(Sept-Îles) Les dommages collatéraux du déversement de 450 000 litres de mazout lourd, survenu il y a plus d'une semaine aux installations de Cliffs Natural Resources - et dont 5000 litres ont atteint la baie de Sept-Îles -, commencent à poindre. Des éleveurs de moules bleues ont découvert une partie de leur équipement noircie par les hydrocarbures, ce que laisse présager le pire pour la récolte, qui devait débuter cette semaine.
Sandra Blais et son conjoint, André Gauthier, exploitent la ferme maricole Purmer depuis bientôt quatre ans. Cette année, le couple devait amorcer la commercialisation de leurs moules, élevées sur l'île Grosse Boule, dans l'archipel de Sept-Îles. Mais la cueillette automnale s'annonce très mal, les Septiliens sont toujours incapables de savoir si le déversement aura un impact ou non sur leur production.
«Dimanche, nous avons vu que des bouées et du cordage étaient salis, relate Mme Blais. Maintenant, on ne sait rien. Est-ce qu'il faut retirer les cordages et les nettoyer? Est-ce que ça se décontamine naturellement? Qu'est-ce qu'on fait avec ça?»
Les producteurs ont recueilli des échantillons de leur élevage pour les transmettre à l'Agence canadienne d'inspection des aliments et à Environnement Canada. «On attend, mais honnêtement, même s'ils nous disent que les moules sont comestibles, est-ce que les Septiliens vont en vouloir?» lance-t-elle. «C'est certain que notre saison est compromise. Ce déversement est catastrophique pour la baie.»
Le ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP) confirme que des algues souillées ont été trouvées sur les berges de l'île Grosse Boule. «Nous n'avons pas eu d'indications comme quoi la ferme Purmer aurait été affectée. Ils ont été mis en communication avec la minière», a expliqué le porte-parole, Frédéric Fournier. «Ce qui a été recueilli sur l'île est de très petite quantité, on parle de moins d'une centaine de kilos.»
Cliffs confirme également que des inspections quotidiennes en hélicoptère sont effectuées dans le secteur où se trouve l'entreprise de Mme Blais.
Environnement
Pour plusieurs environnementalistes, le Ministère minimise les impacts du déversement.
Le porte-parole de la Société pour vaincre la pollution, qui est sorti en mer dimanche, a constaté qu'il y avait plusieurs algues contaminées et des amoncellements de mazout sur les berges des îles. «Il y a visiblement un manque d'expertise», martèle Jacques Gélineau.
«Je pense que les premières 48 heures ont été jouées en amateurs, les méthodes d'intervention n'étaient pas adaptées à la baie. Il y aurait dû avoir des doubles estacades dès le départ», soulève-t-il. Il faut rappeler que des estacades ont cédé mardi, en raison de forts vents.
Nettoyage
Le groupe Non à une marée noire dans le Saint-Laurent déplore pour sa part l'ampleur de l'incident et revendique une fois de plus l'adoption par Québec d'un moratoire sur l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures. L'organisme milite aussi en faveur de la tenue d'un Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) générique sur le sujet.
Lundi les autorités confirmaient qu'un kilomètre de berges, sur les sept touchés, était finalement nettoyé. Les dernières données indiquaient que 138 000 litres d'eau salée et de mazout ont été pompés de la baie. Plus de 1150 tonnes de sols contaminés ont aussi été retirées des berges. Plus de 85 hommes à terre et une soixantaine en mer participaient toujours à l'opération nettoyage, qui doit durer des semaines.
Cliffs Natural Resources, qui mène une enquête interne sur l'origine de l'incident, doit organiser une visite médiatique du site touché aujourd'hui ou demain, au plus tard.
Avec la collaboration de Steeve Paradis
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