Nous sommes encore en lune de miel avec le gouvernement caquiste. Le docteur Legault, par ses déclarations à la fois posées et fermes, réussit à « déstresser » la majorité francophone encore perturbée par les tensions que leur a fait subir le docteur Couillard avec son multiculturalisme baroque de surdoué.
Le premier ministre rejette clairement les accommodements exigés par des catholiques qui souhaiteraient retirer leurs enfants des cours obligatoires de sexualité à l’école. Cela devrait aller de soi que François Legault estime qu’il doit en être ainsi pour toutes les demandes d’exemption venues par exemple des juifs orthodoxes et des religieux musulmans.
Le premier ministre a aussi défendu cette semaine l’application de la loi 101 à l’hôpital de Lachute où l’affichage est bilingue. Depuis trois ans, l’hôpital résistait aux demandes de l’Office québécois de la langue française de se conformer à la loi. Cet hôpital n’a pas un statut bilingue, mais les anglophones qui représentent 17 % de la population de la région d’Argenteuil peuvent recevoir sans problème des services en anglais.
Ce cas illustre les soins qu’apporte le Dr Legault pour revaloriser la loi 101, mise en quelque sorte sous le boisseau durant le séjour du Dr Couillard à la tête du Québec. Rappelons pour mémoire son discours exclusivement en anglais lors d’une visite officielle en Islande.
Thérapeutique
La période politique que nous traversons demeure inquiétante et imprévisible. Que le premier ministre du Québec ne soit ni abrasif ni démagogue, qu’il impose sa manière pragmatique d’aborder les problèmes, qu’il soit moins charismatique que modeste tout en manifestant une attention quasi paternelle à son peuple, cela nous permet de reprendre collectivement notre souffle. Lâchons le mot : le climat est thérapeutique.
Dommage que l’opposition officielle ne semble guère consciente de ce phénomène. Sur les réseaux sociaux, les députés libéraux attaquent le gouvernement Legault en usant d’arguments qui justement leur ont fait perdre non seulement le pouvoir, mais une crédibilité historique. Comment expliquer cela sinon par un déracinement des valeurs libérales traditionnelles du PLQ, lesquelles n’ont jamais exclu la dimension nationaliste.
Syndrome électoraliste
Les libéraux souffrent du syndrome électoraliste. Ils se parlent entre eux et à leur clientèle avant tout anglophone et allophone. Est-ce à dire que l’envie du pouvoir a pris le pas sur les intérêts supérieurs du Québec ? Poser la question, c’est déjà y répondre.
Quant au PQ, ses membres demeurent en état de catalepsie. Que peuvent-ils reprocher à François Legault à part le fait qu’il ait compris l’impasse dans laquelle se trouve l’option souverainiste ? Quel avenir ont-ils en 2019 ?
Quant à Québec solidaire, n’est-ce pas le parti qui irrite une proportion importante de Québécois ? QS annonce des lendemains qui chantent, radotant ainsi les hymnes internationalistes de l’utopie communiste enrobée dans une québécitude juvénile folklorique. Dans cette perspective, c’est un parti accablé par une maladie chronique idéologiquement insoluble dans la réalité politique.
Le Dr Legault a décidément le champ libre par le temps qui court.