Ce n’est plus assez de s’efforcer de comprendre une cause puis de s’engager à la défendre. Pour un bon militant de gauche qui veut se donner une supériorité morale inattaquable, on n’hésite pas maintenant à devenir la cause. Les déguisements de Justin Trudeau reflètent bien son époque.
Nous avons donc appris cette semaine que la conseillère municipale Marie-Josée Parent n’avait pas les racines autochtones qu’elle prétend. Deux chercheurs en généalogie ont chacun de leur côté remonté la généalogie de madame Parent. L’un deux est remonté jusqu’à la Nouvelle-France sans identifier d’ascendant autochtone. L’autre aurait retracé un ancêtre possiblement micmac, mais en remontant 12 générations.
Rien qui ne permette à madame Parent de se réclamer d’un quelconque statut autochtone. Surtout, rien qui puisse autoriser cette dernière à se présenter dans des fonctions politiques et officielles en tant que personne issue des Premières Nations.
Mme Parent ne peut fournir aucune preuve documentaire, mais maintient que dans sa famille, on se convainc de cette appartenance par tradition orale.
La chose a bien fonctionné puisque Mme Parent a œuvré dans divers organismes autochtones et a été présentée au public, dans des communications officielles, comme la première élue autochtone de l’histoire de la Ville de Montréal.
La conseillère de Montréal peut se consoler. Elizabeth Warren a réussi à passer à travers une controverse semblable et elle a des chances de remporter l’investiture démocrate et d’affronter Donald Trump. Toute sa carrière, elle a prétendu avoir des affiliations autochtones. Le tout a fini platement avec un test d’ADN qui ne prouvait rien, sinon peut-être un lointain ancêtre.
Pourquoi ?
Une grande question demeure : pourquoi des gens font-ils de telles prétentions ?
Lorsque quelqu’un gonfle son CV en améliorant ses diplômes, on comprend pourquoi. Les gros diplômes, ça paraît bien. Même chose pour la personne qui grossit son rôle ou gonfle sa position dans une entreprise.
Mais pourquoi s’inventer une appartenance à un groupe ou à une minorité si ce n’est pas vrai ?
Il semble malheureusement que notre conception du militantisme est détraquée. Au point où, dans certains cercles de gauche plus fanatiques, il vaut mieux appartenir à une minorité. Simplement soutenir la cause ne suffit plus.
La gauche en 2019
Les Blancs nés ici, issus de la classe moyenne, hétérosexuels et ne souffrant pas de handicap ne peuvent pas être du côté des militants. Ils sont au banc des accusés, ou minimalement des suspects.
Une vision absurde et stérile pour l’avancement des causes.
Dans le cas qui nous occupe, ce ne sont pas les représentants des Premières Nations qui souhaitent voir des gens s’identifier à eux. Au contraire, on y voit de l’opportunisme.
Dans la controverse, la réaction de la mairesse fut de lui retirer le dossier de la réconciliation avec les Autochtones. Incompréhensible.
Si on croit à sa bonne foi, on lui laisse ce dossier qui semble lui tenir sincèrement à cœur. Si on croit qu’elle a menti sur son identité, comment rester peut-être même conseillère municipale ?