient pas prévues pour accueillir ce type de convoi, aussi lourd et aussi long», estime le maire de Saint-Bruno-de-Montarville, Martin Murray.
En entrevue dans l’hebdo La Seigneurie, le maire de Boucherville, Jean Martel, a demandé au CN d’envisager de déplacer la voie ferrée plus près de l’A30, afin que les convois de pétrole lourd contournent les villes. L’option est appuyée par Martin Murray.
Interrogé par Le Journal, le CN a refusé de commenter la question du contournement.
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