Comme je le craignais dans un article précédent, les États-Unis sont incapables de remettre en cause leur système de fonctionnement, et face à la réaction russe, au lieu de s'asseoir et de réfléchir cinq minutes aux conséquences, les néo-conservateurs ont bien sûr décidé de jouer dans la surenchère, à l'échelle globale comme à l'échelle locale.
Alors que la coalition menée par les États-Unis et les groupes terroristes soutenus par ces derniers (les soi-disant rebelles modérés) font désormais face à une défaite évidente en Syrie, grâce à l'intervention de la Russie, certains s'étaient réjouis de l'arrêt du soutien de ces groupes terroristes par la CIA. Un peut trop vite semble-t-il, puisque ces optimistes ont oublié que la CIA n'est pas la seule administration américaine à soutenir certains de ces groupes, le Pentagone aussi. Or le programme du Pentagone n'a pas été arrêté, lui.
Et ce programme du Pentagone prévoit d'utiliser les Kurdes (et de les armer) pour faire exploser la Syrie en plusieurs petits états. Pour balkaniser la Syrie. Ce faisant les États-Unis vont renforcer la défiance de la Turquie a leur égard, car Ankara considère ces groupes Kurdes comme des organisations terroristes. Ce qui risque de pousser encore plus la Turquie dans les bras de la Russie.
Pendant ce temps-là, en Asie, la Chine et l'Inde sont au bord d'un conflit dans l'Himalaya, au risque de faire voler en éclat la plate-forme des BRICS et l'OCS, et les États-Unis menacent de plus en plus ouvertement la Corée du Nord. La dernière déclaration américaine annonce même que le président Trump serait prêt à une intervention militaire pour régler le problème nord-coréen. De quoi donner des insomnies à ceux qui craignent l'éclatement d'un conflit en Asie.
En Europe, l'Allemagne persiste et signe dans sa volonté de contrecarrer les dernières sanctions américaines contre la Russie. Après avoir dénoncé l'illégalité de ces sanctions dont la portée serait extra-territoriale, l'Allemagne appelle carrément à prendre des mesures de rétorsion. Ou comment à force de taper sur son chien, les États-Unis risquent bien de se faire mordre la main par ce dernier, jusque là si obéissant. Ou de voir l'UE se disloquer plus vite que prévu, lorsque chacun tirera la couverture à lui pour essayer de s'en sortir.
Le genre de situation à laquelle on assiste en Ukraine. Après avoir privé Saakachvili de sa nationalité ukrainienne, Porochenko règle ses comptes avec Avakov, le ministre de l'Intérieur ukrainien. Résultat plusieurs fonctionnaires du ministère de l'Intérieur ont été arrêtés, et certains sont déjà mis en accusation.
Sentant qu'il est sur un siège éjectable, Avakov doit venir visiter ses unités de la Garde Nationale présentes dans la zone de l'OAT le 5 août. D'après certaines sources au sein du quartier général de la Garde Nationale ukrainienne, Avakov prévoit de donner l'ordre à cette dernière de se rendre à Kiev très rapidement pour mener un coup d'état si jamais il était limogé par Porochenko.
Dans cette ambiance ante-Maïdan 3.0, un certain nombre d'unités néo-nazies qui s'étaient retirées du front y ont été renvoyées (entre autre Secteur Droit), pour les empêcher de remonter vers Kiev et multiplier les provocations. Le but étant d'occuper les néo-nazis et la population ukrainienne du même coup en ranimant la guerre dans le Donbass.
Et ce alors que la hausse désormais continue des bombardements quotidiens a déjà fait sept morts et neuf blessés la semaine passée en République Populaire de Donetsk (RPD). Depuis le début de l'année, le décompte macabre en est désormais à 189 morts et 451 blessés en RPD, auxquels il faut rajouter deux soldats de la RPD morts ces dernières 24 h suite à l'arrivée de nouveaux snipers ukrainiens. Ces quatre derniers jours le nombre de violations du cessez-le-feu par l'armée ukrainienne ne passe plus en dessous des 54 par jour.
À Lougansk, c'est de nouveau par des méthodes terroristes que Kiev a décidé de provoquer. Cette fois c'est le monument dédié à ceux qui sont morts en défendant la République Populaire de Lougansk (RPL) qui a été visé par une bombe, qui a explosé à deux heures du matin, heureusement sans faire de victimes. Le monument par contre est presque totalement détruit.
Mais pour Washington, le bilan ne semble pas suffisant, puisque les faucons du Pentagone ont décidé de remettre le couvert avec l'idée lumineuse de fournir des armes létales (soi-disant défensives) à l'armée ukrainienne. Au vu de l'hystérie russophobe qui règne de Washington à Kiev, la Russie a émis un avertissement concernant cette potentielle livraison d'armes aux Forces Armées Ukrainiennes.
« Nous croyons que toutes les parties, en particulier les pays qui revendiquent un rôle dans le règlement de la situation, doivent éviter de s'engager dans des actions susceptibles de provoquer une augmentation des tensions dans une région aussi difficile », a déclaré le porte-parole du Président russe, Dmitri Peskov.
Parallèlement au retour de ce vieux serpent de mer qui hante les relations russo-américaines depuis trois ans, Kiev envoie de plus en plus d'armement lourd près de la ligne de front. Montrant ainsi que sa volonté de réintégrer le Donbass est tout sauf pacifique. Cette nouvelle hausse des tensions est comme souvent, liée à l'agenda international, alors qu'une nouvelle réunion doit avoir lieu à Minsk demain, le 2 août.
La reprise du conflit serait un bon moyen pour Kiev de maintenir de force sur le front les presque 1 200 soldats qui ont demandé à quitter l'armée, et surtout de cacher à la population l'étendue du désastre dans le pays. Car avec un niveau de dette qui atteint cette année 80 % du PIB de l'Ukraine, la liquidation de bon nombre d'entreprises publiques, et l'effondrement de l'industrie, même les journalistes ukrainiens tirent la sonnette d'alarme et disent ouvertement que l'économie du pays fonce droit dans le gouffre.
Ces journalistes en viennent même à dire que la seule chose qui sauve l'Ukraine (et son seul espoir) ce sont ses habitants qui émigrent à l'étranger et envoient de l'argent au pays pour aider leur famille. Des sommes d'argent non négligeables puisqu'elles représentent 20 % des revenus annuels de l'état et 7 % du PIB !!! Une partie non négligeable du PIB de l'Ukraine est obtenue grâce au fait que le pays est un enfer dont ses habitants veulent à tout prix se sauver.
Pour sortir le pays de l'impasse il faudrait lancer un véritable plan de redressement économique, mais les autorités ukrainiennes actuelles en sont incapables, et préfèrent offrir des cancans politiques en pâture à la population pour la distraire, ou lancer une véritable traque à toutes les voix discordantes.
En effet, dans la droite ligne de l'idéologie nazie à laquelle beaucoup de politiciens ukrainiens actuels se réfèrent, le projet Mirotvorets (ce site internet qui liste les « séparatistes » en Ukraine, même les journalistes et les enfants de 10 ans) va être étendu grâce à un logiciel de reconnaissance faciale, afin de faciliter la traque (et l'élimination) de toute personne qui ne pense pas comme il faut en Ukraine.
Des auteurs et journalistes comme Oles Bouzina ont déjà payé de leur vie leurs tentatives de dire la vérité sur ce qui se passe en Ukraine. Cette fois, les néo-nazis ukrainiens passent à la vitesse supérieure, en industrialisant littéralement cette chasse aux dissidents. Si ce procédé vous rappelle certains événements historiques ayant eu lieu en Allemagne dans les années 30, le côté technologique en moins, ce n'est pas une coïncidence fortuite.
Et alors que les conséquences du Maïdan 2.0 en Ukraine n'ont pas fini d'enflammer le continent européen, les États-Unis rejouent la même partition au Venezuela, à coup de manifestations violentes d'une « opposition » qui ressemblent fort à celles que l'on a vues sur la place de l'Indépendance à Kiev. Le tout avec le soutien même pas caché de la CIA.
Essayant contrer la course des événements, le président Maduro a lancé la création d'une assemblée constituante. Le vote qui a permis sa mise sur pied, a bien sûr été boycotté dans la violence par la soi-disant opposition, qui ne veut qu'une chose, comme à Kiev en 2013-2014 : provoquer un coup d'état et prendre le pouvoir par la force. D'ailleurs, suite à ce vote qui a été une réussite pour le parti de Maduro, bien sûr, les États-Unis et plusieurs pays de l'UE l'ont déclaré illégitime, et Washington a adopté des sanctions contre le président Maduro. Là encore, la Russie a joué le rôle de la voix de la raison, en appelant chacun de ces pays à cessez de jeter de l'huile sur le feu.
Les États-Unis sont en pleine chute libre. Ils sont en train de perdre leur position hégémonique. Et plutôt que de l'admettre, et d'opter pour une politique pragmatique, ils ont décidé d'entraîner tout le monde par le fond avec eux. Après eux le déluge ! Et tant pis si tout le monde y passe avec eux.
Il est temps que les peuples européens se réveillent et se révoltent contre cette course folle des événements, avant qu'il ne soit trop tard. Avant que les vivants ne finissent par envier les morts.
Christelle Néant
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