Dans son édition de lundi, le réseau Global News a révélé la présence au Canada d'un djihadiste d'origine pakistanaise qui n'a jamais été inquiété par les autorités canadiennes même s'il a appartenu à l'État islamique (EI).
L'homme, dont le nom n'a pas été divulgué, est revenu au pays il y a deux ans et a déclaré aux journalistes qu'il avait servi dans la police de l'EI en Syrie. Malgré ce dossier obscur, le « djihadiste téflon » est libre et semble même éprouver du plaisir à narguer le Canada. « Aucun kufr [mécréant] ne peut me toucher », a-t-il déclaré dans un SMS récemment envoyé à un ancien ami qui l'a montré à un journaliste de Global News.
Ce cas n'est pas sans rappeler celui d'Abu Huzaifa al-Kanadi, qui se balade lui aussi en toute liberté sans avoir été accusé. À tel point qu'il a pu accorder une longue entrevue au New York Times, dans laquelle il a raconté ses faits d'armes à titre d'ancien bourreau de l'État islamique. Le journal new-yorkais en a d'ailleurs fait un podcast. Un autre, Ahmad Waseem, a pu rentrer chez lui à Windsor, en Ontario, où il a été hospitalisé pour une blessure par balle avant de retourner auprès des troupes de l'État islamique. Il a finalement été tué sur le champ de bataille.
Le reportage de Global News s'est répercuté jusque dans la Chambre des communes, où les conservateurs ont demandé des comptes au gouvernement Trudeau, comme ils l'ont fait tant de fois au cours de l'année. « Le premier ministre a échoué si lamentablement à protéger nos frontières que des fous génocidaires ne craignent pas de parler à leurs copains de l'incompétence du premier ministre », a déclaré à ce sujet la porte-parole du Parti conservateur en matière d'immigration, Michelle Rempel.
Selon le professeur Amarnath Amarasingam, chercheur dans le domaine du terrorisme, seulement quatre des 19 Canadiens qu'il a pu identifier comme étant des djihadistes de retour au pays ont été inculpés jusqu'à présent. Deux d'entre eux ont été condamnés et deux autres sont en attente de leur procès. Enfin, cinq ont été soumis à l'obligation de garder la paix pendant une certaine période.