Dans nombre de grandes villes américaines, les Blancs sont désormais en minorité. Selon des projections démographiques, les Blancs seront en 2050 une « majorité minorité » aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande et au Canada.
C’est le constat brutal que fait Eric Kaufmann dans son essai Whiteshift paru fin 2018 à Londres, et dont il s’explique dans un entretien passionnant publié cette semaine à Paris dans le magazine Le Point.
Ce professeur de politique parle froidement du sujet le plus controversé de l’heure : l’immigration. Kaufmann, né à Hong Kong, élevé à Vancouver, un quart chinois, un quart latino, avec un père de descendance juive et une mère catholique, sait donc de quoi il parle.
Immigration
Tous ceux qui expliquent la montée du populisme occidental par l’économie font fausse route à ses yeux. L’immigration est la première explication de la révolte des classes défavorisées, celles qui, justement, appuient Trump. D’ailleurs, cela éclaire la politique actuelle du président américain quant aux immigrants.
Eric Kaufmann ne traite pas de racistes tous les Blancs qui se préoccupent de leur identité. « L’identité blanche, déclare-t-il au Point, doit être considérée comme une identité comme les autres et non une fabrication destinée à garder le pouvoir. C’est un ensemble de mythes et de symboles auxquels les Blancs sont attachés ».
La vision de Kaufmann n’a rien d’apocalyptique. Il croit même qu’à l’avenir, la population blanche va favoriser l’essor du métissage des populations. Mais il n’écarte pas les tourmentes sociales de cette transformation de nos sociétés.
Le multiculturalisme de Trudeau ne le séduit guère. L’auteur considère le Canada actuel comme un cas. Car Justin Trudeau incarne une utopie raciale où le métissage sera complet. Kaufmann affirme que le Canada est un des rares pays qui a perdu son identité avec l’effondrement de l’Empire britannique.
Le Canada postnational
Cela explique pourquoi le Canada est devenu un paradis pour les communautés ethnoculturelles et racisées. C’est la raison pour laquelle Justin Trudeau a lancé un jour, les yeux dans l’eau et le cœur battant, la nouvelle appellation du pays. Le Canada est un pays postnational où les citoyens revendiquent des droits individuels, fers de lance d’accommodements religieux, raciaux et sexuels.
Eric Kaufmann note cependant qu’au Québec, la CAQ a été le premier parti à faire campagne ouvertement pour une réduction de l’immigration. L’auteur qualifie la CAQ de parti populiste à cause de ses revendications identitaires. Mais selon sa vision, cette politique ne peut être associée à du racisme.
Ce qui est troublant, c’est que ceux qui dénoncent les Blancs en refusant d’admettre leurs inquiétudes identitaires sont ceux-là mêmes qui affirment leur identité noire ou jaune, qui se qualifient de racisés, d’autres qui proclament leur identité autochtone ou religieuse, mais en faisant toujours référence aux Blancs colonisateurs, esclavagistes, racistes, islamophobes et autres épithètes injurieuses.
La notion d’un camp des bons et des méchants, cette construction indigente et ignorante des cultures et de la nature humaine, est inadéquate pour comprendre la profonde révolution spirituelle, culturelle et politique qui s’annonce.