L’échec de la négociation sur le régime d’Assurance chômage entre les grandes associations patronales et syndicales françaises n’a pas fait la une des médias québécois, elle nous révèle toutefois un dialogue social qui aboutit trop souvent à l’immobilisme et qui nourrit le populisme ambiant. On comprend mieux ainsi que les « démocratures » aient la cote!
Le régime d’Assurance chômage français cumule des déficits depuis plus de dix ans et sa dette accumulée dépasse les 30 milliards d’euros. C’est dans un tel cadre que le gouvernement Macron en a appelé aux partenaires sociaux pour réformer le régime. Évidemment, il comptait sur un effort des parties pour en réduire les coûts avec une plus grande employabilité du côté patronale et des indemnisations réduites du côté travailleur. Les parties n’ayant pas réussi à s’entendre à l’intérieur du cadre qui était défini par l’État, elles laissent l’odieux au gouvernement de décréter sa réforme en refusant toutes responsabilités.
Patronat, syndicat et gouvernement sortent tous perdants de cette partie de bras de fer dans un pays qui n’arrive pas à respecter les règles européennes en matière budgétaire, malgré les lourdes charges fiscales imposées aux entreprises et aux citoyens. Parallèlement, le mouvement des Gilets jaunes continue de s’activer, malgré un certain essoufflement, en réclamant paradoxalement une baisse de la charge fiscale pour les particuliers et une augmentation des dépenses de l’État pour bonifier leur pouvoir d’achat.
Chacun se renvoie la faute comme si chacun n’était pas partie prenante du marasme dans lequel se retrouve le pays. Le dialogue devient absurde alors que les parties demeurent sur leur quant à soi et comptent sur l’État pour réguler la situation en espérant que la balance penchera de leur bord. À défaut, on a tôt fait d’assister à une montée aux barricades qui, parfois, débouche sur des troubles sociaux ou d’autres fois sur l’exode de capitaux.
L’échec du dialogue social et l’incapacité de l’État à arbitrer les intérêts multiples, aussi désolants qu’ils soient, inquiètent, car ils sont de possibles vecteurs de violence dans un monde où les approches modérées paraissent inefficaces. Ces réalités expliquent probablement la popularité de chefs d’État autoritaires élus sous des apparences démocratiques qui font fi des institutions et s’en prennent aux médias. La démocratie est perçue comme inefficace par leurs partisans alors que le commandement quasi militaire de ces chefs permet d’assurer l’ordre et la paix tout en ménageant les oligarques financiers.
Si le dialogue ne constitue plus une voie pour élaborer des solutions mutuellement satisfaisantes, la raison du plus fort s’imposera sans que nous puissions être assurés que ce serait celle du peuple. Règle générale, cette raison est plutôt le seuil d’entrée de la tyrannie!