La Grèce a les ressources naturelles pour devenir le premier producteur d’or européen. Ce qui excite les convoitises de sociétés étrangères.
498 kilos d’or. Telle était la production annuelle en Grèce en 2011. L’an prochain, ce chiffre pourrait théoriquement dépasser les 13 tonnes – soit 26 fois plus –, plaçant ainsi le pays au premier rang des producteurs européens, devant la Finlande, actuel 40e au rang mondial.
Car le sous-sol de la Grèce est riche : le pays est déjà le premier en Europe pour la bauxite, minerai qui entre dans la fabrication de l’aluminium, et de perlite, sable siliceux utilisé en agriculture et en horticulture.
250 tonnes d'or rien qu'en Chalcidique
Dans un pays où le taux de chômage frôle les 26% - il a pratiquement triplé depuis le début de la crise économique en 2008 -, et qui aligne six années consécutives de récession économique, ces ressources naturelles sont une bonne nouvelle. Du moins en théorie.
Les importantes réserves d’or présent dans le sous-sol grec – certains experts parlent de plus de 250 tonnes rien qued dans la péninsule de Chalcidique (nord) - risquent en effet de profiter à des compagnies étrangères, notamment en Thrace (extrême nord-est du pays) et en Chalcidique, justement.
Car, entre la politique clientéliste menée avant la crise, et les problèmes que connaît la Grèce depuis 2008, les mines et les sociétés pouvant les exploiter ont été délaissées ou arrêtées. Ainsi, en Chalcidique, la compagnie Goldfield European a attendu cinq ans un permis d'exploitation, bloqué pour des raisons bureaucratiques. Du coup, sa valeur en bourse s’est effondrée, la transformant en proie pour d’autres sociétés minières. Et c’est Eldorado Gold, grosse compagnie minière canadienne déjà active en Roumanie, Turquie, Chine et Brésil, qui a emporté la mise pour 2,4 milliards de dollars.
« Ce pays est resté inexploré »
« La Grèce a un potentiel minier pour devenir un pays producteur majeur, se réjouit Jeremy Wrathall, patron de la société minière australienne Glory Resources, qui, elle, a racheté des mines en Thrace. Ce pays est resté inexploré et les techniques modernes de prospection n'ont jamais encore été utilisées ici ».
Selon Glory Resources, 200 emplois directs et 600 emplois indirects pourrait être créés pour son seul projet, sans compter les recettes générées pour l'Etat grec sous forme de taxes. Quant à Eldorado Gold, son effectif actuel de 800 personnes serait porté à 1 500 personnes (le secteur minier grec emploie un peu plus de 10 000 personnes).
Reste que l’extension et l’exploitation de ces mines d’or inquiètent les habitants des régions concernées. Dans la péninsule de Chalcidique, région très touristique, malgré un taux de chômage qui frise les 40 %, nombre de villages opposent une forte résistance, craignant une catastrophe sanitaire et écologique.
Selon le quotidien Die Zeit, en effet, « l'exploitation minière a apporté du travail aux gens d'ici, mais aussi des problèmes. Car les anciens exploitants n'ont eu que peu d'égards pour la nature. Les eaux industrielles ne cessaient de polluer la mer. Les entreprises utilisaient du cyanure toxique et des métaux lourds. Une gigantesque décharge constituée de résidus contaminés se dresse encore aujourd'hui dans les environs.»
Ce qui n’a pas suffi à arrêter le précédent gouvernement grec de Giorgios Papandreou, appâté par cette manne aurifère. L’ex-Premier ministre avait ainsi soutenu le projet de Skouries, une mine d'or à l'abandon située dans les environs du village de pêcheurs d'Aristoteles. Celle-ci devrait être exploitée par une filiale de la multinationale Eldorado Gold, et être agrandie de 80 à 700 mètres de diamètre.
« Des privilèges scandaleux »
Les habitants de la région qui s'opposent à la réouverture de la mine peuvent compter sur un allié de taille : Alexis Tsipras, qui, pendant la campagne présidentielle, s'est rendu plusieurs fois sur place pour soutenir les écologistes.
Dans son programme, Syriza, le parti de Tsipras, promettait de supprimer « les lois qui accordent des privilèges scandaleux à de grandes entreprises locales ou multinationales dans le domaine de l'exploitation minière ». Les ventes de plusieurs mines semblent de plus avoir été réalisée dans des conditions douteuses, celle de Skouries mouillant notamment quelques personnalités politiques.
Aujourd'hui, Syriza veut tenir ses promesses. Ainsi, selon Die Zeit, « le gouvernement a retiré depuis une série d'autorisations au projet, ou ne les a pas accordées. Mais il n'a tout de même pas totalement stoppé le projet. Pas encore. »
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