Messieurs, chers amis, compagnons de lutte en voie de déconstruction, pour vos résolutions pour l’année nouvelle, optez pour un choix tendance, inclusif et égalitaire. Bannir le sucré, le salé, faire du sport, écouter les interventions de Macron sur TikTok, c’est bien, mais ce n’est pas assez. Après le « wokisme », la cancel culture, la nouvelle tendance qui nous vient des USA, c’est la vasectomie. Pas n’importe laquelle : la vasectomie « par amour », comme rapporté par le Washington Post du 26 décembre dernier. La vasectomie comme posture idéologique, acte politique.
Dans le fond, il ne s’agit pas uniquement du corollaire à la ligature tubaire réalisée chez les humains s’identifiant femme. Des hommes déconstruits à travers les États-Unis se livrent à des procédures « d’amour » envers leurs partenaires en acceptant de subir une vasectomie, non pas par solidarité contraceptive, mais pour signifier leurs références féministes en guise de protestation contre une loi controversée du Texas sur l’avortement. La Cour suprême doit statuer sur une affaire qui devrait décider de l’avenir de la loi Roe v. Wade qui dépénalise l’avortement. En conséquence, plus de vingt États sont sur le point d’interdire ou d’imposer des restrictions à l’IVG. Ce « droit » étant menacé, des hommes se portent donc volontaires pour soutenir leurs partenaires stigmatisées par des lois des plus en plus restrictives.
« Contre l’avortement ? Faites une vasectomie », lancent certaines publicités. Des remises sont même offertes lors de la « Journée mondiale de la vasectomie ». Le but de cette campagne est également de combattre un sexisme inégalitaire ; depuis Adam et Eve, les femmes subissent exclusivement le fardeau de la grossesse, endommagent leur corps, leur santé et risquent parfois leur vie. Après la charge mentale, la précarité menstruelle, voici la charge reproductive ; encore pire que le patriarcat, le sexisme immanent de Mère Nature. La procédure n’est évidemment pas proposée en remplacement au « droit à l’avortement ». Cette campagne se veut donc un appel à la responsabilisation. Si les hommes ne supportent pas le fardeau de la grossesse et de l’avortement, ils sont donc beaucoup moins incités à prendre l’initiative de la prévenir.
En soi, si cet « acte d’amour et d’héroïsme mineur », ce « moyen ultime d’être un homme bon » peuvent sauver des vies embryonnaires, pourquoi pas ? Mais certains vont même encore plus loin. Le représentant de l’État de Pennsylvanie a présenté une loi « parodique » qui exigerait que les hommes subissent une vasectomie après la naissance de leur troisième enfant ou à l’âge de 40 ans. Les mâles qui y contreviendront peuvent être signalés pour une récompense de 10.000 dollars. « Tant que les législatures des États continueront de restreindre les droits reproductifs des femmes cis, des hommes trans et des personnes non binaires, il devrait y avoir des lois qui traitent de la responsabilité des hommes qui les fécondent. » Le projet de loi codifiera également la « conception erronée », lorsqu’une personne a fait preuve de négligence pour empêcher la conception pendant les rapports sexuels.
Plus sérieusement, la féministe Jane Lynam propose la vasectomie dès la puberté, quitte à l’inverser lorsqu’il y a désir de grossesse au sein du couple. « Bien sûr, les vasectomies ne sont pas toujours réversibles, mais on peut espérer », rassure-t-elle. Lynam propose même d’identifier le vasectomisé sur les documents officiels, une sorte de QR code, « V comme vasectomie mais aussi V pour la victoire sur les grossesses non désirées ».
Des propositions actuellement au stade embryonnaire, certes, de la science-fiction sociétale. Mais réfléchissez-y, 1984, de George Orwell, était censé n’être qu’une dystopie, à l’instar, par exemple, d’une interdiction de boire son café debout au bistrot. Que dire, hormis que le progressisme a toujours été pavé de bonnes intentions ?